In Memoriam : Denis Szabo
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Le 20 décembre 2018
Denis Szabo, professeur émérite de l’UdeM et fondateur de l’École de criminologie, est décédé le 13 octobre 2018.
Denis Szabo est considéré comme le père de la criminologie au Québec. Hongrois de naissance et Montréalais d’adoption, il a notamment fondé l’École de criminologie de l’Université de Montréal, qui a servi de modèle pour la formation des criminologues au Canada. Membre de la Société royale du Canada et de l’Académie des sciences de Hongrie et décoré de l’Ordre national du Québec, cette figure de taille des sciences pénales et criminologiques est décédée le 13 octobre 2018.
Né à Budapest, Denis Szabo quitte son pays après avoir assisté à la prise du pouvoir par les communistes. «J’ai été vacciné très jeune, et à jamais, contre le volontarisme prométhéen.»
Son intérêt pour la criminologie se manifeste dès ses études de sociologie: sa thèse de doctorat à l’Université catholique de Louvain porte sur les rapports entre l’urbanisation et la criminalité. Denis Szabo revendique sans relâche une approche multidisciplinaire pour son champ d’études. «La criminologie étudie les causes de la délinquance en combinant plusieurs regards: sociologique, biologique, psychologique, psychiatrique et juridique. Elle comporte des chapitres consacrés à la pénologie ‒ fort utile pour comprendre le système correctionnel ‒, à la resocialisation, au système de justice, à la police, à la prévention et aux politiques criminelles.»
En 1958, le sociologue répond à l’invitation de son ami l’abbé Norbert Lacoste, fondateur du Département de sociologie de l’Université de Montréal. À peine trois ans après y avoir donné ses premiers cours, il fonde à l’UdeM l’École de criminologie, unique en Amérique du Nord par son autonomie, la criminologie étant à l’époque intégrée aux unités de sociologie.
Denis Szabo apporte une vision pratique au domaine de la criminologie: les futurs criminologues doivent se rendre sur le terrain et mettre la main à la pâte là où se posent les problèmes criminels. Parallèlement, la criminologie ne peut à son sens se concevoir sans recherches empiriques: c’est ainsi qu’il lance avec ses collègues plusieurs chantiers de recherche sur la délinquance juvénile, les pénitenciers, la prédiction de la récidive et la personnalité criminelle.
Avec la fondation du Centre international de criminologie comparée en 1969, M. Szabo a joué un rôle important dans le développement des recherches comparatives sur le plan international. C’est aussi durant cette période qu’il met sur pied la revue Acta Criminologica, qui deviendra par la suite la revue Criminologie.
Au-delà du milieu universitaire, plusieurs gouvernements et organisations internationales ont fait appel à son expertise: l’Organisation des Nations unies, l’Unesco, le Conseil de l’Europe, notamment. À titre de directeur de recherche pour diverses commissions d’enquête sur le système pénal (Prévost, Ouimet, Le Dain), Denis Szabo a contribué à l’implantation d’une politique criminelle d’inspiration humaniste au Québec et au Canada. Au lendemain de sa déclaration d’indépendance en 1989, le gouvernement de la Hongrie le sollicitait afin de participer à la réforme des services nationaux de police.
Le Bureau des communications et des relations publiques remercie Maurice Cusson, professeur émérite de l’École de criminologie, pour sa précieuse contribution à la rédaction de cet article.