Six diplômés honorés au gala Étincelles des diplômés et des donateurs

Suzanne Lévesque et Sébastien Benoît

Suzanne Lévesque et Sébastien Benoît

Crédit : Dominick Gravel

En 5 secondes

L’UdeM a salué le parcours de six diplômés au gala Étincelles du 26 mai, tenu en mode virtuel.

Prestations musicales, photomaton, tapis vert: le mode virtuel imposé par la pandémie n’aura pas eu raison du gala Étincelles du Réseau des diplômés et des donateurs de l'Université de Montréal. Entre deux airs disco du groupe invité Barry Paquin Roberge, les organisateurs ont offert une occasion privilégiée aux diplômés et donateurs d’échanger et de souligner le parcours de six de leurs collègues.

À défaut d’avoir pu être tenu l’an dernier, le gala remettait cette année ses prix 2020 et 2021 dans trois catégories: les prix de la relève, les prix Jean-Coutu – diplômé philanthrope et l’Ordre du mérite. Un hommage a également été rendu au recteur émérite Guy Breton sous la prose de Dardia Joseph, lauréate 2019 du concours d’éloquence Délie ta langue!

Animé par le chroniqueur Sébastien Benoît, diplômé en droit, et la journaliste Judith Lussier, diplômée en communication et politique, le gala s’est déroulé sous le signe de la confidence, alors que les lauréates et lauréats ont partagé avec l’auditoire leurs inspirations, leurs succès et ce qu’ils considèrent être la clé du bonheur.

Prix de la relève 2020: Ravy Por

Titulaire d’un baccalauréat en mathématiques, spécialisé en actuariat, Ravy Por est passionnée des chiffres. Vulgarisatrice en technologie, elle travaille à démocratiser les concepts et les métiers du secteur des STIM, c’est-à-dire la science, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques. Se qualifiant de persévérante, elle dit tenir ce trait de personnalité de ses parents. «Mes parents, qui sont passés à travers un génocide, sont venus au Québec et ont fait que j’ai maintenant accès à l’éducation, sont ma plus grande source d’inspiration. Ils ont travaillé dans le domaine du textile, dans des usines, mais aussi sur des terres. Ils sont vraiment un modèle de persévérance.» Cette qualité lui a été fort utile dans ses études et l’est tout autant aujourd’hui. C’est pourquoi elle a créé, au printemps dernier, une bourse à son nom. Celle-ci a pour but de soutenir les femmes issues de la diversité qui s’engagent dans la discipline des mathématiques et statistiques, une voie à prédominance masculine.

Ayant à cœur l’éducation, elle a fondé, en 2018, l’organisme à but non lucratif Héros de chez nous, qui vise à populariser la littératie numérique auprès des 13 à 25 ans. Offrant des ateliers et des conférences aux jeunes de tous les horizons sociaux et économiques, l’organisme propose également des capsules vidéos de vulgarisation scientifique. «Les réseaux sociaux sont des outils de communication et des outils de travail. Ils peuvent être autant positifs que moins positifs et c’est pour cette raison que, à travers Héros de chez nous, nous parlons beaucoup d’éducation numérique et d’éducation technologique. Il faut prendre le temps d’éduquer la relève, mais aussi la population en général.» Huit nouvelles capsules seront bientôt offertes sur des thèmes allant des jeux vidéos à la santé et à l’environnement.

Prix de la relève 2021: Lysa-Marie Hontoy

Lysa-Marie Hontoy a toujours eu l’être humain à cœur. Sa mère, qui travaille depuis 37 ans en psychiatrie, lui a transmis l’amour des gens et lui a appris à voir plus loin que les étiquettes et les préjugés. Doctorante en psychologie, la jeune femme travaille à éliminer les tabous liés à la maladie mentale et à briser l’isolement social chez les gens qui en souffrent. Elle a mis sur pied, à l’été 2018, Humain avant tout, qui lutte contre la stigmatisation des troubles mentaux et qui connaît aujourd’hui un franc succès, avec une communauté réunissant plus de 25 000 personnes. Chaque semaine, l’organisme partage des témoignages de gens qui vivent ou qui ont vécu des difficultés liées à la santé mentale. Ce faisant, Lysa-Marie Hontoy espère normaliser la souffrance psychologique et redonner espoir à ceux et celles qui y font face.

Souffrant d’un syndrome postcommotionnel récent, elle se voit forcée de mettre sur pause plusieurs projets. «C’est cohérent avec Humain avant tout parce qu’on encourage les gens à se reposer et à savoir quand ça ne va pas bien. On les incite à aller demander de l’aide. C’est ce que je fais en ce moment», admet-elle. Elle espère toutefois revenir le plus rapidement possible afin de poursuivre les projets entamés, tels qu’une série Web sur laquelle elle travaille depuis plusieurs mois. Elle aimerait également, après ses études, ouvrir une clinique Humain avant tout qui offrirait à la population des séances de psychothérapie à tarifs réduits.

«L’Université de Montréal a eu une très grande influence sur la personne que je suis devenue, mentionne-t-elle. Mes études m’ont permis de développer ma curiosité et mon ouverture sur le monde, mais ont surtout attisé en moi un désir de faire avancer les choses dans la société et de m’engager dans la communauté.»

  • Lysa-Marie Hontoy et Ravy Por

    Crédit : Dominick Gravel

Prix Jean-Coutu – diplômée philanthrope 2020: Suzanne Lévesque

À la tête de la Fondation J.-Louis Lévesque, que son père a créée en 1961 et dont elle a pris les commandes en 1974, Suzanne Lévesque participe activement à la vie de son alma mater. Ayant côtoyé Jean Coutu par l’entremise d’amis communs dans les années 80, elle avoue n’avoir jamais pensé obtenir un prix qui porterait le nom du pharmacien. «C’est avec beaucoup de gratitude et d’humilité que j’accepte cette récompense», avoue-t-elle.

Philanthrope, elle a remis plus de 20 M$ en dons à l’Université de Montréal au fil des années. Elle a été membre du comité d’honneur de la campagne majeure tripartite Campus Montréal et sa fondation a été reconnue comme ayant contribué de façon indéniable au succès du fonds de dotation du Département d’ophtalmologie.

Appuyant les secteurs de l’éducation et de la recherche médicale ainsi que des établissements de santé, la diplômée en traduction considère que la dernière année aura permis une prise de conscience sociétale. «La pandémie a quand même eu un côté positif. Elle nous a montré que la recherche était aussi importante pour le bien-être de la société que l’économie pour l’avancement d’un pays.»

Prix Jean-Coutu – diplômé philanthrope 2021: Morris Goodman

La première réaction de Morris Goodman lorsqu’il a su qu’il était lauréat 2021 du prix Jean-Coutu aura été de se demander «Pourquoi moi?» Ce philanthrope reconnu du monde pharmaceutique est toutefois honoré par cette récompense. «Obtenir le prix nommé en l’honneur de Jean Coutu, un collègue de classe que j’admirais énormément, est des plus prestigieux à mes yeux.»

Morris Goodman a su très tôt qu’il voulait être pharmacien. À l’âge de 10 ans, il fait ses premiers pas dans la profession en livrant des médicaments à vélo pour Manny Winrow, qui le prendra sous son aile. Il travaillera ensuite tous les étés dans le domaine, ce qui confirme son désir de poursuivre des études universitaires en pharmacie.

Une fois à l’Université de Montréal, sa voie se précise et il s’intéresse à la mise au point de nouveaux médicaments, ce qui scellera son avenir. Diplômé de la Faculté de pharmacie, il fondera, en 1983, Pharmascience, compagnie se spécialisant dans l’élaboration, la fabrication et la commercialisation de médicaments génériques. «L’Université m’a donné le goût de travailler avec les entreprises qui créaient des médicaments et d’importer ces avancées au pays. Je voulais commercialiser des médicaments qui n’étaient pas vendus ici pour améliorer la qualité de vie des gens.»

En 2003, il crée la Fondation de la famille Morris et Rosalind Goodman afin de s’engager auprès des communautés locales. Ciblant le secteur de l’éducation, il a soutenu de nombreux projets de recherche. Son don de trois millions de dollars aura permis la construction de l’agora Morris-et-Rosalind-Goodman de la Faculté de pharmacie. «Je crois fermement au concept qu’on ne vit pas seulement pour soi-même, souligne-t-il. Nous devons partager notre bonne fortune avec les autres et c’est ce qui m’allume encore et toujours.»

  • Suzanne Lévesque et Sébastien Benoît

    Crédit : Dominick Gravel

Ordre du mérite 2020: Anik Shooner

Peu de temps après avoir terminé ses études en architecture, Anik Shooner a fondé ce qui deviendrait plus tard la firme Menkès Shooner Dagenais LeTourneux Architectes, faisant d’elle l’une des rares femmes à avoir accompli cet exploit. Travaillant dans un milieu à dominance masculine, elle trouve important de conserver un équilibre hommes-femmes dans l’entreprise, qui emploie plus de 120 personnes. «On était trois associés au début et l’on est rendus neuf associés, dont cinq femmes. Mes deux premiers associés étaient des hommes et savaient très bien qu’il fallait garder l’équilibre. Si le nombre de femmes baissait, on engageait des femmes», raconte-t-elle. Fille de parents qu’elle qualifie de féministes, elle avoue ne jamais s’être rendu compte qu’elle avait choisi un champ d’activité où elle serait en minorité. «Pour moi, c’était tout naturel de pouvoir exercer la profession que je voulais, indique-t-elle. Quand je suis arrivée sur le marché du travail, tant sur les chantiers que dans les bureaux, je ne réalisais pas vraiment qu’il y avait plus d’hommes que de femmes. Moi, je voulais apprendre, faire des projets, j’étais passionnée, donc je fonçais. Je me souciais peu des commentaires, que je n’entendais pas vraiment. C’est plus tard qu’on m’a fait remarquer que j’étais une des rares femmes à la table, et qu'on me le signale encore aujourd'hui.»

Sa firme a mené à terme plus de 3000 projets, dont la conception du campus MIL. Membre du comité-conseil de la Faculté de l’aménagement, elle trouve important de s’engager auprès de son alma mater. Elle a notamment été ambassadrice de la campagne de dons planifiés pour le financement de l’École d’architecture. Pour elle, il est tout aussi important de donner à son prochain que de travailler sans relâche. «Ce prix m’a particulièrement touchée parce qu’il concerne ma carrière, mais aussi mon engagement social. C’est un aspect de ma vie dont je suis assez fière, d’avoir pu conjuguer les deux en parallèle.»

Ordre du mérite 2021: la Dre Caroline Quach-Thanh

Depuis mars 2020, son nom est souvent cité dans les médias. Présidente de l’Association pour la microbiologie médicale et l’infectiologie Canada, responsable de la prévention et du contrôle des infections au CHU Sainte-Justine et présidente du Comité consultatif national de l’immunisation, Caroline Quach-Thanh était déjà reconnue dans son milieu, mais la pandémie l’a soudainement fait connaître du grand public. Pour elle, cette transition médiatique s’est faite tout naturellement. «J’enseignais déjà, alors pour moi, cette fonction pédagogique auprès du public en général était un continuum.» Si elle affirme que l’Ordre du mérite met un baume sur une année difficile, elle avoue que la pandémie la rend fière du travail qu’elle a pu accomplir. «Tout ce que j’ai appris au cours de mes années, à la fois à l’université et dans ma carrière, s’est imbriqué pour me permettre d’être au bon endroit, au bon moment. D’avoir été capable de réaliser tout ce qui a été fait, d’outiller les gens pour mieux comprendre la pandémie, cela me rend excessivement fière de ce qui est arrivé.»

Fille aînée d’une famille vietnamienne immigrante, elle croit en la persévérance et considère que ce trait de personnalité l'a définie. «Lorsque nous ne sommes pas persévérants, nous n’arrivons à rien. Je le dis souvent à mes étudiants: ceux et celles qui réussissent ne sont pas nécessairement les plus brillants, mais ils sont assurément les plus persévérants.» Cette qualité a payé, puisqu’elle a été reconnue, en 2020, comme l’une des 100 Canadiennes les plus influentes dans la catégorie Sciences et technologies Manuvie. Pour cette diplômée en médecine, il est tout aussi important de ne pas avoir peur de sortir de sa zone de confort et d’accepter l’inconnu. «Il y a toujours une notion qu’on apprend, une attitude ou une aptitude qu’on développe. Cette soif d’apprendre, il faut vraiment la cultiver.»

  • Anik Shooner et Caroline Quach-Thanh

    Crédit : Dominick Gravel

Hommage à Guy Breton

«Figure ne laissant personne indifférent, nommé recteur émérite le 27 mai 2020, vous êtes arrivé il y a 10 ans à la tête de l’UdeM, le CV déjà bien garni et la passion de l’enseignement coulant littéralement dans vos veines. Vous êtes arrivé en promettant au Conseil l’inattendu et, au soir des 10 années qui ont passé, c’est la tête haute que vous pouvez dire avoir tenu parole.» La verve de Dardia Joseph au gala a bien représenté la carrière du recteur émérite Guy Breton. Celui qui aura été, selon le recteur Daniel Jutras, l’un des plus grands capitaines de l’histoire de l’Université de Montréal, est fier des changements qu’il a pu apporter, telles la création du Bureau de valorisation de la langue française et de la Francophonie et la construction de la station du Réseau express métropolitain Édouard-Montpetit. Tout au long de son mandat, le mot d’ordre était que l’improbable n’était pas impossible. Il avoue avoir retroussé ses manches à plusieurs reprises pour accomplir ce qu’il souhaitait, même s’il devait se battre pour y arriver. «Il faut arrêter d’avoir peur et promouvoir ce qu’on fait de bien, admet-il. Notre communauté de 400 000 diplômés a plein de compétences, de talent et de créativité. C’est là-dessus qu’il faut miser, c’est ensemble qu’il faut continuer. On peut faire des choses extraordinaires. Ne nous laissons pas freiner par la peur.»

Sous sa direction, l’Université de Montréal a réalisé plusieurs avancées significatives. La campagne de financement Campus Montréal, qu’il a menée de 2012 à 2017, a permis d’amasser 601 M$. Il était aussi à la tête du projet de développement le plus important de l’UdeM depuis la construction du campus de la montagne dans les années 40, soit le projet d’aménagement du Complexe des sciences et du campus MIL. Il a également obtenu, en 2016, 93 M$ du Fonds d’excellence en recherche Apogée Canada, ce qui représente la plus grosse subvention de recherche jamais accordée à l’Université. Projet après projet, il a fait de l’Université de Montréal ce qu’elle est aujourd’hui. «Le bonheur pour moi, c’est d’avoir des projets, confie-t-il. Ce que cela veut dire? C’est cibler un besoin ou un problème. C’est concevoir la solution: comment nous réglerons le problème ou répondrons au besoin, comment nous allons faire plaisir aux gens et satisfaire leurs attentes. Puis, c’est mettre en place cette solution parce qu’une université, ce n’est pas juste une boîte à paroles, il faut que ce soit une boîte à actions.»

  • Dardia Joseph et Guy Breton

    Crédit : Dominick Gravel