La consommation d’aliments ultratransformés est associée à l’obésité
- UdeMNouvelles
Le 12 mars 2019
- Martin LaSalle
La consommation d’aliments ultratransformés est liée à un risque accru d’obésité, selon une étude menée par des chercheurs en nutrition et en santé publique de l’Université de Montréal.
Les Canadiens qui mangent le plus d’aliments ultratransformés – c’est-à-dire des produits faits d’ingrédients industriels et d’additifs comme les boissons gazeuses, les grignotines sucrées ou salées, de même que des repas prêts à manger ‒ courent un risque 32 % plus élevé de devenir obèses, comparativement à ceux qui en consomment le moins.
C’est ce que révèle une étude menée par Milena Nardocci, étudiante à la maîtrise à l’École de santé publique de l’Université de Montréal (ESPUM), sous la codirection des professeurs Bernard-Simon Leclerc et Jean-Claude Moubarac, du Département de nutrition de l’UdeM, et avec la participation de leur collègue Malek Batal.
L’étude repose sur des données de 2004 issues de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, qui portent sur 19 363 adultes âgés de 18 ans et plus. Ceux-ci ont été divisés en cinq groupes ou quintiles en fonction de leur consommation d’aliments ultratransformés au cours des 24 heures précédant l’interview et de leur indice de masse corporelle.
Les résultats indiquent aussi que, en moyenne, près de la moitié (45 %) des calories ingérées par les Canadiens proviennent d’aliments ultratransformés, tels les boissons sucrées, les mets prêts à manger ou ceux servis en restauration rapide.
«Les données montrent que la consommation de ces aliments est plus élevée chez les hommes, les jeunes adultes, les personnes avec moins d’années d’études, les fumeurs, les personnes sédentaires et celles nées au Canada», précise Jean-Claude Moubarac.
Mais les données sont-elles valables aujourd’hui, puisqu’elles ont été recueillies il y a 15 ans?
«Oui, répond M. Moubarac. Nous analysons actuellement les données de 2015 de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes et tant la consommation d’aliments ultratransformés que les taux d’obésité sont restés les mêmes.»
Un rapport publié en octobre dernier par l’Institut national de santé publique corrobore aussi ce que soutient le professeur Moubarac en ce qui a trait à la consommation d’aliments ultratransformés: ces aliments riches en sucres, sodium ou gras saturés composent la moitié des achats effectués de 2012 à 2016 dans plus de 850 supermarchés et magasins à grande surface du Québec, parmi 10 catégories d’aliments.
Des aliments associés à d’autres problèmes de santé
En fait, plusieurs études ont démontré l’existence d’un lien entre une consommation élevée d’aliments ultratransformés et différents problèmes chroniques de santé, comme le syndrome métabolique, l’hypertension ou le côlon irritable. «Deux études l’associent même à un risque plus grand de mortalité globale», ajoute M. Moubarac.
Selon lui, l’étude de Milena Nardocci «va au-delà des concepts de nutriments et pointe vers une pratique questionnable de l’industrie qui consiste à produire des aliments qui n’ont presque pas d’ingrédients naturels à l’intérieur et qui entraînent des problèmes sur les plans nutritionnel et de la santé publique».
«Cette étude et d’autres à venir doivent nous faire réfléchir au rôle de la transformation alimentaire afin de privilégier des produits qui respectent les principes de base d’une saine alimentation», poursuit Jean-Claude Moubarac.
Pour ce qui est des consommateurs, quelques trucs peuvent s’avérer utiles pour manger davantage d’aliments moins transformés.
Selon le professeur, la solution idéale consiste à cuisiner des plats avec des aliments peu ou pas transformés, en choisissant à l’épicerie les aliments qui n’ont pas d’étiquette – tels les fruits et les légumes – ou ceux dont la liste d’ingrédients est courte.
«Ensuite, il faut lire les étiquettes et privilégier les produits qui contiennent le moins d’additifs possible, conclut-il. Je suggère à ceux qui désirent manger des mets de restauration rapide de le faire au restaurant, plutôt que de les faire venir ou de les apporter à la maison, afin que leur consommation devienne occasionnelle et non la norme.»