La réforme du mode de scrutin et les élections québécoises de 2018

Jean-François Daoust, chargé de cours au Département de science politique de l'Université de Montréal.

Jean-François Daoust, chargé de cours au Département de science politique de l'Université de Montréal.

Crédit : Alexandre Sheldon

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Comment une réforme du mode de scrutin peut-elle prendre forme et quelles en seraient les conséquences? Jean-François Daoust fournit quelques réponses issues de deux études qu’il a menées.

Par Jean-François Daoust, titulaire d’un doctorat en science politique et chargé de cours au Département de science politique.

Tous les partis d’opposition de l’Assemblée nationale sont en faveur d’une réforme du mode de scrutin. Mais concrètement, comment cet enjeu d’apparence complexe pourrait-il prendre forme?

Trop compliqué, un système proportionnel mixte?

Un argument contre une réforme établissant le système proportionnel mixte consiste à dire qu’elle serait trop compliquée. D’une part, dans sa mise en place par les gouvernants et, d’autre part, pour les citoyens lorsque viendrait le temps de voter. 

Si l’on adopte une représentation proportionnelle mixte avec 75 députés de circonscription et 50 de liste (pour le même total de 125 députés), son implantation pourrait être très simple, puisque le gouvernement fédéral, par le biais d’Élections Canada, a déjà fait une bonne partie du travail. En se basant sur les 78 circonscriptions fédérales, il suffit d’en retrancher 3 plutôt que de partir à zéro.

Quelles conséquences sur le choix électoral des Québécois?

Les électeurs auraient un vote de circonscription et un vote de liste.

Premièrement, cela permet aux électeurs qui ont une préférence pour un candidat d’un parti autre que leur parti favori de voter pour ce candidat (à l’échelle de la circonscription) et pour leur parti préféré (par leur vote de liste). Nul besoin de trancher.

Deuxièmement, si la liste est «ouverte», c’est-à-dire qu’on peut choisir des candidats sur la liste d’un parti, cela permet d’offrir plus de choix, mais cela devient aussi plus complexe pour les citoyens. Comment maintenir l’avantage sans le désavantage? Simplement avec une liste ouverte qui laisse la possibilité de voter simplement pour un parti et d’adhérer à l’ordre des candidats qu’il propose. 

Troisièmement, on pourrait inciter les partis politiques à avoir une liste diversifiée quant au sexe des candidats ou encore aux minorités culturelles, par exemple alterner un homme et une femme. 

Quatrièmement, certains croient qu’un système proportionnel mixte éliminerait le vote stratégique, ce qui n’est pas le cas! En fait, le taux d’électeurs qui votent stratégiquement serait environ le même, soit un peu moins de 10 %. Le vote stratégique de circonscription demeurerait intact et, en outre, il serait possible de voter de façon stratégique avec la liste.

En somme, il y a des avantages et des désavantages à réformer le mode de scrutin. Toutefois, la complexité de son implantation n’est pas un bon argument, pas plus que l’élimination du vote stratégique.

Voir la page de Jean-François Daoust.

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