Le travail de nuit est associé à un risque plus élevé de cancer du sein

Le risque de souffrir d’un cancer du sein s’accroît avec le nombre d’heures travaillées par nuit, ainsi qu'avec le nombre d’années qu’une femme occupe un emploi de nuit.

Le risque de souffrir d’un cancer du sein s’accroît avec le nombre d’heures travaillées par nuit, ainsi qu'avec le nombre d’années qu’une femme occupe un emploi de nuit.

Crédit : Getty

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Travailler de nuit est associé à un risque plus élevé de cancer du sein chez la femme, selon une étude menée dans cinq pays et à laquelle la chercheuse Anne Grundy, de l’UdeM, a pris part.

Les femmes qui travaillent de nuit seraient plus à risque de souffrir d’un cancer du sein particulièrement avant la ménopause.

C’est le constat qui ressort d’une analyse d’études portant sur 13 000 femmes de cinq pays effectuée par une équipe de chercheurs dont fait partie Anne Grundy, attachée de recherche au Département de médecine sociale et préventive de l’École de santé publique de l’Université de Montréal.

Les cinq études analysées ont été menées en Allemagne, en Australie, au Canada, en Espagne et en France. Près de 6100 femmes ayant reçu un diagnostic de cancer du sein et quelque 7000 autres qui n’en étaient pas atteintes y ont participé. Ces femmes devaient répondre, seules ou accompagnées au téléphone, à des questionnaires sur leur activité professionnelle et sur différents facteurs de risque liés au cancer du sein.

En moyenne, les participantes étaient âgées de 55 à 59 ans et la proportion d’entre elles qui travaillaient de nuit dans ces cinq pays différait grandement, allant de 6 % en Allemagne à 17 % en Australie. Au Canada, ce taux était de 16,7 % au moment de l’étude.

Un risque de 12 % à 80 % plus élevé

Anne Grundy

En somme, le risque de souffrir d’un cancer du sein de type ER-positif (tumeurs associées aux récepteurs d’estrogènes) ou lié au gène HER2 s’accroît avec le nombre d’heures travaillées par nuit et le nombre d’années qu’une femme occupe un emploi de nuit. Toutefois, le risque semble s’estomper deux ans après avoir cessé de travailler la nuit.

«Pour une femme qui travaille au moins trois heures entre minuit et cinq heures du matin, le risque associé au cancer du sein est 12 % plus élevé que pour une femme qui n’a jamais travaillé la nuit, indique Anne Grundy. Ce risque lié à l'emploi de nuit passe à 26 % parmi les femmes en préménopause.»

Or, les travailleuses de nuit qui effectuent des quarts de travail de plus de 10 heures voient leur risque d’être atteintes d’un cancer du sein grimper à 36 %, toujours par comparaison avec les femmes qui n’ont jamais travaillé la nuit.

Plus encore, ce risque est de 80 % chez celles qui effectuent des quarts de nuit qui vont au-delà de 10 heures à raison de plus de trois nuits par semaine.

«Enfin, les femmes qui travaillaient encore de nuit au moment de l’enquête avaient un risque de cancer du sein 26 % plus élevé comparativement à celles qui avaient cessé de travailler la nuit depuis deux ans ou plus», précise Mme Grundy.

L'analyse a été publiée en avril dans l'European Journal of Epidemiology.

Un risque associé à un manque de mélatonine?

L’analyse des cinq études n’a pas spécifiquement pris en compte les types d’emplois (de nuit ou pas) exercés par les participantes.

Néanmoins, l’étude réalisée au Canada en 2013 comparait des femmes qui travaillaient dans le domaine de la santé et dans d’autres secteurs.

«Le risque associé au cancer du sein et au travail de nuit était similaire chez les participantes, peu importe l’emploi qu’elles occupaient, mentionne Anne Grundy. Sans en être certains, nous croyons que ce risque pourrait être lié à l’hypothèse selon laquelle le travail de nuit perturbe le rythme circadien et à une sécrétion moindre de mélatonine – celle-ci pouvant avoir un effet protecteur contre le cancer.»

La chercheuse souhaite désormais pouvoir explorer l’effet des rotations des quarts de travail sur le risque de cancer du sein chez les femmes. «Nous devons aller plus loin dans nos recherches afin que les politiques de travail tiennent éventuellement compte de ce risque pour les femmes et que les entreprises modulent les horaires de travail de façon préventive», conclut Anne Grundy.