Annabelle Richard-Laferrière: boursière Gates de l’Université de Cambridge

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  • Le 26 avril 2019

  • Martine Letarte
Annabelle Richard-Laferrière

Annabelle Richard-Laferrière

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Annabelle Richard-Laferrière, étudiante de maîtrise en astrophysique à l’UdeM, reçoit la bourse Gates de l’Université de Cambridge pour réaliser son doctorat sur les trous noirs.

Les trous noirs fascinent Annabelle Richard-Laferrière depuis le début de ses études secondaires, alors qu’elle a lu Georges et les secrets de l’Univers, écrit par l’astrophysicien Stephen Hawking, sa fille Lucy et son ancien étudiant Christophe Galfard. Grâce à la bourse Gates de l’Université de Cambridge, qui lui permettra d’assumer les droits de scolarité et les frais de subsistance pour réaliser son doctorat ‒ soit 46 500 £ par année ‒, l’étudiante de maîtrise en astrophysique à l’Université de Montréal se penchera dès l’automne sur le transfert d’énergie des trous noirs supermassifs à leur environnement.

Il semble que toutes les galaxies massives, comme la Voie lactée, aient un trou noir supermassif en leur centre. Doté d’une masse extrême dans un volume infiniment petit, le trou noir ‒ dont on a vu une première photo le 10 avril ‒ a une force gravitationnelle si forte que ni la matière ni la lumière ne peuvent s’en échapper.

«Avant de tomber dans le trou noir, la matière tourne autour: c’est ce qu’on appelle le disque d’accrétion, explique Annabelle Richard-Laferrière. Avant que la matière soit engouffrée par le trou noir, il se forme à sa base d’énormes jets de particules si puissants qu’ils interagissent avec la matière entre les galaxies et c’est ce qui vient réchauffer le centre de l’amas de galaxies. Dans mon projet de doctorat, j’étudierai le transfert d’énergie entre ces jets et la matière autour.»

Annabelle Richard-Laferrière effectuera ces travaux sous la cosupervision de Christopher Reynolds et Andrew Fabian, professeurs d’astronomie à l’Université de Cambridge. Ce dernier a, avec des collègues, amené dans les années 90 l’idée de ce transfert de chaleur dans le centre des amas de galaxies. On les croyait auparavant froids en raison de leur grande perte d’énergie.

Une bourse internationale prestigieuse

Pour obtenir cette bourse, l’étudiante de 23 ans a soumis les travaux qu’elle a menés aux premier et deuxième cycles. Déjà au baccalauréat, son projet de fin d’études portait sur l’influence des trous noirs dans leur amas de galaxies. Et à la maîtrise, sous la supervision de Julie Hlavacek-Larrondo, professeure au Département de physique de l’UdeM, elle étudie la masse d’un des plus gros trous noirs supermassifs.

«Je regarde le mouvement du gaz autour du trou noir, puisqu’il dépend de sa gravité qui, elle, dépend uniquement de sa masse», vulgarise Annabelle Richard-Laferrière. Ses parents, ingénieurs, ont su développer chez elle une curiosité scientifique, notamment grâce au télescope que son père a à la maison.

Femme de tête

En plus de solliciter la candidature d’étudiants dotés de capacités intellectuelles exceptionnelles, le comité de la bourse Gates de l’Université de Cambridge, créée en 2000 par la Fondation Bill & Melinda Gates grâce à un don de 210 M$, recherche des gens au leadership affirmé qui s’engagent à améliorer la vie des autres.

Déjà, Annabelle Richard-Laferrière multiplie les efforts pour attirer plus de femmes en physique. Elle joue entre autres un rôle actif au Département de physique depuis plusieurs années pour favoriser la participation à l’activité Les filles et les sciences, qui vise à mieux faire connaître aux adolescentes des deuxième et troisième secondaire les professions scientifiques et technologiques.

«Plusieurs jeunes pensent que les scientifiques sont des personnes isolées de la société, souvent des hommes, en sarrau! J’aime rencontrer les enfants pour leur montrer que des gens ordinaires peuvent aller en sciences», raconte celle dont la mère a la bosse des maths et qui l’a toujours aidée dans ses devoirs.

Annabelle Richard-Laferrière continuera cet engagement de l’autre côté de l’océan Atlantique, notamment au cours des nombreuses rencontres grand public organisées par l’Université de Cambridge en astronomie. Et elle espère pouvoir monter des projets dans des écoles primaires.

«Plusieurs activités sont proposées pour créer des liens entre les 92 boursiers qui viennent de partout dans le monde afin qu’ils s’entraident et mettent sur pied des initiatives», précise-t-elle.

Elle a bon espoir qu’on réussira à augmenter encore la proportion de femmes en physique. Depuis quelques années d’ailleurs, les avancées technologiques ont permis de grandes découvertes en astrophysique, dont plusieurs ont été réalisées par des femmes.

«Plusieurs astrophysiciennes interviennent dans les médias actuellement, se réjouit-elle, et je suis convaincue que cela encourage plus de filles dans les écoles à prendre ce chemin.»

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