Développement durable: pour une approche globale qui mènera à une transition économique

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Il faut adopter une approche globale qui mènera à une transition économique, tout en faisant respecter les lois existantes, selon les professeurs Normand Mousseau, Nicolas Zorn et Thomas Mulcair.

Moderniser la structure de l’État pour une approche globale

Amélie Philibert

Normand Mousseau

Crédit : Amélie Philibert

Par Normand Mousseau, professeur au Département de physique

Le Québec a plusieurs défis importants à relever: environnementaux, bien sûr, qu’il s’agisse de perte de la biodiversité, des bouleversements liés au réchauffement climatique ou de la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Mais il y a aussi le vieillissement de la population, l’éducation, la santé, la transformation du monde du travail, etc. Or, il n’est plus possible de traiter chacun de ces défis à la pièce. Il faut plutôt adopter une approche globale qui permette de s’assurer que chaque effort, chaque investissement pourra servir à avancer sur tous ces fronts.

Par exemple, les investissements dans la diminution des émissions de GES devraient aider, en même temps, à améliorer le déplacement des marchandises et des individus ou la compétitivité des entreprises.

Pour y parvenir, il faut parler de gouvernance. C’est un mot abstrait qui n’attire pas beaucoup l’attention, mais il est grand temps de moderniser la structure de l’État afin de faire face aux défis du 21e siècle. Le modèle québécois, établi dans les années 60, est dépassé. Cette transformation est possible, comme on l’a montré dans le cadre de l’initiative Le climat, l’État et nous, qui rassemblait une vingtaine d’universitaires en gestion, environnement, économie, finance, droit et plus de partout au Québec. 

Voir la page de Normand Mousseau.

Développement durable: et si l’on appliquait les lois existantes?

Thomas Mulcair

Par Thomas Mulcair, professeur invité au Département de science politique

S’il fallait nommer un seul sujet en matière de développement durable à propos duquel il faudrait prendre un engagement ferme durant la présente campagne, je dirais tout simplement l’application rigoureuse des lois existantes.

En campagne électorale, il est toujours de bon ton de promettre qu’on en fera plus.

Or, le défi majeur sur le plan du développement durable est de faire ce qui est censé être requis.

Le Québec n’a pas besoin d’une loi défendant de répandre des sols contaminés dans la nature: c’est déjà interdit! Pourtant, tout l’été, nous avons appris que les lois existantes sont systématiquement ignorées, voire bafouées.

Avant de promettre plus, j’exigerais de chacun des partis politiques qu’ils s’engagent à appliquer rigoureusement les lois actuelles, de la même manière pour tout le monde.

Voir la page de Thomas Mulcair.

Pour des actions robustes et des pénalités fortes

Amélie Philibert

Nicolas Zorn

Crédit : Amélie Philibert

Par Nicolas Zorn, doctorant en science politique et directeur du projet d’observatoire québécois des inégalités

L'enjeu de loin le plus important de la campagne électorale est aussi celui qui a été le moins débattu jusqu'ici: la transition de notre économie et de notre mode de vie vers une forme qui soit environnementalement et économiquement soutenable.

Tant pour les écosystèmes qui nous gardent en vie que pour le fragile équilibre dans lequel se maintenait le climat, tous les indicateurs du tableau de bord démontrent l'urgence d’effectuer cette transition vers un avenir sobre en carbone.

Les changements climatiques sont arrivés sous forme de canicules et d'inondations plus fortes et plus fréquentes, de réfugiés climatiques et du déséquilibre de la chaîne alimentaire. Seuls les mieux nantis pourront se protéger de leurs effets les plus dommageables.

Il est minuit moins une. Des actions robustes et des pénalités fortes sont requises contre les sources du problème, déjà bien connu et documenté. Il est incontestable que se fier uniquement à la bonne volonté des individus sera insuffisant. Mais lorsqu'une solution à la hauteur du changement nécessaire est mise de l'avant par un parti, les objections fusent et les quolibets d'irréalisme et de radicalisme sont lancés.

Nos politiciens ‒ les mêmes qui ratent leurs propres cibles fort modestes en matière de réduction de gaz à effet de serre ‒ clament notamment qu'ils ne sont pas en guerre contre les automobilistes, eux. En assumant ainsi leur satisfaction du statu quo, ils semblent avoir déclaré la guerre aux générations qui leur succéderont. Lorsqu'il sera trop tard.

Voir la page de Nicolas Zorn.