Adultes nés prématurément: attention à l’hypertension artérielle et au diabète

Une étude révèle un risque élevé d’hypertension artérielle et d’intolérance au glucose chez les adultes nés très prématurément.

Une étude révèle un risque élevé d’hypertension artérielle et d’intolérance au glucose chez les adultes nés très prématurément.

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Une nouvelle étude recommande aux adultes nés prématurément un suivi médical préventif plus serré en ce qui a trait à l’hypertension artérielle et au diabète.

Une étude conduite au CHU Sainte-Justine et à l’Université de Montréal révèle un risque élevé d’hypertension artérielle et d’intolérance au glucose chez les adultes nés très prématurément. Les résultats de ces travaux sont présentés dans le journal Hypertension.

Chaque année, au Canada, huit pour cent des naissances surviennent avant terme (≤ 37 semaines de gestation) et un pour cent des naissances sont considérées comme très prématurées (≤ 29 semaines de gestation). Grâce aux progrès de la médecine, la grande majorité des nouveau-nés prématurés survivent et sont en bonne santé. Cependant, une fois à l’âge adulte, ils présentent un risque accru de maladies cardiovasculaires, mais les mécanismes sous-jacents restent inconnus.

«Dans la population générale, les facteurs de risque cardiovasculaire tels que l’inflammation, le stress oxydatif et l’obésité sont associés à l’hypertension artérielle et à l’intolérance au glucose. Toutefois, nous ne sommes pas en mesure de déterminer si c’est également le cas chez les individus nés prématurément», indique la Dre Thuy Mai Luu, pédiatre au CHU Sainte-Justine.

La cohorte HAPI

Afin de répondre à cette question, l’équipe de recherche a mis en place le projet HAPI (Health of Adults Born Preterm Investigation), qui vise à étudier la santé globale des adultes nés avant terme en désignant des signes précurseurs de maladies chroniques (comme l’hypertension artérielle, le diabète, l’ostéoporose ou la maladie pulmonaire chronique) pour traduire les nouveaux savoirs en protocoles de suivi et de traitement mieux adaptés à cette population.

Une multitude de données cliniques et biologiques approfondies ont été recueillies auprès des participants de la cohorte HAPI. Des 200 adultes qui la constituent, près de la moitié sont nés avant 29 semaines de gestation et les autres sont nés à terme (groupe témoin).

Les données ont été analysées par le DAdrien Flahault, premier auteur de l’étude. «Avec ces résultats, nous avons démontré l’existence d’un risque élevé d’hypertension artérielle et d’intolérance au glucose chez les adultes nés très prématurément, souligne-t-il. Toutefois, ces maladies ne semblaient pas nécessairement interreliées ou associées à l’obésité, contrairement à ce qu’on observe chez les adultes nés à terme. De plus, les niveaux d’inflammation et de stress oxydatif étaient comparables dans les deux groupes.»

Effectivement, les résultats révèlent que les prématurés ont de 2 à 3 fois plus de risques de souffrir d'hypertension à l’âge adulte que ceux nés à terme. Ils ont aussi 2 fois plus de risques d'être intolérants au glucose et 3,5 fois plus de risques d’avoir des problèmes pulmonaires.

«Les mécanismes conduisant à l’hypertension et à l’intolérance au glucose chez les individus nés prématurément diffèrent sans doute de ceux habituellement observés chez les sujets nés à terme. Il est donc important que les médecins de famille et spécialistes soient informés du risque plus élevé que les personnes nées prématurément développent des problèmes de santé cardiovasculaire, même si celles-ci ne présentent pas de facteurs de risque classiques comme l’obésité afin d’intégrer dans l’examen de routine une surveillance accrue de l’hypertension artérielle et du diabète, conclut la Dre Anne Monique Nuyt, néonatologiste au CHU Sainte-Justine. Cette approche pourrait permettre d’améliorer la trajectoire de ces personnes.»

À propos de l’étude

L’article «Increased Incidence but Lack of Association Between Cardiovascular Risk Factors in Adults Born Preterm» a été publié dans le journal Hypertension en janvier 2020. Le premier auteur est Adrien Flahault, chercheur postdoctoral sous la supervision des Dres Anne Monique Nuyt et Thuy Mai Luu. Les auteurs principaux sont les Dres Anne Monique Nuyt et Thuy Mai Luu, professeures au Département de pédiatrie de l’Université de Montréal et cliniciennes-chercheuses au CHU Sainte-Justine. L’étude a été soutenue par les Instituts de recherche en santé du Canada, la Fondation canadienne pour l’innovation, la Fondation CHU Sainte-Justine, le Fonds de recherche du Québec – Santé et la Fondation des étoiles.

À propos du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine

Le Centre de recherche du CHU Sainte-Justine est un établissement phare en recherche mère-enfant affilié à l’Université de Montréal. Axé sur la découverte de moyens de prévention innovants, de traitements moins intrusifs et plus rapides et d’avenues prometteuses de médecine personnalisée, il réunit plus de 200 chercheurs, dont plus de 90 chercheurs cliniciens, ainsi que 500 étudiants de cycles supérieurs et postdoctorants. Le centre est partie intégrante du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, le plus grand centre mère-enfant au Canada.

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