Des professeurs de l’UdeM soutiennent la campagne Swab the World

  • Forum
  • Le 15 avril 2019

  • Martine Letarte
Pour s’inscrire sur le Registre des donneurs de cellules souches d’Héma-Québec, il faut réaliser un frottis buccal avec un long coton-tige.

Pour s’inscrire sur le Registre des donneurs de cellules souches d’Héma-Québec, il faut réaliser un frottis buccal avec un long coton-tige.

Crédit : Amélie Philibert

En 5 secondes

La survivante de la leucémie Mai Duong était de passage à l’UdeM pour sensibiliser les gens à l’importance d’une meilleure diversité culturelle dans les registres de donneurs de cellules souches.

En 2014, la campagne Sauvons Mai Duong, lancée par son amie Christiane Rochon, avait touché les Québécois droit au cœur. Cette jeune mère de famille d’origine vietnamienne cherchait désespérément un donneur dont les cellules souches compatibles, en se multipliant, pouvaient la sauver d’une rechute de la leucémie. Elle était alors confrontée à la très faible représentativité des communautés culturelles dans les registres de donneurs dans le monde. Aujourd’hui, elle va bien et les deux complices ont décidé de reprendre le bâton de pèlerin pour obtenir une meilleure représentativité des communautés culturelles. Des professeurs de l’Université de Montréal l’appuient.

«Si le patient qui a besoin d’une greffe de cellules souches a un frère ou une sœur, il y a seulement une chance sur quatre qu’il y ait une compatibilité et, dans le pool international, les chances sont très faibles et cela dépend malheureusement beaucoup de l’origine ethnique», explique Barbara Vadnais, professeure à la Faculté de pharmacie de l’UdeM et pharmacienne en hémato-oncologie et transplantation de cellules souches à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont.

Le frère de Mai Duong n’était pas compatible avec elle, pas plus que les 25 millions de personnes inscrites sur le registre mondial.

«Nous avons regardé les registres québécois et canadien et 70 % des donneurs sont blancs; donc, lorsqu’on appartient à une communauté culturelle comme la communauté haïtienne ou vietnamienne, ou qu’on est métissé, c’est vraiment un problème de trouver un donneur, a dit Mai Duong. C’est comme ça aussi aux États-Unis et ailleurs. Nous pensons que c’est assez. Christiane Rochon et moi avons créé la fondation Swab the World pour augmenter la diversité des donneurs.»

Barbara Vadnais, qui a suivi Mai Duong pendant sa leucémie, a voulu lui donner un coup de main avec sa fondation. L’équipe de Swab the World était donc en conférence le 11 avril à la Faculté de pharmacie pour sensibiliser les étudiants à l’importance de s’inscrire au Registre des donneurs de cellules souches d’Héma-Québec.

La science à la rescousse

La croisade de Mai Duong a aussi obtenu l’appui de Guy Sauvageau, chercheur à l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC) de l’UdeM et spécialiste des transplantations de cellules souches de la moelle osseuse. Véritable sommité mondiale, c’est à lui qu’on doit la découverte il y a quelques années de la molécule UM-171 capable de multiplier les cellules souches présentes dans le sang de cordon ombilical. Ce sang est intéressant pour traiter des maladies comme la leucémie, puisqu’il provoque moins de rejet, mais comme les cellules n’y sont présentes qu’en petite quantité, il y a environ 25 % de mortalité dans la première année suivant la greffe. La découverte de Guy Sauvageau permet d’augmenter la disponibilité de cellules souches compatibles dans le cordon.

Comme Mai Duong n’a finalement jamais réussi à trouver de donneur de moelle osseuse, c’est vers le sang de cordon qu’elle a dû se tourner. Elle est arrivée juste avant que la première étude clinique de la UM-171 commence.

«Dans cette étude réalisée sur 22 patients, le taux de mortalité a été de moins de 5 %, et il y a eu très peu de récidives, même si certains patients étaient aux soins palliatifs en commençant l’étude, précise le Dr Sauvageau. Si Mai était arrivée un an plus tard, on aurait pu lui offrir une greffe de cordon moins risquée.»

Les études cliniques se multiplient maintenant au Canada, aux États-Unis et en Europe, et Guy Sauvageau est d’avis que c’est dans ce greffon UM-171 que se trouve la piste la plus prometteuse, puisqu’elle permettrait de traiter tous les patients, peu importe leur ethnicité. Par contre, il ne fait aucun doute à ses yeux qu’il faut continuer à diversifier le registre de donneurs.

«J’espère qu’on pourra un jour remplacer la greffe de moelle osseuse par le greffon UM-171, mais ça prendra au moins 10 ans encore avant que ce soit accessible, mentionne le Dr Sauvageau. Et de toute façon, ce ne sera jamais un remplacement pour tous les cas. C’est pour cette raison qu’il est important de participer à Swab the World.»

La fondation a été créée en octobre par Mai Duong et son amie publicitaire Christiane Rochon, qui avait été l’instigatrice et la maître d’œuvre de la campagne Sauvons Mai Duong. Déjà, leurs efforts ont porté leurs fruits.

Héma-Québec comptait 0,4 % de donneurs d’origine asiatique en 2014. C’est maintenant 4,9 %, alors que la population d’origine asiatique représente 2,6 % de la population du Québec.

Il reste toutefois de grandes avancées à faire pour d’autres origines ethniques. Par exemple, les personnes noires forment 4 % de l’ensemble de la population du Québec, mais seulement 0,5 % du Registre.

  • De gauche à droite: Barbara Vadnais (professeure à la Faculté de pharmacie de l’UdeM), Mai Duong (cofondatrice de Swab The World), Christiane Rochon (cofondatrice de Swab The World) et Guy Sauvageau (chercheur à l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie de l’UdeM).

    Crédit : Amélie Philibert
  • Les échantillons d’ADN sont gardé précieusement et si un jour, une personne malade dans le monde se trouve à être compatible avec un donneur d’ici, il sera contacté pour faire un don.

    Crédit : Amélie Philibert
  • L’équipe de Swab the World présente à la Faculté de pharmacie pour sensibiliser les étudiants à s’inscrire au Registre de donneurs de cellules souches d’Héma-Québec.

    Crédit : Amélie Philibert

Comment devenir donneur

Pour s’inscrire au Registre des donneurs de cellules souches d’Héma-Québec, il faut se soumettre à un frottis buccal réalisé avec un long coton-tige. Cet échantillon d’ADN sera gardé précieusement et, si un jour, une personne malade dans le monde se trouve à être compatible avec un donneur d’ici, il sera contacté pour faire un don. Sur des dizaines de milliers de personnes inscrites au registre d’Héma-Québec, seulement une dizaine d’entre elles sont appelées à donner chaque année.

Lorsque c’est le cas, le donneur a le choix entre deux méthodes: le don de cellules souches par sang périphérique après en avoir stimulé la production par la moelle osseuse – c’est la méthode la plus fréquente – ou par une courte opération où l’on prélève de la moelle osseuse dans la région lombaire.

Les jeunes de 18 à 35 ans peuvent s’inscrire au Registre et pourront être appelés à donner jusqu’à leurs 60 ans.

On peut s’inscrire au Registre en participant aux évènements de Swab the World ou sur le site d’Héma-Québec.