Observatoire québécois des inégalités: un éclairage factuel pour de meilleures décisions

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  • Le 28 mars 2019

  • Martine Letarte
Nicolas Zorn

Nicolas Zorn

Crédit : Amélie Philibert

En 5 secondes

Le nouvel Observatoire québécois des inégalités a comme mission de vulgariser les connaissances scientifiques pour faciliter la prise de décision en vue de réduire les inégalités.

Quelques jours après le dévoilement des derniers budgets fédéral et provincial, l’Observatoire québécois des inégalités a fait paraître dans Le Devoir une analyse de leurs mesures clés afin d’évaluer leur contribution à la réduction des inégalités. Conclusion, les deux exercices budgétaires concourent à la diminution des inégalités, avec l’obtention d’un B- pour celui de Québec et d’un B pour celui d’Ottawa, selon la soixantaine d’experts du Québec, du Canada, des États-Unis et de la France qui ont mis la main à la pâte.

«Nous avons réalisé ce travail très rapidement, puisque nous avions le désir de répondre à un besoin concret et immédiat», affirme Nicolas Zorn, directeur général de l’Observatoire, basé à l’UdeM.

Ce travail de vulgarisation se veut complémentaire aux études des chercheurs dans ce champ d’intervention.

«Nous voulons dépasser le cercle universitaire pour rendre accessibles les connaissances à la société civile, aux citoyens, aux médias ainsi qu’aux acteurs politiques et sociaux, ajoute M. Zorn. Nous voulons ainsi créer des liens entre les différentes parties prenantes concernées par les inégalités.»

Organisation indépendante et non partisane, l’Observatoire québécois des inégalités est soutenu par différents partenaires dont l’Université de Montréal, la Fondation Lucie et André Chagnon, Cogeco, le Fonds de solidarité FTQ et le Fonds de recherche du Québec – Société et culture.

«Les inégalités, un peu comme les changements climatiques, touchent tout le monde et c’est ce que reflète la grande diversité des bailleurs de fonds», mentionne Nicolas Zorn qui, comme doctorant en science politique à l’UdeM, se penche sur la soutenabilité économique des types de capitalisme.

Éclairer, non recommander

L’Observatoire, qui accueillera notamment des stagiaires de l’Université de Montréal et de divers établissements universitaires québécois, brossera des tableaux des inégalités relatives au revenu, aux perspectives de réussite et à la qualité de vie, analysera leurs causes et leurs conséquences et désignera des solutions qui pourront prendre la forme de politiques publiques et de pratiques sociales. Ces éléments tiendront compte de nombreux facteurs comme l’écart social, le genre, l’origine ethnoculturelle, l’âge, la région, etc.

L’Observatoire québécois des inégalités pourra ainsi indiquer si les politiques et les pratiques sociales qui relèvent de l’État, de la société civile, des entreprises ou des individus réduisent les inégalités, les augmentent ou en favorisent le maintien.

«Par contre, nous ne recommanderons pas de mesures particulières, précise Nicolas Zorn. Nous nous contenterons d’éclairer le débat public avec des faits.»

Ce modèle est inspiré de ce qui se fait dans les pays scandinaves, où il existe un écosystème d’organisations et de centres de recherche apolitiques.

«C’est ce qu’on appelle le réflexe scandinave: le débat est lancé à partir de ce que disent les connaissances scientifiques pour favoriser une prise de décision en matière de politiques et de pratiques sociales basée sur la science plutôt que sur l’idéologie ou la partisanerie.»

L’Observatoire souhaite être le lieu vers lequel converge tout ce qui est produit dans la province et à l’étranger dans le domaine et ainsi devenir la référence sur le sujet.

«Parce que si les inégalités sont moins grandes au Québec qu’ailleurs, elles ont tendance à s’accroître depuis les 30 dernières années et ce phénomène a un coût, poursuit M. Zorn. Ce n’est pas une question d’être de droite ou de gauche. Il est temps de sortir des débats partisans pour prendre des décisions comme société qui seront des plus bénéfiques pour tous.»

Conférence du Prix Nobel d’économie Joseph E. Stiglitz

Le Prix Nobel d’économie Joseph E. Stiglitz donnera une conférence le 29 avril à l’UdeM à l’invitation de l’Observatoire québécois des inégalités et du festival littéraire Metropolis bleu.

L’économiste recevra à cette occasion le tout nouveau prix Anthony-Atkinson pour l’égalité, qui récompense un ouvrage accessible et érudit ayant contribué de façon significative à l’avancement du débat public sur les inégalités économiques et sociales. C’est son essai Le prix de l’inégalité, paru en 2012, qui lui vaut cet honneur.

La conférence affiche déjà complet, mais elle sera retransmise en direct sur la page Facebook de l’Université.

Crédit : Alexandre Isard

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