Un entraînement physique et cognitif en simultané améliore la santé des aînés atteints d’un trouble cognitif léger
- UdeMNouvelles
Le 1 novembre 2018
- Martin LaSalle
Faire des exercices physiques et cognitifs en simultané améliore la santé globale des aînés atteints d’un trouble cognitif léger, selon une étude menée par la professeure Sylvie Belleville, de l’UdeM.
Bouger tout en se creusant les méninges améliore les performances à la fois cognitives et physiques des personnes âgées atteintes d’un trouble cognitif léger, et pourrait les protéger de la maladie d’Alzheimer.
C’est ce que révèlent les résultats d’une étude à laquelle a contribué la professeure Sylvie Belleville, du Département de psychologie de l’Université de Montréal.
«Différentes études ont déjà démontré que l’activité physique tout comme certains exercices de stimulation cérébrale pouvaient améliorer les performances cognitives chez les individus atteints d’un trouble cognitif léger, mais aucune ne s’est penchée sur l’effet combiné des deux types d’activités effectuées en simultané», a souligné Mme Belleville.
Tests isolés, puis en simultané
Pour ce faire, l’équipe de chercheurs a recruté, en France, 69 personnes âgées de 75 à 79 ans qui avaient reçu un diagnostic de trouble cognitif léger.
Pendant 12 semaines, à raison de deux séances d’une heure par semaine, les sujets ont fait aléatoirement:
• des tests cognitifs informatisés (jeux d’attention et de mémoire, résolutions de problèmes);
• du vélo stationnaire;
• des tests cognitifs tout en pédalant;
• ou ils ont été dirigés vers le groupe témoin, dans lequel ils n’étaient soumis à aucune épreuve.
L’équipe de chercheurs a évalué les performances des participants selon 11 tâches touchant aux fonctions exécutives, cardiorespiratoires et motrices avant et après l’entraînement, ainsi que six mois après la fin de l’entraînement.
Un effet combiné
Les trois groupes soumis aux différents types d’entraînement ont connu des améliorations sur le plan des fonctions cognitives et les deux groupes ayant pédalé ont aussi vu leur condition physique s’améliorer.
Toutefois, les sujets ayant exclusivement fait les tests cognitifs ou du vélo stationnaire n’ont amélioré leur performance qu’à 2 tâches, alors que les aînés qui ont fait les tests cognitifs tout en pédalant se sont améliorés pour 8 des 11 tâches mesurées, et ce, sur les plans tant physique que cognitif.
«Prises séparément, les deux interventions améliorent les performances des participants, mais quand elles sont effectuées en simultané, on obtient une synergie qui procure des améliorations encore plus importantes sur les plans physique et cognitif», note Sylvie Belleville, qui a supervisé l’étude en plus d’analyser et d'interpréter les résultats.
Comment expliquer cet effet combiné?
«Nous croyons que la combinaison des interventions procure un environnement physique et social plus riche et plus varié, qui stimule davantage la plasticité des fonctions cognitives et permet l’acquisition de nouvelles capacités», avance la professeure Belleville.
Plus encore, le fait de devoir prêter attention à deux objectifs ‒ être performant aux tests cognitifs tout en maintenant l’intensité de l’activité physique ‒ représente «un défi qui s’avère plaisant pour les participants, et ce plaisir est sans doute l’une des raisons qui explique la supériorité des interventions simultanées», ajoute celle qui est aussi rattachée au Centre de recherche de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal.
Améliorer l’autonomie des personnes atteintes d’un déficit cognitif léger
Au cours des séances d’entraînement, les chercheurs ont aussi testé la capacité des sujets à marcher sur un tapis roulant tout en réalisant une tâche cognitive complexe, comme lorsqu’on marche dans la rue et qu’on doit être attentif à ce qui se passe autour de soi.
«Les personnes atteintes d’un déficit cognitif léger ont généralement plus de difficulté à effectuer ces deux tâches en même temps, indique Mme Belleville. Or, nous avons constaté que seuls nos participants ayant été soumis aux deux entraînements en simultané ont connu un accroissement de cette habileté, ce qui pourrait leur permettre d’améliorer leur autonomie et leur sécurité.»
Par ailleurs, les sujets ont été revus six mois après la fin des séances d’entraînement, et les chercheurs ont observé que l’effet bénéfique sur leur degré d’attention s’était légèrement maintenu.
«Dans le domaine de la recherche sur le déficit cognitif, on s’intéresse beaucoup aux approches non pharmacologiques axées sur le style de vie, conclut Mme Belleville. Et nos résultats montrent qu’il n’est jamais trop tard pour augmenter le fonctionnement cognitif et physique» et, potentiellement, se protéger de la maladie d’Alzheimer.
Rappelons que, selon un rapport publié en novembre 2017 par l’Institut national de santé publique du Québec, les troubles cognitifs légers surviennent chez environ 20 à 40 % des aînés; parmi ceux-ci, 40 % souffriront éventuellement d’un trouble neurocognitif majeur, dont la maladie d’Alzheimer, pour laquelle il n’existe toujours pas de traitement curatif.