Un étudiant de l’UdeM récompensé au Festival international du film d’archéologie de Nyon

Pier-Louis Dagenais-Savard

Pier-Louis Dagenais-Savard

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Pier-Louis Dagenais-Savard, étudiant autochtone à la maîtrise sous la direction de Christian Gates St-Pierre, obtient le prix du meilleur film à petit budget pour son documentaire «Trous de mémoire».

Été 2018: Pier-Louis Dagenais-Savard participe à l’école de fouilles du Département d'anthropologie de l’Université de Montréal dirigée par Christian Gates St-Pierre. Il y filme ce qui deviendra, en 2019, un documentaire intitulé Trous de mémoire. Ce récit en noir et blanc de 24 minutes lui a valu le prix AMN du meilleur film à petit budget au 12e Festival international du film d’archéologie de Nyon en mars dernier.

Réalisé avec un peu plus de 3000 $, Trous de mémoire est un film introspectif jetant un regard sur l’archéologie et les fouilles universitaires du point de vue d’un étudiant de la nation huronne-wendate. Jour et soir, pendant un mois, une quinzaine de personnes participent à un projet scientifique sur le site Isings, un village iroquoien du 13e siècle situé à Saint-Anicet, en Montérégie. Alors stagiaire, Pier-Louis Dagenais-Savard est mandaté par son directeur de stage pour produire ce documentaire. «Je lui avais donné carte blanche, mentionne Christian Gates St-Pierre. Ce que je souhaitais, c'était la production d'un film qui montre comment se déroule la vie de tous les jours sur un chantier archéologique. J’avais envie qu’il présente sa perspective personnelle à partir de son identité autochtone. Pier-Louis troquait la truelle contre la caméra au moment qui lui semblait opportun, puisqu’il peut se passer beaucoup de choses dans une journée sur un chantier archéologique. Il y a même des moments où je ne savais pas qu'il était en train de filmer.»

Présenté dans divers colloques archéologiques à Montréal et à Québec, Trous de mémoire a également fait partie de la programmation du Festival international du film ethnographique du Québec de 2020, qui l’a qualifié de «rafraîchissant, beau et suant de vérités». Christian Gates St-Pierre s’assure aussi de l’inclure dans ses cours afin que les étudiants et étudiantes puissent avoir une nouvelle vision des fouilles archéologiques et réaliser l’influence de celles-ci sur les communautés autochtones.

Perspective autochtone

Si de nombreux documentaires archéologiques adoptent un angle pédagogique, c’est le côté personnel de Trous de mémoire qui le démarque du lot. «C'est presque un film d'art, en partie autobiographique, qui contient une réflexion critique et très personnelle du réalisateur, souligne Christian Gates St-Pierre. Alors que le film documentaire de type ethnographique montre habituellement le regard du chercheur sur son sujet d'étude autochtone, ici c'est l'Autochtone qui pose son regard anthropologique sur le travail des archéologues. Le regard est donc transformé par l'interversion des rôles, ce qui est quelque peu déstabilisant et contribue grandement à l'originalité du film.»

Si cette vulnérabilité n’a pas été un choix évident pour Pier-Louis Dagenais-Savard et qu’il lui a fallu une bonne dose de courage pour l’intégrer à son film, il ne regrette pas de l’avoir fait. «La réalisation de Trous de mémoire a été importante dans ma vie. Le film m’a donné l’occasion et le temps de réfléchir à ma situation, à savoir comment un Wendat québécois peut naviguer dans le milieu de l’archéologie et essayer d’en comprendre les enjeux, puis peut-être au passage d’améliorer la situation. Il m’a permis de mettre en mots les problématiques du domaine, mais aussi mes malaises, mes fiertés et mes espoirs en ce qui concerne le futur de l’archéologie préhistorique en lien avec les Autochtones au Québec et au Canada.»

Titulaire d’un baccalauréat en études cinématographiques, Pier-Louis Dagenais-Savard tente encore aujourd’hui de soutenir la communauté autochtone de l’Université de Montréal du mieux qu’il peut. C’est pour cette raison qu’il a accepté un poste d’animateur culturel au Centre étudiant des Premiers Peuples (CEPP) de l’UdeM. «Le salon Uatik a permis de créer chez moi un sentiment d’appartenance à la communauté étudiante de l’UdeM et je voulais recréer ce sentiment familial pour les autres étudiants autochtones en travaillant pour le CEPP. C’est un des plus beaux emplois que j’ai eus.»

Cliquez ici pour visionner Trous de mémoire.

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