«Kuei!» Déjà 158 étudiants ont appris l’innu à l’UdeM

  • Forum
  • Le 29 mai 2019

  • Mathieu-Robert Sauvé
En un peu moins de deux ans, 158 étudiants et étudiantes ont suivi des cours d’innu à l’Université de Montréal.

En un peu moins de deux ans, 158 étudiants et étudiantes ont suivi des cours d’innu à l’Université de Montréal.

Crédit : Amélie Philibert

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Les cours de langue innue à l’Université de Montréal connaissent un succès croissant depuis leur lancement, en 2017.

En un peu moins de deux ans, 158 étudiants et étudiantes ont suivi des cours d’innu à l’Université de Montréal. Cet intérêt pour une langue autochtone montre la pertinence de l’activité proposée, d’autant plus qu’il est en croissance, selon Gabriella Lodi, responsable pédagogique du Centre de langues de la Faculté des arts et des sciences (FAS) de l’UdeM. «Nous avons offert principalement des cours de base, mais il y a aussi des cours de deuxième niveau; le troisième niveau viendra dès cet automne», précise Mme Lodi. Chaque cours de trois crédits (45 heures) s’inscrit dans un ensemble comptant quatre niveaux d’apprentissage.

Mme Lodi est à Gatineau cette semaine à l’occasion du 87e Congrès de l’Acfas pour présenter un premier bilan de ce programme d’enseignement original. Elle est accompagnée d’Yvette Mollen. Mme Mollen, spécialisée dans la traduction de l’innu vers le français (et inversement), est actuellement l’unique chargée de cours du programme de l’UdeM.

Dès la mise sur pied de ce programme entre 2015 et 2017, l’objectif des organisateurs était d’attirer des étudiants et étudiantes de différents horizons. Ils peuvent dire mission accomplie, car une bonne proportion d’étudiants (34) viennent de l’extérieur du milieu universitaire. Ils sont enseignants, consultants, professionnels de la santé, traducteurs, etc. Les autres groupes importants sont issus du Département d’anthropologie (25) et d’autres programmes de l’UdeM (20). Au total, 10 étudiants sont d’autres universités montréalaises.

Une formatrice idéale

Le Centre de langues de la FAS offre chaque année quelque 200 cours à des classes comptant jusqu’à 32 étudiants. Treize langues sont au menu. Pourquoi avoir choisi d’ajouter l’innu plutôt que le cri ou l’attikamek? «Cette décision n’a pas été facile, reconnaît Mme Lodi. Nous nous sommes concentrés sur l’innu après avoir tenu compte du nombre de locuteurs et de la qualité des règles orthographiques depuis la réforme des années 80, ce qui a fait consensus dans la plupart des communautés.»

Mme Lodi admet avoir eu une petite frayeur au moment d’embaucher la personne capable d’enseigner la langue innue, car les candidats qualifiés ne courent pas les rues. Elle affirme avoir trouvé la perle rare en la personne d’Yvette Mollen, une Innue d’Ekuanitshit qui avait une expérience d’enseignement à l’Université du Québec à Chicoutimi. Titulaire d’un DESS en intervention éducative, elle compte plusieurs publications à son actif.

Pour Gabriella Lodi, originaire d’Italie, les langues des Premières Nations préservées jusqu’à aujourd’hui confèrent au Québec une grande richesse linguistique. «Ce patrimoine culturel est inestimable et ne doit pas se perdre», dit-elle.