Comment instaurer une culture de la qualité dans une université?

  • Forum
  • Le 31 octobre 2018

  • Martine Letarte
Jacques Lanarès, neuropsychologue et leader mondial en matière de qualité en enseignement supérieur.

Jacques Lanarès, neuropsychologue et leader mondial en matière de qualité en enseignement supérieur.

Crédit : Amélie Philibert

En 5 secondes

Jacques Lanarès, ancien vice-recteur de l’Université de Lausanne devenu spécialiste de la qualité en enseignement supérieur, a donné la conférence de clôture au colloque Qualité G3 à l’UdeM.

Jacques Lanarès, neuropsychologue de formation, est un leader mondial en matière de qualité en enseignement supérieur, un enjeu devenu particulièrement important en cette ère où l’on valorise la mobilité des étudiants. Comme vice-recteur de l’Université de Lausanne de 2006 à 2016, il était responsable de la qualité de l’enseignement, puis il a été appelé à l’évaluer à la grandeur du pays, en Europe et ailleurs dans le monde. À ce jour, il a travaillé avec des universités dans une vingtaine de pays.

Aux yeux de Jacques Lanarès, conférencier de clôture du colloque Qualité G3 à l’Université de Montréal, il ne suffit pas d’adopter des standards de qualité pour obtenir des résultats intéressants.

La recherche montre que les démarches qualité n’ont pas d’effet réel sans une appropriation par l’ensemble des acteurs. «Cette appropriation renvoie à la notion de culture de la qualité qu’il faut développer et enraciner dans les universités.»

Les valeurs, le cœur de la culture

La culture de la qualité dans les universités repose en fait sur des valeurs qui doivent être partagées par toute la communauté universitaire, soit les enseignants, les étudiants et le personnel administratif. La clé pour y arriver, d’après Jacques Lanarès, c’est de «prendre le temps de bien définir les valeurs prioritaires qui sous-tendent le processus de qualité parce que c’est ce qui lui donne une cohérence».

L’expert a énuméré quelques valeurs qui favorisent l’instauration d’une culture de la qualité en enseignement supérieur, comme la réflexivité, la responsabilisation, la communication et l’approche systémique.

«Je suis aussi d’avis que les valeurs derrière la culture de la qualité doivent être près de celles de l’établissement pour qu’il y ait une bonne intégration», a-t-il précisé.

Les universités doivent aussi s’assurer que les valeurs se concrétisent dans les comportements sur le campus.

«Par exemple, une université qui décide de valoriser l’enseignement peut utiliser les portfolios pour aider les professeurs à accroître leurs compétences en pédagogie et à mettre en valeur l’évolution de leurs pratiques, a-t-il expliqué. Mais est-ce que l’université en tient compte dans ses décisions et dans les promotions accordées?

«Tout système de qualité doit répondre à différentes attentes qui peuvent être contradictoires et c’est très important de prendre le temps d’atténuer ces tensions, de se mettre d’accord sur les règles du jeu.»

Il ne faut pas négliger non plus le rôle des leaders pour assurer la cohérence et la pertinence de la démarche de qualité et susciter l’adhésion.

«Pour y parvenir, il faut rendre explicite la relation entre les valeurs qu’on priorise et les décisions qui ont été prises, a dit Jacques Lanarès. Il n’y a pas une seule bonne façon de faire: tout dépend de la valeur qu’on veut privilégier. Prendre le temps d’expliquer les raisons des décisions permet d’asseoir la cohérence d’un système de qualité.»

Et bien sûr, il faut ensuite communiquer ses bons coups pour qu’ils se multiplient. Et être patient.

«La recherche sur le changement culturel montre que l’enracinement d’une culture de la qualité prend du temps, a indiqué Jacques Lanarès. Il faut donc avancer avec une certaine vigueur et avec persévérance, tout en s’inscrivant dans la durée. C’est ainsi qu’on peut arriver à un véritable changement culturel.»

  • Le colloque Qualité G3 a réuni 226 participants de 15 pays qui ont pu assister à 5 grandes conférences, 8 ateliers et 73 communications orales (dont 10 étaient présentées par des membres de l’UdeM).

    Crédit : Amélie Philibert
  • Jean-Paul De Gaudemar, recteur de l’Agence universitaire de la Francophonie; Mallory Schaub, responsable de la qualité à l’Université de Genève; Sandrine Canter, coordonnatrice de la qualité à l’Université libre de Bruxelles; Stéphane Berthet, secrétaire général de l’Université de Genève; Claude Mailhot, vice-rectrice adjointe à la promotion de la qualité à l’Université de Montréal; et Louise Béliveau, vice-rectrice aux affaires étudiantes et aux études.

    Crédit : Amélie Philibert

Qu’est-ce que le colloque Qualité G3?

Le colloque Qualité G3 s’est tenu à l’Université de Montréal du 24 au 26 octobre sur le thème «Les démarches qualité en enseignement supérieur: quels en sont les effets?» Il a été organisé par l’équipe du Bureau de la promotion de la qualité, que dirige Claude Mailhot, vice-rectrice adjointe à la promotion de la qualité. Il a réuni 226 participants de 15 pays qui ont pu assister à 5 grandes conférences, 8 ateliers et 73 communications orales (dont 10 étaient présentées par des membres de l’UdeM).

Le G3 regroupe trois universités francophones qui partagent un intérêt commun pour les démarches qualité en enseignement supérieur, soit l’Université de Montréal, l’Université libre de Bruxelles et l’Université de Genève. L’objectif du G3 est d’instaurer des modèles de collaboration en matière de formation, d’enseignement et de recherche. Le premier colloque a eu lieu en 2014 à Bruxelles et le deuxième en 2016 à Genève. Toutes les présentations seront déposées sur le site du colloque.