Michèle Audette est honorée par l’Université de Montréal

De gauche à droite: le recteur de l'UdeM, Guy Breton, Michèle Audette, le chancelier, Louis Roquet, et le secrétaire général de l'Université, Alexandre Chabot.

De gauche à droite: le recteur de l'UdeM, Guy Breton, Michèle Audette, le chancelier, Louis Roquet, et le secrétaire général de l'Université, Alexandre Chabot.

Crédit : Benjamin Seropian.

En 5 secondes

L’Université de Montréal a conféré mardi un doctorat honorifique à Michèle Audette en reconnaissance de son engagement social, notamment dans la cause des femmes autochtones.

Militante infatigable, Michèle Audette se consacre depuis des années à la lutte contre les discriminations envers les femmes autochtones. C’est à la collation des grades de la Faculté des arts et des sciences, tenue hier en soirée, que le recteur de l’UdeM, Guy Breton, a remis à Mme Audette la plus haute distinction décernée par l’établissement.

«On ne peut bâtir un avenir commun en excluant certaines personnes. C’est le message que porte haut et fort Michèle Audette, a souligné le recteur. Cette femme déterminée nous a ouvert les yeux sur un drame national qui se produisait chez nous, au Canada. Madame Audette, votre engagement résolu à construire un monde plus égalitaire fait de vous un modèle pour tous les diplômés, actuels et futurs, de notre université.» 

M. Breton a ensuite lancé ce message aux étudiants rassemblés pour recevoir leur diplôme: «Chères et chers diplômés, inspirez-vous de notre docteure honoris causa. N’acceptez pas le monde tel qu’il est, mais améliorez-le, modelez-le à votre image.»

Louis Roquet, chancelier de l’Université, a pour sa part fait l’éloge du travail de réconciliation de la militante: «Vous avez fait de votre double origine, québécoise et innue, une force au service de la réconciliation de deux peuples. Et vous avez fait de votre histoire personnelle − une histoire marquée par l’injustice − le moteur d’une action réparatrice pour des centaines, voire des milliers d’autres femmes. Les causes que vous défendez, madame Audette, résonnent particulièrement à l’intérieur des murs de cette université. Nous croyons fermement que, en tant que maison d’enseignement et de recherche, nous pouvons contribuer à accroître la présence des autochtones dans la société.» 

Mme Audette a eu droit à une ovation soutenue et, visiblement émue, elle s’est adressée aux étudiants en ces mots: «Je me permets de vous dire que vous détenez un très grand pouvoir et, aussi, une très grande responsabilité. Vous savez que ce pouvoir et cette responsabilité, c’est la justice sociale. Et ce pouvoir, vous l’avez à vous seuls. Nous n’avons pas besoin d’attendre les gouvernements pour changer les choses. Vous l’avez et vous devez l’utiliser. Je le fais quotidiennement. Ce pouvoir et cette responsabilité changent des lois, changent la démocratie. J’espère que vous vous souviendrez de ces paroles.»

Née d'un père québécois et d'une mère issue de la communauté innue, Michèle Audette s’est très tôt engagée dans les milieux associatifs, où sa détermination l’a rapidement fait connaître. À l’âge de 27 ans, elle devient présidente de l’organisme Femmes autochtones du Québec. Membre du Conseil du statut de la femme, elle est nommée sous-ministre au Secrétariat à la condition féminine en 2004, poste qu’elle occupe jusqu’en 2009. Durant ce mandat, elle travaille à la mise en place d’une politique pour contrer la violence envers les femmes, notamment en proposant des mesures pour les femmes autochtones.

Après un retour à la tête de Femmes autochtones du Québec, elle est élue présidente de l’Association des femmes autochtones du Canada, où elle demeurera pendant plus de deux ans. Elle joindra aussi sa voix à celle de mouvements comme Idle No More et réunira une vaste documentation sur les cas de femmes autochtones disparues et assassinées.

Invitée en 2015 par l’École nationale d’administration publique à participer à la création d’un programme de deuxième cycle en administration publique autochtone, elle est nommée l’année suivante parmi les cinq commissaires de l'Office des Affaires autochtones et du Nord Canada chargés de mener l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Elle assume toujours ces fonctions.

Michèle Audette est titulaire d’un certificat en arts visuels de l’Université du Québec à Montréal (1996). Elle a reçu plusieurs prix et distinctions, dont la Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II, décernée par le gouverneur général en 2012.

Relations avec les médias