Une spécialiste de la diction lyrique italienne remporte un prix d’enseignement
- Forum
Le 5 septembre 2018
- Mathieu-Robert Sauvé
Zoey Cochran remporte le prix d’excellence en enseignement 2018 dans la catégorie des chargés de cours.
Pour Zoey Cochran, le prix d’excellence en enseignement qu’elle vient de remporter dans la catégorie des chargés de cours revêt un caractère particulier. «L’enseignement occupe une grande partie de ma vie. Pour moi, c’est un échange qui nourrit ma vision humaniste de l’existence», dit-elle à quelques jours de la rentrée 2018, alors qu’elle assurera les cours de diction lyrique italienne offerts aux étudiants en chant classique de la Faculté de musique de l’Université de Montréal.
Possédant une double formation en musicologie et en chant, Mme Cochran s’est inspirée de l’approche pédagogique de Tsunesaburo Makiguchi (1871-1944), qui a intégré dès le 20e siècle une approche bouddhiste prônant le potentiel illimité de chacun pour valoriser l’apprentissage actif. Elle se réjouit de voir ses étudiants, qui ne connaissent rien de l’italien en début de trimestre, maîtriser une partie de sa sonorité, sinon du sens des textes lyriques trois mois plus tard. Dans cette langue, la signification des textes poétiques qu’on trouve le plus souvent à l’opéra est parfois aussi primordiale que leur «musique» elle-même. D’où l’importance de bien prononcer les mots.
Mme Cochran se rend disponible entre les cours pour discuter avec ses étudiants qui en ressentent le besoin. «Puisque mon objectif est de fournir des clés à chacun, je tiens compte du fait que pour certains cela peut prendre plus de temps que pour d’autres. Lorsqu’ils font des efforts, ils y arrivent tous, et les voir progresser est un immense cadeau pour moi», explique-t-elle dans le document soumis au jury des prix d’excellence.
En plus des cours sur la langue italienne, la lauréate a donné le cours d’histoire de l’opéra. Il ne s’agissait pas d’un cours magistral. Son but était d’«offrir aux étudiants les outils leur permettant d’analyser et d’aborder tout opéra». Ils ont été plongés dans les «conventions opératiques propres aux différents genres et époques afin de découvir comment les compositeurs et librettistes rompaient ou respectaient ces conventions pour pouvoir ensuite en tirer des interprétations originales et éclairées». Chaque étudiant devait regarder un opéra par semaine pour reconnaître les conventions du genre. Un échange en classe suivait.
Dans sa lettre d’appui à la candidature de Zoey Cochran, la doyenne de la Faculté de musique Isabelle Panneton souligne que «cette jeune enseignante s’est rapidement imposée auprès du secteur chant par son dynamisme, sa créativité et sa compréhension des enjeux liés à l’enseignement de la diction lyrique». La doyenne précise que l’enseignement de cette discipline représente un défi considérable en raison des contraintes liées à la diction et à la compréhension des éléments de base de la langue. La transmission claire du texte et des intentions narratives repose sur des habiletés qui diffèrent grandement de celles de la voix parlée. «La personne qui donne un tel cours doit donc non seulement maîtriser la langue italienne, mais elle doit aussi être une musicienne qui connaît à fond le répertoire opératique. Mme Cochran est l’une des rares personnes au Québec à réunir les compétences nécessaires alors qu’elle parle couramment l’italien et qu’elle est titulaire d’un diplôme de baccalauréat en interprétation chant et d’un doctorat en musicologie.»