Les 48 premiers enquêteurs formés à l’UdeM achèvent leur formation
- Forum
Le 30 mai 2019
- Mathieu-Robert Sauvé
La FEP trace un bilan positif de la première année du Certificat en enquête et renseignement.
Quand la Faculté de l’éducation permanente (FEP) de l’Université de Montréal a ouvert son tout nouveau certificat en enquête et renseignement, en 2018, elle espérait une cohorte inaugurale de 70 étudiants. «Et c’était le scénario optimiste. Finalement, on a reçu 520 demandes», relate Fabienne Cusson, responsable de ce programme et l’une des principales bougies d’allumage de cette histoire à succès de la formation universitaire. Elle est venue présenter le bilan de la première année de ce programme au 87e Congrès de l’Acfas, qui se tient à l’Université du Québec en Outaouais.
À ce jour, 264 personnes ont suivi au moins un cours dans ce programme d’études et les 48 premiers finissants recevront leur diplôme au cours de l’été. «Nous savions que le milieu professionnel était intéressé, car nous avions effectué une étude de marché exhaustive: 20 entrevues avec des professionnels, une analyse de 155 offres d’emploi affichées à ce moment-là et une revue de la littérature sur le sujet. Mais nous étions encore loin du compte», a expliqué Mme Cusson le 26 mai en ouverture du colloque «Comprendre l’enquête: du soupçon à la sanction».
Il faut bien comprendre que l’enquête n’est plus ce qu’elle était, même si une certaine image de ce travail perdure. «Il y a encore des enquêtes policières comme celles qu’on voit à la télévision, mais de nos jours la grande majorité des enquêtes se font en dehors des milieux policiers. On mène des enquêtes dans les banques, dans les syndics professionnels et même dans de très nombreux ministères et organismes publics, par exemple à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail, à Revenu Québec, etc. Le mot enquêteur ne figure pas souvent dans la description de tâche, mais on cherche précisément cette expertise.»
Bienvenue chez Œil de lynx
Le Certificat en enquête et renseignement a été mis en place en un temps record: moins de deux ans entre l’idée d’un programme d’études et les premières entrées dans une salle de classe. Il a fallu mettre les bouchées doubles pour créer les cours. Dix-sept chargés de cours ont été embauchés pour couvrir la matière. Entretemps, on avait établi des liens avec des partenaires comme des services de police, les agences de renseignement et l’École de criminologie de l'UdeM.
Pour bien répondre aux objectifs pédagogiques (maîtriser le cadre légal de l’enquête, savoir recueillir des renseignements utiles, recourir à des méthodes rigoureuses et éthiques, posséder quelques idées théoriques sur le métier, etc.), il a fallu constituer un corpus complet mais entrant dans les limites d’un certificat. «Nous avons dû faire des choix, c’est certain», concède Mme Cusson. Si c’était à refaire, indique-t-elle, les cours de droit précéderaient les cours de méthodologie.
Mais elle se dit très fière du résultat. Elle évoque avec une émotion particulière la création du cours SIP 3500G ‒ Activité d’intégration en enquête, consistant en une simulation d’enquête. «L’étudiant doit mener une enquête de A à Z, en équipe. Il est embauché par la firme fictive Œil de lynx, qui a reçu le mandat de creuser une affaire pour un client.»
Si le cas est forgé de toutes pièces, il est très vraisemblable, car il a été inspiré par des faits réels. Quant aux sujets en cause, tant les victimes que les témoins et les suspects, ils ont été puisés dans une banque d’individus créés à l’aide de l’intelligence artificielle. «Nous avons monté une banque de 20 000 personnes virtuelles dont on possède même la photo obtenue à l’aide d’un site nommé This Person Doesn’t Exist! Cela donne un environnement très proche de la réalité, où les étudiants peuvent mettre en pratique leurs apprentissages.»
Comment se dessine l’avenir? Les responsables attendent avec impatience l’obtention d’un permis du Bureau de la sécurité privée, qui donnera au programme d'études une crédibilité supplémentaire. Une expansion du programme est envisageable compte tenu de cours offerts au campus de Longueuil. On souhaite répondre aux besoins en formation continue et renforcer l’offre de cours.
Mais on aura besoin aussi de nouveaux cas pour les limiers d’Œil de lynx.