Prix du Québec: quatre professeurs de l’Université de Montréal se démarquent

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Les professeurs Gérard Beaudet, André Blais et Yvette Mollen obtiennent chacun un prix, alors que Patrick Leighton se classe comme finaliste du prix Relève scientifique.

Le gouvernement du Québec a dévoilé la liste des lauréats et lauréates des Prix du Québec 2021. Trois professeurs de l’Université de Montréal y figurent, soit Gérard Beaudet, André Blais et Yvette Mollen. Le professeur Patrick Leighton est quant à lui parmi les finalistes du prix Relève scientifique.

Plus haute distinction attribuée par le gouvernement provincial, les Prix du Québec sont décernés annuellement à des personnes qui se distinguent par leurs contributions exceptionnelles à leur domaine d’activité et qui font rayonner le Québec à l’échelle internationale. Les récipiendaires reçoivent une somme de 30 000 $, en plus d’une médaille en argent, gravée à leur nom et créée par une artiste québécoise, et d’un parchemin calligraphié signé par le premier ministre.

Gérard Beaudet est lauréat du prix Ernest-Cormier

Gérard Beaudet

Le prix Ernest-Cormier est remis à Gérard Beaudet, professeur à l’École d'urbanisme et d'architecture de paysage de la Faculté de l’aménagement. Accordé depuis 2014, il récompense la contribution exceptionnelle de gens des domaines de l’aménagement du territoire, de l’architecture ou du design québécois.

Figure incontournable de l’urbanisme et de l’aménagement au Québec, Gérard Beaudet a été l’un des premiers chercheurs québécois à s’intéresser à la question de la mobilité en urbanisme. Titulaire d’un baccalauréat en architecture et d’une maîtrise en urbanisme, il se distingue par son regard pluridisciplinaire sur des enjeux tels que l’aménagement du territoire, le patrimoine, le tourisme ou la morphologie urbaine.

Spécialiste des territoires constitutifs du Québec, il a pris part à de nombreux projets et études de transformation urbaine de diverses municipalités québécoises. Il a notamment contribué à l’implantation d’ensembles architecturaux dans le Vieux-Terrebonne, au réaménagement de la tête du lac Memphrémagog et à la consolidation des activités commerciales et des cadres bâtis du centre-ville de Bedford.

Vulgarisateur chevronné, il a écrit 27 chapitres de livres et publié 51 articles dans des revues scientifiques, en plus d’être auteur ou coauteur de 8 ouvrages. Il est l’un des experts en urbanisme les plus lus et entendus au Québec et, à cet effet, est fréquemment appelé à donner son opinion sur des sujets touchant à l’actualité. Très actif sur les scènes locale et nationale, il a collaboré à près de 200 activités à titre de conférencier invité, puis a participé à plus de 80 panels et tables rondes au cours de sa carrière.

Élu membre émérite de l’Ordre des urbanistes du Québec en 2010, il a laissé sa marque quant au développement et au rayonnement de l’urbanisme et de l’aménagement québécois. Il a obtenu, en 2004, le titre Personnalité centre-ville de l’année du Regroupement des centres-villes et des artères commerciales du Québec, puis, en 2014, le prix Guy-Chartrand dans la catégorie Personnalité marquante du domaine des transports collectifs, remis par Transport 2000 Québec.

André Blais remporte le prix Léon-Gérin

André Blais

Le prix Léon-Gérin a été attribué à André Blais, professeur au Département de science politique de la Faculté des arts et des sciences. Ce prix, l’un des deux originaux à la création des Prix du Québec en 1977, est la plus haute distinction remise à un chercheur ou une chercheuse ayant mené une carrière remarquable dans le domaine des sciences humaines et sociales.

Politologue parmi les plus prolifiques et influents dans le monde, André Blais est une figure de proue de l’analyse des comportements électoraux et des modes de scrutin. Chercheur au Centre interuniversitaire de recherche en économie quantitative, il est un précurseur de la recherche expérimentale en science politique, qui a recours aux sondages ou aux expériences en laboratoire ou sur le terrain. Spécialiste du vote stratégique et de la participation électorale, il a pris part à plusieurs études et comités au cours de sa carrière. Il a entre autres été membre de l’Étude électorale canadienne pendant près de 20 ans et chercheur principal de l’initiative Making Electoral Democracy Work pendant huit ans. Ces deux projets d’envergure sont reconnus internationalement et leurs retombées profitent encore aujourd’hui aux chercheurs et chercheuses à travers le monde.

Avec un indice h de 80, il est le politologue canadien le plus lu et le plus cité, avec plus de 26 000 citations. Il a publié, dans sa carrière, 22 livres, 220 articles scientifiques et 107 chapitres de livres, et il est fréquemment appelé à intervenir dans les médias. Son livre To Vote or Not to Vote, où il discute de la théorie selon laquelle le fait de voter relève davantage de l’adhésion, ou non, au sentiment du devoir civique, est aujourd’hui une référence en matière d’études électorales. Sa renommée fait d’ailleurs de lui un invité primé pour des conférences et des séminaires au Canada et à l’extérieur du pays. Il a coorganisé, en 2020, une conférence sur les modes de scrutin au Centre de recherches mathématiques ainsi que, de 2015 à 2020, l’École d’hiver en comportements politiques, qui accueille annuellement 25 étudiantes et étudiants étrangers.

Il a reçu de nombreuses distinctions, dont le prix Killam du Conseil des arts du Canada, le Prix d’excellence de la Société québécoise de science politique, le prix Acfas Marcel-Vincent et le Donald Smiley Prize pour le meilleur livre en politique canadienne de l’Association canadienne de science politique.

Patrick Leighton est finaliste du prix Relève scientifique

Patrick Leighton

Patrick Leighton, professeur au Département de pathologie et microbiologie de la Faculté de médecine vétérinaire, est l’un des deux finalistes du prix Relève scientifique. Attribuée à une personne de 40 ans et moins, cette récompense salue l’excellence des travaux de recherche des personnes nommées et leur capacité à entretenir des liens durables avec les milieux de la recherche.

Ayant commencé sa carrière à l’Université de Montréal en 2012, Patrick Leighton y a rapidement fait sa marque. Au moment où le Canada faisait face à un accroissement de la maladie de Lyme, il a conçu une technique permettant de prédire efficacement la vitesse de propagation des tiques dans les zones canadiennes à risque. Cette recherche a été l’une des quatre publications ayant mené à l’élaboration d’un projet de loi gouvernemental, puis à la création du Réseau de recherche canadien sur la maladie de Lyme, dont il est membre fondateur et où il dirige l'axe Réduction des risques. Il a de plus aidé à la mise sur pied du programme de recherche «Evaluation of fluralaner as an oral acaricide to reduce tick infestation in a wild rodent reservoir of Lyme disease», qui vise à rompre le cycle de transmission écologique de la maladie de Lyme dans l’environnement. Ce projet a incité la ville de Bromont, en plein cœur de la zone d’émergence de la maladie de Lyme au Québec, à faire appel à lui pour effectuer une étude d’intervention municipale dans son réseau de parcs municipaux.

Depuis les débuts de sa carrière professorale, il collabore à de nombreux projets et est membre de plusieurs groupes de recherche. En 2018, il a participé à l’élaboration d’une demande de subvention auprès du Fonds de recherche du Québec – Santé pour la création du Centre de recherche en santé publique, où il est chercheur de l’axe Une seule santé du monde. Depuis 2019, il est coprésident du comité des échanges scientifiques du Groupe de recherche en épidémiologie des zoonoses et santé publique de l’UdeM. Il est aussi membre fondateur du Groupe d’experts sur les maladies transmises par les tiques de l’Institut national de santé publique du Québec et président du Comité scientifique sur la rage au Québec du ministère de la Santé et des Services sociaux. Il a également aidé à la création et au financement de quatre réseaux de recherche pancanadiens, dont deux formés en réponse à la pandémie de COVID-19, soit le One Health Modelling Network for Emerging Infections et le Mathematics for Public Health. Aussi actif à l’échelle internationale, il a créé deux groupes de travail avec des collègues américains de l’Université Columbia et du département de l’Agriculture des États-Unis, en plus d’être fondateur et codirecteur du Canadian Arctic One Health Network, projet de recherche réunissant de nombreux intervenants et se déroulant dans l’Arctique canadien.

Yvette Mollen est lauréate du prix Gérard-Morisset

Yvette Mollen

Le prix Gérard-Morisset a été remis à Yvette Mollen, professeure invitée au Département de littératures et de langues du monde et au Centre de langues de la Faculté des arts et des sciences. Créé en 1992, ce prix est la plus haute distinction accordée à une personne ayant contribué de façon exceptionnelle à la sauvegarde et au rayonnement du patrimoine québécois.

Née dans la communauté innue d’Ekuanitshit (Mingan) sur la Côte-Nord, Yvette Mollen a consacré sa carrière à la préservation, la revitalisation et la transmission de sa langue maternelle, la langue innue. Avant de faire son entrée à l’Université de Montréal, elle a été coordonnatrice à l’Institut Tshakapesh, puis directrice de son secteur Langue et culture. Dans ces fonctions, elle a noué des liens avec de nombreux chercheurs et chercheuses et a ainsi pris part à plusieurs projets de recherche, desquels ont découlé diverses ressources visant la pérennité de l’innu-aimun. Elle a, entre autres, contribué à la création de la première banque de données du dictionnaire innu, à la diffusion de jeux et de catalogues en ligne et à la publication de livres jeunesse et de manuels d’enseignement. 

À l’UdeM, elle a structuré, en collaboration avec la didacticienne de l’enseignement des langues Gabriella Lodi, quatre niveaux d’enseignement de l’innu-aimun, proposés aujourd’hui au Centre de langues. Depuis leur élaboration en 2020, elle participe au plan d'action Place aux Premiers Peuples à titre d’experte-conseil et voit à la conception de nouvelles activités de formation et de recherche. Elle a également collaboré avec d’autres établissements postsecondaires, dont l’Université du Québec à Montréal, l’Université Carleton, l’Université Memorial et l’Université du Québec à Chicoutimi, où elle est chargée de cours.

Reconnue internationalement, son expertise est sollicitée par de nombreuses organisations. Bibliothèque et Archives nationales du Québec a fait appel à elle afin d’appuyer sa démarche de reconnaissance du corpus d’ouvrages en langues autochtones, menant à la création, en 2018, du Registre de la mémoire du monde du Canada. Il lui arrive aussi de travailler avec différentes maisons de production cinématographique pour aider à la traduction ou à l’adaptation de films, en plus d’agir en tant que réviseure ou traductrice pour diverses sociétés et maisons d’édition au Canada et à l’étranger. Elle est par ailleurs à l’origine de la traduction en innu-aimun de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, adoptée par le Canada en 2010.

Son engagement à l’égard de la protection de la langue innue a fait d’elle la première lauréate du Prix de la valorisation des langues autochtones, remis par le Secrétariat général de l’UdeM.