Michel Cayouette prend la tête du Réseau de recherche en santé de la vision

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  • Le 14 novembre 2018

  • Martine Letarte
Michel Cayouette

Michel Cayouette

Crédit : Amélie Philibert

En 5 secondes

Michel Cayouette, nouveau directeur du Réseau de recherche en santé de la vision, souhaite établir davantage de liens avec des chercheurs étrangers.

Michel Cayouette, directeur de l’unité de recherche en neurobiologie cellulaire de l’Institut de recherches cliniques de Montréal, affilié à l’Université de Montréal, prend la tête du Réseau de recherche en santé de la vision, financé par le Fonds de recherche du Québec – Santé et par la Fondation Antoine Turmel. Ce réseau thématique regroupe plus de 140 chercheurs issus de différents centres de recherche et d’universités à travers la province. Déjà, Michel Cayouette a ciblé ses priorités tout en continuant à travailler sur ses propres projets. Il a d’ailleurs obtenu en juillet 3,1 M$ sur sept ans du programme de subventions Fondation des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC). Entrevue.

Quels sont vos objectifs comme nouveau directeur du Réseau de recherche en santé de la vision?

Le Réseau a beaucoup évolué ces dernières années, sous la direction de la Dre Isabelle Brunette, aussi de l’UdeM, qui a fait un travail extraordinaire. Je crois que nous pouvons maintenant bâtir sur ces fondations afin de multiplier les liens aux échelons national et international. Je veux promouvoir les collaborations réalisées avec les chercheurs partout au Canada, aux États-Unis, en Europe et ailleurs. Cela permettra aux chercheurs d’ici d’être plus compétitifs. Je compte aussi établir des partenariats avec d’autres organismes qui financent la recherche en santé de la vision afin de créer un effet de levier et d’augmenter les possibilités de financement pour permettre à nos chercheurs d’accroître leur productivité. Je veux également me concentrer sur la formation de la relève. Nous devons soutenir les étudiants et les chercheurs en début de carrière pour qu’ils restent dans le domaine de la vision et constituer ainsi une masse critique. Il faut consolider les structures pour y arriver, comme nos programmes de bourses pour les étudiants.

Quelle est la raison d'être du Réseau?

Il permet aux chercheurs du domaine de la vision de se réunir pour présenter leurs résultats et de tisser des liens. Il est rare que les chercheurs fondamentaux et cliniciens aient la chance de se rencontrer pour discuter de leurs projets et c’est ce que le Réseau rend possible. Grâce au Réseau, j’ai moi-même rencontré le Dr Koenekoop, un ophtalmologiste pédiatrique de l’Université McGill, avec qui je collabore maintenant activement. Son équipe repère des mutations génétiques qui causent la dégénérescence de la rétine chez l’enfant et mon équipe tente de comprendre pourquoi ces mutations entraînent une dégénérescence. Ensemble, notre expertise a une plus grande portée. D’ailleurs, la recherche en santé de la vision au Québec se porte très bien, même si nous n’avons pas autant de financement qu’aux États-Unis par exemple. Le Réseau facilite le financement de la recherche et finance des installations et du matériel, comme des banques de données et de tissus, essentielles pour la compétitivité des chercheurs.

À quel point la recherche en santé de la vision est-elle importante aujourd’hui? Les gens vivent de plus en plus vieux…

Le Réseau a été créé justement parce que les problèmes de vision seront majeurs avec le vieillissement de la population et qu’il y a plusieurs défis à relever. Les maladies qui causent la perte de la vision sont de plus en plus fréquentes, comme la dégénérescence maculaire liée à l’âge. Or, les organismes subventionnaires consacrés à la recherche en santé de la vision sont très rares au Canada. Plusieurs maladies sont incurables, entre autres les dégénérescences de la rétine parce qu’on n’a pas de façons de remplacer les cellules qui meurent. Mais il y a du progrès. La thérapie génique permettra un jour de remplacer les gènes défectueux, ou de les corriger, pour ralentir ou stopper la progression de la maladie et les thérapies cellulaires rendront sans doute possible le remplacement des cellules perdues. La recherche est très active dans ces domaines et doit continuer à progresser.

Quel travail réaliserez-vous avec les 3,1 M$ sur sept ans que vous avez obtenus du programme de subventions Fondation des IRSC?

Dans la rétine, les cellules souches produisent différents types de cellules, comme des photorécepteurs, et il faut comprendre précisément ces mécanismes de formation. Ensuite, on pourra utiliser ces connaissances pour tenter de les recréer afin de permettre la régénérescence de la rétine. Soit par la transplantation ou en reprogrammant certaines cellules non touchées par la maladie afin qu’elles régénèrent les neurones perdus. C’est un objectif ambitieux, mais réalisable. Déjà, nous sommes parvenus à des résultats qui indiquent qu’on serait en mesure de favoriser le processus de régénérescence dans la rétine adulte. Il ne faut pas aller trop vite, il reste des étapes à franchir, mais c’est prometteur.

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