Éducation: pénurie d’enseignants et lutte contre le décrochage au menu

Pascale Lefrançois, professeure et doyenne de la Faculté des sciences de l'éducation de l'Université de Montréal.

Pascale Lefrançois, professeure et doyenne de la Faculté des sciences de l'éducation de l'Université de Montréal.

Crédit : Amélie Philibert

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Le système d’éducation québécois fait face à de nombreux défis, mais la pénurie d’enseignants et la lutte contre le décrochage scolaire doivent revenir au centre des priorités, dit Pascale Lefrançois.

Par Pascale Lefrançois, professeure et doyenne de la Faculté des sciences de l'éducation

Au lendemain des élections québécoises, que pourraient faire nos nouveaux élus pour l’éducation? Nous centrerons notre propos sur deux importants dossiers qui, selon nous, seraient susceptibles d’avoir des effets systémiques significatifs.

Pénurie d’enseignants

Devant les pénuries d’enseignants qualifiés que vit actuellement le milieu scolaire, particulièrement dans la région montréalaise, la valorisation de la profession enseignante apparaît comme une priorité urgente afin d’attirer plus de candidats compétents dans la profession et de les y retenir. Pour ce faire, voici quatre pistes d’action possibles.

Une amélioration de la structure salariale des enseignants constituerait un bon point de départ pour signifier autrement que par des discours l’importance que la société accorde à ceux et celles qui ont la responsabilité d’instruire et de socialiser ses enfants; mais cela ne saurait suffire. Il faut, dans les modalités d’attribution des tâches au personnel scolaire, trouver des moyens pour réduire le taux de roulement des enseignants devant chaque groupe d’élèves afin d’instaurer une stabilité pédagogique propice à la réussite.

Il faut soutenir les enseignants en insertion professionnelle pour réduire leur abandon du métier, notamment par des programmes de mentorat et par de réelles pratiques de collaboration. Il faut enfin mettre en place une structure de formation continue qui soit à la fois flexible, incontournable et véritablement porteuse d’amélioration des pratiques enseignantes.

Analphabétisme et décrochage scolaire

Selon des données récentes fournies par la Fondation pour l’alphabétisation, une personne sur cinq au Québec aurait de grandes difficultés à lire et à utiliser l’écrit; par ailleurs, si le taux de décrochage au secondaire dans le réseau public a diminué au cours des dernières années, particulièrement chez les garçons, on peut déplorer qu’il avoisine les 18 %.

Ainsi, la seconde priorité consiste à agir en amont pour lutter, entre autres, contre l’analphabétisme et le décrochage en révisant la prise en charge des élèves qui éprouvent des difficultés scolaires. Trois pistes de solution pourraient être adoptées: une meilleure formation des enseignants en matière de différenciation pédagogique; une collaboration plus efficiente entre les différents professionnels qui interviennent auprès des élèves à risque; un appui plus marqué au réseau d’éducation des adultes.

Les politiciens ont certes un rôle à jouer pour donner au système d’éducation les orientations dont il a besoin. Mais ils doivent surtout assumer leur rôle de rassembleurs des différents acteurs du milieu (commissions scolaires, syndicats d’enseignants, universités, etc.), sans qui aucun changement réel ne sera possible.

Voir la page de Pascale Lefrançois.

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