Les 25 ans de l’OUM: Tchaïkovski s’invite au concert inaugural

Crédit : Maryse Boyce

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Le concert «Rivest et la Pathétique» lance les festivités du 25e anniversaire de l’Orchestre de l’Université de Montréal. Un programme qui met en lumière tout le talent des étudiants et de leur chef.

Que de chemin parcouru depuis ce jour de 1992 où le doyen de la Faculté de musique de l’Université de Montréal lança à Jean-François Rivest le défi de mettre sur pied un orchestre étudiant…

«J’avais pour mission de monter la classe de violon, se souvient le chef fondateur de l’Orchestre de l’Université de Montréal (OUM). Au bout de six mois, je suis allé voir le doyen, qui était à l’époque Robert Leroux, et je lui ai dit que je ne pouvais pas avancer sérieusement sans faire jouer mes étudiants dans un orchestre. Il m’a répondu: “Ben, fais-en un!” L’année suivante, nous avions un orchestre à cordes et l’on a interprété Les quatre saisons, de Vivaldi.»

L’ensemble est ensuite devenu symphonique. Depuis, plus de 1000 jeunes musiciens y ont fait leurs premières armes, dont 100 solistes, autant de compositeurs ainsi que de nombreux étudiants chefs d’orchestre. Et chaque année s’ajoute au programme la participation à un opéra avec l’Atelier d’opéra de l’UdeM.

«L’OUM, c’est une véritable pépinière de talents, affirme son chef. C’est une grande chance pour nos étudiants que d’y jouer. Ils apprennent à écouter les autres et ils s’initient à la discipline d’orchestre.»

Emporté par la vague

Du talent et de la discipline, il en faut pour mettre en place le programme qui sera présenté le 13 octobre sur la scène de la salle Claude-Champagne. À commencer par la sixième et dernière symphonie de Petr Ilitch Tchaïkovski, dite Pathétique. Une pièce dense, intense, empreinte d’un sentiment de désespoir. Quand on lui fait remarquer que peut-être le choix n’est pas complètement judicieux pour ouvrir des festivités, le chef Rivest s’inscrit en faux. 

«Ce qu’on vient chercher avec la musique, c’est l’émotion et l’exaltation, estime-t-il. Quelque chose du ressort à la fois de l’intime et du géant. Que ce soit gai ou triste, finalement, ce n’est pas ce qu’on retient si l’on a été emporté par la vague. Lorsqu’il écrit cette pièce, Tchaïkovski est un homme qui souffre, traversé par de fortes émotions.»

Jean-François Rivest compare la symphonie à une arche monumentale, les premier et quatrième mouvements étant tous les deux dépouillés, graves, profonds, funestes et les deux du milieu plus éclatés, emplis de désinvolture et de sarcasme. Il y entrevoit déjà tout le mordant dont feront preuve les plus grands compositeurs russes du 20e siècle, tout particulièrement Chostakovitch.

  • Le compositeur Joshua Bucchi, à gauche, en compagnie du directeur artistique de l'OUM, Jean-François Rivest.

    Crédit : Maryse Boyce

Concerto pour violoncelle

La légèreté dans ce programme, il faudra ainsi aller la chercher ailleurs, dans la première partie du concert. L’étudiant Joshua Bucchi, lauréat du Concours de composition 2018 de l’OUM, propose tout d’abord une pièce courte et ludique intitulée Intermission in D, dans laquelle l’Orchestre devient une sorte de kaléidoscope d’idées, de gestes ou encore de textures sonores. La note ré, point d’attraction, ramène à elle tous les éléments thématiques qui tentent en vain de s’en détacher.

«La pièce évoque parfois des couleurs expressionnistes, voire spectrales, explique le jeune compositeur. Elle exploite des formules légèrement kitchs qui se juxtaposent comme dans un jeu. Les différents groupes de l’Orchestre sont traités comme des personnages qui tentent d’imposer leurs discours respectifs. Pas dans un esprit de conquête, mais pour affirmer leur propre existence. C’est véritablement jubilatoire de voir mon œuvre jouée par l’OUM. C’est une occasion qui ne se présente pas tous les jours!»

L’étudiant violoncelliste Dominique Beauséjour-Ostiguy savoure lui aussi son plaisir. En tant que lauréat du premier prix du Concours de concerto 2018 de l’OUM, il aura le privilège de jouer le Concerto pour violoncelle en si mineur, du Tchèque Antonín Dvořák.

«C’est une pièce qui tire parti de toutes les possibilités du violoncelle, analyse-t-il, tant la virtuosité de l’instrument et sa puissance que son lyrisme. Il y a tellement d’émotions différentes, notamment dans sa finale, complètement inusitée. On croit que c’est terminé, mais ça reprend avec une section lente et très intérieure. C’est tout un défi pour moi, et pour l’Orchestre aussi d’ailleurs, car le concerto lui laisse vraiment la chance de s’exprimer.»

Jean-François Rivest parle quant à lui d’une œuvre très humaine, comme une immense histoire qu’on pourrait se raconter au coin du feu. «Dominique est un violoncelliste de premier plan, souligne-t-il. Je suis certain qu’il saura y mettre toute son émotion pour faire vibrer cette très grande œuvre.»

  • Le violoncelliste Dominique Beauséjour-Ostiguy

Concert Rivest et la Pathétique le samedi 13 octobre à 19 h 30 à la salle Claude-Champagne, 220, avenue Vincent-D'Indy, à Montréal. Billets en vente sur musiqueumontreal.tuxedobillet.com.

Entrée: 14 $, gratuite pour les étudiants.

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