Le prestigieux prix Killam récompense le professeur de l’UdeM Michel Bouvier
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Le 3 février 2021
Le biochimiste Michel Bouvier reçoit le prix Killam pour ses contributions scientifiques majeures en pharmacologie moléculaire, qui ouvrent la voie à de nouveaux types de médicaments.
Comme chaque année depuis plus de 50 ans, les prix Killam rendent hommage aux chercheuses et chercheurs les plus inspirants au pays dans cinq disciplines. Pour l’année 2021, le Conseil des arts du Canada décerne le prix Killam en sciences de la santé à Michel Bouvier, expert de renommée internationale dont les percées dans le domaine des récepteurs couplés aux protéines G (RCPG) ont permis d’élaborer de nouvelles approches thérapeutiques pour diverses maladies, dont le cancer, le diabète et l’obésité.
L’éminent scientifique parmi les plus cités dans le monde enseigne au Département de biochimie et médecine moléculaire de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal et dirige l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC) de l’Université de Montréal.
Il est aussi à la tête du «Bouvier Lab», le Laboratoire de pharmacologie moléculaire et signalisation cellulaire, qu’il a mis sur pied en 1989 à l’UdeM. Avec son équipe, il traque les RCPG, ces protéines cellulaires responsables de reconnaître les odeurs, la lumière, les molécules gustatives, les neurotransmetteurs et autres hormones qui assurent une communication efficace et fiable entre les divers composants d’un être vivant et leur environnement.
«L’importance de ces récepteurs dans la physiologie et la pathologie est considérable, car, souvent, les maladies découlent de problèmes de communication dans notre organisme, explique-t-il en entrevue. Cette classe de protéines représente la plus grande famille de cibles thérapeutiques pour la mise au point de nouveaux médicaments.»
Une carrière florissante
Formé auprès des meilleurs – d’abord en sciences neurologiques à l’UdeM sous la direction de Jacques de Champlain, aussi lauréat d’un prix Killam (1991), puis en pharmacologie moléculaire à l’Université Duke (Caroline du Nord), au laboratoire du Dr Robert J. Lefkowitz, Prix Nobel de chimie (2012) –, Michel Bouvier a été aux premières loges de la «révolution en biologie moléculaire». Pas étonnant qu’il ait choisi, à son retour à Montréal à la fin des années 80, de se consacrer à l’étude des mécanismes moléculaires qui régissent la signalisation cellulaire par le biais des RCPG dans le but de découvrir de nouveaux médicaments plus efficaces avec moins d’effets secondaires.
Véritable centre international de formation, le «Bouvier Lab» compte aujourd’hui une vingtaine de personnes. «On a eu la chance d’y faire des découvertes importantes menant à de nouveaux concepts et outils innovants, affirme Michel Bouvier. Ces deux axes favorisent le transfert des connaissances, de la recherche fondamentale aux applications thérapeutiques, et encouragent par le fait même les interactions avec l’industrie pharmaceutique.» Le chercheur fait ainsi la preuve qu’il est possible d’interagir avec la société tout en préservant une indépendance créatrice.
Quand, en 2005, il se joint à l’équipe de l’IRIC, dont il devient directeur général en 2014, c’est justement avec la volonté d’en faire un pôle de recherche fondamentale capable de traduire rapidement en thérapies prometteuses les découvertes en oncologie. Au cours de sa carrière, il aura contribué au développement de la recherche sur les médicaments au Québec par sa participation notamment à la fondation de l’IRIC – Commercialisation de la recherche, du Groupe de recherche universitaire sur le médicament et du Réseau québécois en recherche sur les médicaments. À ce jour, il est détenteur d’une quinzaine de brevets.
Un prix pour la collectivité
Le prix Killam, qui vient couronner ses contributions scientifiques essentielles à la compréhension des RCPG, est une incitation à poursuivre ses travaux, notamment sur l’agonisme inverse, la signalisation biaisée, les chaperons pharmacologiques et la bioluminescence par transfert d'énergie de résonance. Des concepts que son équipe et lui ont été parmi les premiers – sinon les premiers – à introduire et qui sont maintenant utilisés par des scientifiques du monde entier.
«Cette reconnaissance rejaillit sur la présente équipe et la centaine d’étudiants, chercheurs postdoctoraux et adjoints de recherche qui sont passés par mon laboratoire au fil des ans. Ce sont eux les artisans de nos découvertes, insiste-t-il. Certains et certaines enseignent à l’université, d’autres travaillent dans des compagnies pharmaceutiques. Leur succès est l’une de mes plus grandes fiertés.»
Dans le contexte actuel de pandémie, le prix revêt une importance particulière pour la relève, ajoute-t-il. «Les jeunes sont éprouvés, beaucoup se posent des questions sur leur avenir. Mais de voir que la société reconnaît la contribution des scientifiques et fait rayonner l’UdeM à l’échelle canadienne, c’est encourageant.»
Sur une note personnelle, Michel Bouvier avoue être très touché par cette récompense, attribuée à feu son directeur de thèse. «Jacques de Champlain a été un deuxième père pour moi, qui ai perdu le mien à l’âge de 13 ans. Ça me fait chaud au cœur de recevoir comme lui cet honneur.»
À propos des prix Killam
Les prix Killam saluent la contribution et les travaux de recherche innovants de chercheurs et chercheuses, scientifiques, médecins et universitaires canadiens et canadiennes au sein d’entreprises privées, d’organismes gouvernementaux ou d’universités. Par leur audace et leur persévérance, ces visionnaires consacrent leur carrière à la recherche pour améliorer la qualité de vie dans le monde. Chaque lauréat ou lauréate reçoit une bourse de 100 000 $.