COVID-19: trois questions à la nouvelle conseillère du recteur

La Dre Raynault est la personne-ressource en santé publique pour le déconfinement dans le milieu de la culture et pour l’augmentation de l’enseignement en présentiel dans les établissements d’enseignement supérieur.

La Dre Raynault est la personne-ressource en santé publique pour le déconfinement dans le milieu de la culture et pour l’augmentation de l’enseignement en présentiel dans les établissements d’enseignement supérieur.

Crédit : Amélie Philibert

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La Dre Marie-France Raynault, professeure émérite de l’UdeM, devient conseillère spéciale du recteur sur les questions liées à la COVID-19.

Marie-France Raynault

Crédit : Cinq-Mars Photo

Depuis le début de la pandémie, la Dre Marie-France Raynault, professeure émérite de l’Université de Montréal et chef du département de médecine préventive et de santé publique du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), est engagée sur différents fronts pour lutter contre la COVID-19. Elle a d’abord contribué à former les médecins et les soignants du CHUM sur le virus, les mesures instaurées et l’évolution de la courbe. Maintenant, elle prête main-forte à la Direction générale de la santé publique pour réaliser des comparaisons internationales des mesures destinées à freiner la propagation de la maladie. Elle est également la personne-ressource en santé publique pour le déconfinement dans le milieu de la culture et pour l’augmentation de l’enseignement en présentiel dans les établissements d’enseignement supérieur. C’est donc une experte dans la gestion de la pandémie que le recteur de l’UdeM, Daniel Jutras, a recrutée. Voici trois questions à la Dre Marie-France Raynault. 

Comment voyez-vous votre rôle à titre de conseillère spéciale du recteur pour la gestion de la COVID-19?

J’analyse les mesures mises en place à l’Université et j’interviens au sein du comité de coordination de la COVID-19. Je fais aussi de la prospective. En me basant sur la science, je regarde comment l’UdeM devrait se préparer pour la suite, notamment en vue du retour des activités en présentiel. Puis, je pourrai faire le lien entre la Direction générale de la santé publique et l’Université de Montréal en expliquant les mesures suivies et les attentes. Devenir conseillère spéciale du recteur m’apporte aussi beaucoup. C’est bien d’être dans un comité interministériel pour discuter des enjeux de présentiel à l’université, mais c’est bien aussi d’avoir un pied sur le terrain pour voir où sont vraiment les défis dans les mesures qu’on préconise.

Comment trouvez-vous la situation actuelle au Québec et dans les universités?

Il ne se passe pas grand-chose avec la COVID-19 dans les universités parce que l’enseignement se déroule principalement à distance. Par contre, au Cégep de La Pocatière, une éclosion dans les résidences a amené une détérioration marquée de la situation sanitaire dans la région du Bas-Saint-Laurent et il a été difficile de revenir au plateau d'avant. Dans les établissements d’enseignement supérieur, le danger n’est pas dans les salles de classe, mais dans ce qui se passe autour. Les universités ont quand même connu des cas sporadiques d’infection. C’est normal parce qu’il y a beaucoup de transmission communautaire actuellement au Québec et la deuxième vague touche surtout les jeunes adultes. Mais ces cas n’ont pas donné lieu à des éclosions sur les campus, donc cela signifie que les mesures fonctionnent. Au Québec, la situation est stabilisée, mais à un niveau trop haut selon moi. Cela nous rend vulnérables à une nouvelle flambée. Nous avons implanté des mesures sévères, mais on ne réussit pas à faire décroître la transmission. Dans certains endroits, particulièrement à Québec et dans la région de Chaudière-Appalaches, le délestage des soins de santé est commencé. Mais on en a fait tellement dans la première vague qu’on n’a pas encore rattrapé le retard dans les interventions chirurgicales. Ce retard rend la situation encore plus grave quant à la deuxième vague. En Europe, beaucoup de pays vivent une deuxième vague ascendante, où la croissance des cas est exponentielle. On a l’impression que ce sera difficile à atténuer parce que, d’après moi, les mesures de distanciation physique ont été mises en place tardivement, notamment en France, où la capacité dans les unités de soins intensifs devrait être atteinte dans les prochains jours. C’est plus inquiétant que chez nous.

Quels sont les prochains défis en matière de gestion de la COVID-19 pour les établissements universitaires?

Même si les universités ont réussi à être créatives, il y a une limite dans la durée de l’enseignement à distance, ne serait-ce que pour la formation de l’identité professionnelle. Il faudra reprendre les activités en présentiel et gérer l’achalandage sur les campus avec tous les risques que cela comporte. Je ne vois pas de gros changements pour janvier, mais il devrait y avoir un retour au présentiel l’été ou l’automne prochain. Si l’on a un vaccin rapidement, on pourrait alors envisager une diminution significative des mesures de prévention dans les prochains mois et la rentrée de l’automne 2021 comporterait beaucoup moins d’enjeux. Sinon, on aura de nouveaux défis en raison de toutes les mesures qu’on devra appliquer pour augmenter l’enseignement en présentiel avec le virus qui circule.