Découverte d'une maladie génétique affectant les cellules souches musculaires

Ce type de maladie, inconnu jusqu’à maintenant, compromet spécifiquement la survie des cellules souches musculaires et entraîne une faiblesse musculaire progressive pouvant devenir sévère.

Ce type de maladie, inconnu jusqu’à maintenant, compromet spécifiquement la survie des cellules souches musculaires et entraîne une faiblesse musculaire progressive pouvant devenir sévère.

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Une équipe de recherche internationale dirigée par des chercheurs du CHU Sainte-Justine et de l'UdeM a mis au jour une maladie génétique rare affectant les cellules souches musculaires.

Ce type de maladie musculaire, qui était inconnu jusqu’à maintenant, compromet spécifiquement la survie de ce groupe de cellules et entraîne une faiblesse musculaire progressive pouvant devenir sévère. Le résultat de ces travaux a été publié dans la revue Genetics in Medicine.

Dans cette étude, les chercheurs se sont intéressés à des patients atteints d’une maladie musculaire non diagnostiquée qui causait une hypotonie (baisse du tonus musculaire), une scoliose (déformation de la colonne vertébrale) et une atrophie musculaire progressive (diminution de la masse des muscles). Des biopsies musculaires ont montré la diminution de la taille des fibres musculaires et le remplacement du tissu musculaire par du tissu fibreux et adipeux, sans toutefois qu’il y ait présence de nécrose cellulaire.

En collaboration avec des équipes de recherche d’autres pays, les chercheurs ont découvert que cinq individus souffraient d’une maladie musculaire de gravité variable et venaient de quatre familles non apparentées, dont un était suivi au CHU Sainte-Justine. L’utilisation de technologies de séquençage de nouvelle génération a permis d’identifier des variants susceptibles de provoquer une perte de fonction dans le gène PAX7.

La croissance et la régénération des muscles squelettiques reposent sur des cellules souches musculaires appelées cellules satellites. «Le rôle du gène PAX7 a largement été étudié en laboratoire sur des modèles précliniques, et il a été prouvé que ce gène était essentiel au bon fonctionnement des cellules satellites et au développement des muscles postnatals, mais les conséquences chez l'homme n’avaient jamais été établies jusqu’à ce jour», dit Nicolas Dumont, professeur adjoint à l’École de réadaptation de l’Université de Montréal et chercheur au CHU Sainte-Justine.

«Nos résultats indiquent que, contrairement à d’autres maladies musculaires, telles que les dystrophies musculaires, qui provoquent une fragilité des fibres musculaires et une dégénérescence musculaire, une mutation dans le gène PAX7 n'altère pas la stabilité des fibres, mais conduit plutôt à l'épuisement des “stocks” de cellules satellites et par conséquent à une diminution de la capacité de croissance et de régénération musculaires», explique Philippe Campeau, médecin généticien au CHU Sainte-Justine et professeur au Département de pédiatrie de l'UdeM.

Le CHU Sainte-Justine: centre d’expertise en maladies génétiques rares

«Cette découverte favorisera un diagnostic rapide et précis de la maladie. Ultimement, elle mènera à une meilleure compréhension de ses mécanismes sous-jacents et permettra de se pencher sur des thérapies pharmacologiques ou géniques susceptibles d’améliorer la capacité régénérative des cellules satellites chez les patients afin d'améliorer leur qualité de vie et de mieux contrôler la maladie», ajoute le professeur Dumont. «Le CHU Sainte-Justine est un chef de file dans la prise en charge de patients atteints de maladies rares et cette découverte vient renforcer cette position. Elle ouvre une nouvelle avenue pour la détection d’autres mutations génétiques rares impliquant les cellules souches musculaires, ce qui n’avait jamais été fait auparavant», conclut Jacques L. Michaud, médecin généticien dirigeant le projet de séquençage d’exomes et de génomes au CHU Sainte-Justine et responsable du patient suivi en génétique au centre hospitalier depuis son jeune âge.

À propos de l’étude

L’article «Biallelic variants in the transcription factor PAX7 are a new genetic cause of myopathy» a été publié dans la revue Genetics in Medicine en mai 2019. Nicolas Dumont est chercheur au CHU Sainte-Justine et professeur adjoint à l’École de réadaptation de l’Université de Montréal. Philippe Campeau est médecin généticien, chercheur et chef adjoint de l’axe de recherche Santé musculosquelettique, réadaptation et technologies médicales au CHU Sainte-Justine, et professeur adjoint de clinique au Département de pédiatrie de l’Université de Montréal. Les chercheurs sont soutenus par le Fonds de recherche du Québec – Santé, les Instituts de recherche en santé du Canda, la Fondation des maladies rares, la Fondation CHU Sainte-Justine, le réseau ThéCell et le Réseau de cellules souches. Cette étude internationale a nécessité la collaboration d’équipes de recherche d’Allemagne, d’Arabie saoudite, d’Autriche et du Canada.

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