Système de santé: les infirmières peuvent y contribuer davantage

Johanne Goudreau

Johanne Goudreau

Crédit : Amélie Philibert

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Les infirmières bachelières généralistes ont le potentiel de contribuer davantage aux soins de santé, dont l’accès aux services, indique la professeure Johanne Goudreau.

Par Johanne Goudreau, professeure à la Faculté des sciences infirmières

Chaque jour depuis le début de la compagne électorale, les partis politiques se prononcent sur les enjeux et défis du système de santé. Chacun prend position sur les revenus des médecins, la réforme de l’organisation des établissements du système, les coûts, les listes d’attente, les délais d’attente dans les services des urgences, la pénurie des ressources en soins infirmiers et les conditions de travail souvent difficiles des infirmières. Il est aussi question de l’intégration d’infirmières praticiennes dans le secteur des soins de première ligne, des «superinfirmières» autonomes et partenaires des médecins, pour améliorer l’accès aux services et aux soins, comme consulter un médecin de famille ou une infirmière praticienne spécialisée dans un délai maximal de 36 heures.

Exercer pleinement la profession d’infirmière

Les infirmières font davantage partie de la solution! D’abord, elles n’exercent pas pleinement leur métier, puisqu’elles effectuent toutes sortes de tâches en dehors de leur rôle, comme l’indique une étude de notre collègue Johanne Déry. La population est ainsi privée de l’expertise infirmière par un contexte organisationnel qui n’offre pas les conditions requises à l’exercice infirmier tel qu’il est défini dans la Loi sur les infirmières et les infirmiers du Québec.

Par ailleurs, les statistiques de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) montrent que le Québec peine à se doter du nombre nécessaire d’infirmières bachelières pour répondre aux besoins en santé de sa population, malgré les efforts concertés des cégeps et des universités depuis 2004. Ces faits sont inquiétants, surtout quand on mise sur des infirmières praticiennes formées au deuxième cycle universitaire, après des études de baccalauréat!

Enfin, et c’est inquiétant aussi, on entend parler régulièrement des besoins en matière de mise à niveau des compétences des intervenants en soins infirmiers, comme les préposés aux bénéficiaires dont il était question dans les journaux la semaine dernière.

Que les partis politiques se prononcent

Quelle est la position des partis politiques sur les conditions de l’exercice entier du métier d’infirmière? Sur la formation initiale nécessaire pour offrir les soins infirmiers requis par la population du Québec? Aucun parti ne se prononce sur ces questions fondamentales. On ne parle que de ratios et de quelques projets pilotes de cliniques d’infirmières.

L’OIIQ, dont la mission est la protection du public, faut-il le rappeler, soutient depuis plusieurs années que la pratique infirmière de demain (et demain est là, maintenant!) nécessite une formation universitaire. Les infirmières bachelières généralistes qui possèdent une formation poussée en santé communautaire et en soins aux malades en phase critique ont dès à présent le potentiel de contribuer bien davantage aux soins de santé, y compris à l’accès aux services.

Il est essentiel que les infirmières québécoises d’aujourd’hui aient une formation universitaire, comme les autres professionnels de la santé et comme les autres infirmières dans le monde, et ailleurs au Canada. Elles participeront ainsi pleinement à l’inévitable évolution du système de santé et des soins requis par la population.

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