Comment survivre psychologiquement au télétravail en temps de pandémie?
- Forum
Le 2 avril 2020
- Martin LaSalle
Pour les personnes qui ont des enfants à la maison, il importe de clarifier avec son gestionnaire les attentes relatives au travail et d’expliquer sa réalité afin de pouvoir aussi être des parents sans se culpabiliser…
Crédit : Getty
La professeure et psychologue Véronique Dagenais-Desmarais donne quelques trucs pour préserver sa santé mentale, destinés aux personnes qui, confinées, font du télétravail… avec ou sans enfants.
Qu’on soit travailleur autonome, pigiste ou employé habitué à se rendre au bureau, le confinement imposé par les autorités sanitaires oblige plusieurs d'entre nous à organiser leur temps de travail à la maison et à faire face aux tensions que la proximité avec les proches peut entraîner.
Professeure au Département de psychologie de l’Université de Montréal et spécialiste de la psychologie du travail et des organisations, Véronique Dagenais-Desmarais indique en quoi le confinement peut affecter la santé mentale des personnes qui effectuent du télétravail… et partage avec nous quelques trucs pour la préserver!
Qu’est-ce que le confinement change dans la dynamique du télétravail?
Le confinement rend de plus en plus floues les frontières entre les domaines de vie: notre habitation devient notre lieu à la fois de travail et de ressourcement personnel. Certains travailleurs avaient auparavant une frontière bien délimitée entre le travail et la famille, tandis qu’actuellement il devient très difficile, voire impossible, de la maintenir.
Les personnes qui préféraient tracer des frontières plus imperméables entre les différentes sphères de leur vie doivent déployer plus d’énergie pour s’adapter ‒ par exemple en faisant évoluer leur vision de la conciliation travail-famille ‒, ce qui implique une charge mentale additionnelle.
La conciliation télétravail-famille est-elle incompatible avec le confinement?
Pas nécessairement. Par contre, les gens doivent composer avec les tensions émanant de la conjugaison des rôles qu’ils ont à jouer. Et il peut y avoir incompatibilité si l'on exige d’un employé qui vit avec ses enfants de répondre aux mêmes exigences qu’en temps normal…
Pour les personnes qui ont des enfants à la maison, il importe de clarifier avec son gestionnaire les attentes relatives au travail et d’expliquer sa réalité afin de pouvoir aussi être des parents sans se culpabiliser… On peut ainsi négocier les tâches qu’on peut mettre de côté ou réaménager son horaire de travail afin d’éliminer les ambigüités qui pourraient accentuer le stress.
Par ailleurs, dans la mesure du possible, on peut collaborer avec son partenaire de vie en établissant un horaire qui permet de se répartir les tâches domestiques et le temps en famille.
Comment s’adapter au télétravail quand on n’y est peu ou pas habitué?
Chaque personne s’adapte à sa façon, selon son degré de familiarité avec les outils mis à sa disposition ainsi que sa capacité à composer avec les exigences des divers pans de la vie quotidienne. L’adaptation se fait sur plusieurs fronts et il faut s’accorder du temps pour y parvenir. Et sur le plan technologique, tous n’ont pas les mêmes aptitudes; les organisations doivent être souples tout en donnant des directives précises pour favoriser l’adaptation.
À cet égard, quel rôle doivent jouer les organisations pour faciliter le télétravail chez leurs employés?
Les employés ne doivent pas travailler en vase clos! C’est pourquoi la communication est très importante et, sur ce plan, l’employeur a une obligation de moyens: si l’on demande à ses employés d’effectuer du télétravail, il faut leur fournir les outils requis tout en tenant compte de la capacité de chacun de se les approprier. Il se peut que de la formation soit nécessaire et il faut l’offrir dans la mesure du possible… tout en n’oubliant pas que nous vivons une situation extrême qui n’est pas optimale pour l’acquisition de nouvelles aptitudes.
Comment garder l’équilibre?
Si j’avais la réponse, je serais riche! (Rires.) Il n’y a pas de réponse unique. Je crois toutefois que chacun gagnerait à faire une petite analyse de ses besoins et à nommer toutes les sphères de sa vie: non seulement la famille et le travail, mais aussi les loisirs, les amis ‒ la vie sociale est durement touchée par cette crise ‒, la vie spirituelle. Ensuite, on cherche à voir comment on peut satisfaire chacun de ces aspects du mieux qu’on peut. Si l’on ne se concentre que sur le travail et la famille, il y aura des facettes importantes de la vie qui en souffriront éventuellement.
Il faut prendre le temps de se poser quelques questions et d’y répondre: qu’est-ce qui a de l’importance pour moi? Qu’est-ce que je peux mettre en veilleuse sans trop sentir de frustration? Que puis-je contrôler pour garder l'équilibre?
En déterminant des priorités, on peut mieux trouver les moyens de nourrir différentes sphères importantes de sa vie et l’on a plus de chances de passer au travers en s’adaptant.
Quels sont les signes que notre équilibre mental est fragile?
Il faut prendre le temps de s’observer. Et si vous constatez des changements dans votre humeur, plus d’irritabilité qu’à la normale, ou encore dans votre sommeil, votre appétit, du découragement ou des idées noires, vous pourriez être en situation de détresse psychologique… et il faut agir!
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N’hésitez pas à vous tourner vers des ressources d’aide, tel l’Ordre des psychologues du Québec, dont le site Web prodigue plusieurs conseils, en plus de répertorier ses membres et leurs coordonnées, selon leur champ d’intervention.
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Des outils pour faciliter le télétravail à l’UdeM
Afin de vous aider à travailler de l’extérieur du campus, les Technologies de l'information de l'UdeM ont développé une boîte à outils complète qui recense les différentes plateformes libres d’accès. Vous y trouverez également quelques recommandations permettant de travailler dans les meilleures conditions.
