Des composants de fruits et légumes pour freiner le coronavirus?

  • Forum
  • Le 1 juin 2020

  • Martin LaSalle
Des chercheurs de l'UdeM testeront le pouvoir de certains polyphénols d'inhiber les interactions entre les protéines du SRAS-CoV-2 et des récepteurs à la surface de cellules chez l’humain.

Des chercheurs de l'UdeM testeront le pouvoir de certains polyphénols d'inhiber les interactions entre les protéines du SRAS-CoV-2 et des récepteurs à la surface de cellules chez l’humain.

Crédit : Getty

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Un projet de recherche auquel participe le professeur Normand Mousseau vise à évaluer la capacité des polyphénols, qu’on trouve notamment dans certains fruits et légumes, à freiner le coronavirus.

Se pourrait-il que des composés chimiques naturels présents dans certains fruits et légumes ‒ les polyphénols aux propriétés antioxydantes ‒ puissent ralentir la propagation du SRAS-CoV-2, responsable de la COVID-19? 

C’est la question qu’examinent Normand Mousseau et Roger Gaudreault, respectivement professeur et chercheur invité au Département de physique de l’Université de Montréal, dans un projet de recherche fondamentale qu’ils viennent de mettre sur pied. 

Soutenue par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, cette étude interuniversitaire est menée en collaboration avec les professeurs Charles Ramassamy, du Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie de l'Institut national de la recherche scientifique (INRS), Theo van de Ven, de l'Université McGill, Steve Bourgault, de l'UQAM, Kokou Adjallé, du Centre Eau Terre Environnement de l'INRS, et la société Fruitomed. 

«Les virus sont des brins d’ARN enveloppés dans une poche formée de lipides ‒ des graisses ‒ qui les protègent de leur environnement, explique Normand Mousseau. Ces poches sont hérissées de protéines qui leur permettent de s’accrocher à la membrane de cellules pour y injecter leur ARN qui prend alors le contrôle de la cellule infectée pour se multiplier et contaminer l’hôte.» 

L’hypothèse des chercheurs est que, en réduisant la capacité du coronavirus à se fixer aux cellules, on parviendra à en limiter la progression. 

Pour ce faire, ils testeront le pouvoir de polyphénols d’inhiber les interactions entre les protéines du SRAS-CoV-2 et des récepteurs à la surface de cellules chez l’humain.  

«Comme les preuves scientifiques tendent à démontrer que le SRAS-CoV-2 s’immisce dans le système nerveux pour affecter le cerveau, nous souhaitons aussi étudier l'effet préventif des polyphénols quant à l’action des protéines du SRAS-CoV-2 sur le centre respiratoire», poursuit M. Mousseau.

Vers un nouvel éclairage sur le «modus operandi» du coronavirus

Normand Mousseau

Crédit : Amélie Philibert

Cette recherche théorique et expérimentale vise à mieux comprendre de quelle façon se comporte le SRAS-CoV-2 avec les cellules qu’il infecte. 

Pour relever ce défi le plus rapidement possible, les chercheurs adoptent une approche multidisciplinaire qui s’appuie sur des méthodes à la fois de modélisation moléculaire et expérimentales de visualisation des complexes polyphénol-protéine en temps réel «afin d’approfondir notre compréhension des interactions physicochimiques entre les protéines et les polyphénols». 

Les résultats de ces travaux seront ultérieurement complétés par des études sur des modèles biologiques, soit des ganglions de la racine dorsale du centre respiratoire cérébral. 

«Les résultats de cette étude permettront d'acquérir de nouvelles connaissances relatives aux effets néfastes du SRAS-CoV-2 sur des problèmes respiratoires et de désigner des molécules naturelles ayant un potentiel protecteur, conclut Normand Mousseau. Ces résultats ouvriront des perspectives multiples aussi bien pour l'étude des mécanismes neuro-invasifs que pour la mise au point des traitements contre le SRAS-CoV-2.» 

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