Pilules antifongiques: les femmes enceintes devraient être prudentes
- Salle de presse
Le 19 février 2019
- UdeMNouvelles
Selon une étude de l'UdeM, le fluconazole, un médicament couramment utilisé pour traiter les infections à levures, peut accroître les risques de fausse couche.
Selon une étude menée par des chercheurs de l'Université de Montréal, le fluconazole, un médicament couramment utilisé pour traiter les infections vaginales à levures, peut accroître les risques de fausse couche s'il est pris par voie orale pendant la grossesse.
Bien que les azoles topiques appliqués sous forme de crèmes ou d'onguents soient le traitement habituel pour les femmes enceintes souffrant d'infections fongiques, le fluconazole pris par voie orale sous forme de comprimés est aussi souvent prescrit.
Une équipe dirigée par Anick Bérard, professeure de pharmacie à l'UdeM, a examiné les données relatives à 441 949 grossesses répertoriées dans la cohorte des grossesses du Québec entre 1998 et 2015, et les a reliées aux ordonnances exécutées selon la base de données du régime d'assurance médicaments du Québec.
Dans leur étude, publiée aujourd'hui dans le Journal de l'Association médicale canadienne (JAMC), les chercheurs ont constaté que la prise de fluconazole par voie orale était liée à des effets indésirables dans deux à trois pour cent des cas.
«Notre étude démontre que la prise de toute dose de fluconazole par voie orale pendant la grossesse peut entraîner un risque accru de fausse couche, bien que ce risque demeure faible», a déclaré Anick Bérard, titulaire de la Chaire de recherche en médicaments, grossesse et lactation de l'Université de Montréal.
«La prise de doses plus élevées de fluconazole, supérieures à 150 mg, en début de grossesse peut être associée à une plus grande probabilité d'avoir un nouveau-né atteint d'une malformation cardiaque», une conclusion qui concorde avec les études effectuées sur les animaux, a ajouté la chercheuse.
Des travaux antérieurs ont déjà établi un lien entre le médicament et des complications pendant la grossesse. Les nouveaux résultats méritent d'être soulignés, estiment les chercheurs, car une femme enceinte sur cinq contracte des infections à levures nécessitant un traitement.
Des pratiques de prescription sécuritaires
«L'étude met de nouveau l'accent sur les pratiques de prescription sécuritaires pendant la grossesse», ont commenté les Dres Vanessa Paquette et Chelsea Elwood, du Women's Hospital and Health Centre de Vancouver, dans un article du JAMC.
«Les médecins devraient prendre les mesures adéquates en confirmant d'abord le diagnostic, puis en choisissant le médicament le plus sécuritaire ‒ sur lequel on possède le plus grand nombre de données quant à ses effets durant la grossesse ‒ aux doses appropriées les plus faibles», ont-elles conseillé.
Les femmes ne devraient cependant pas s'inquiéter outre mesure. «Le risque de complications est, dans l'ensemble, très faible», a mentionné Anick Bérard, qui dirige l'unité des médicaments et de la grossesse au CHU Sainte-Justine.
«Est-ce pire de ne pas traiter une infection à levures? Oui. Mais la patiente et le médecin devraient au moins avoir une discussion sur la dose appropriée. En principe, moins vaut toujours mieux que plus. Ça devrait être la norme.»
Les femmes peuvent également demander à leur pharmacien de leur recommander d'autres médicaments, certains en vente libre, pour traiter leur infection à levures, a poursuivi Mme Bérard, qui envisage maintenant d'étendre l'étude à des cohortes de patientes partout au Canada.
À propos de cette étude
L’article «Risk of oral low and high-dose fluconazole during pregnancy: 3 nested case-control studies», rédigé par Anick Bérard et ses collaborateurs, a été publié le 19 février 2019 dans le Journal de l'Association médicale canadienne.
À propos du CHU Sainte-Justine
Le Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine est le plus grand centre mère-enfant du Canada et le 2e plus important centre pédiatrique d'Amérique. Il est membre du grand réseau d'excellence en santé de l'Université de Montréal (RUIS). Il compte 5 457 employés dont 1 532 infirmiers et infirmières auxiliaires et 1 000 professionnels en soins, 520 médecins, dentistes et pharmaciens, 822 résidents et plus de 204 chercheurs, 411 bénévoles, 4 416 stagiaires et étudiants de toutes disciplines. Le CHUSJ comprend 484 lits dont 67 au Centre de réadaptation Marie Enfant (CRME), seul centre dédié exclusivement à la réadaptation pédiatrique au Québec. L'Organisation mondiale de la santé a reconnu le CHU Sainte-Justine « hôpital promoteur de la santé ».
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