Étudier le placenta pour mieux comprendre une maladie infantile

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Certains gènes régulateurs du placenta seraient liés au degré de gravité des convulsions fébriles associées à des épisodes de fièvre, selon une étude codirigée par la chercheuse Sarah Lippé.

Pour la première fois, une équipe de recherche québécoise s’intéresse à l’expression de trois familles de gènes du placenta et à la survenue de convulsions fébriles chez les enfants.

Dirigée par la professeure Sarah Lippé, du Département de psychologie de l’Université de Montréal, et la professeure Cathy Vaillancourt, de l’Institut national de la recherche scientifique, l’étude a été publiée à la mi-septembre dans le Journal of Neuroendocrinology.

Les convulsions fébriles, des crises convulsives associées à des épisodes de fièvre, touchent de deux à cinq pour cent des enfants âgés de zéro à cinq ans. Elles peuvent entraîner, chez certains de ces enfants, des difficultés cognitives au cours de leur développement.

Dans le cadre du projet doctoral de Fanny Thébault-Dagher, assistée de la postdoctorante Morgane Robles pour les analyses placentaires, les chercheuses ont étudié trois familles de gènes exprimées dans le placenta: les systèmes de la sérotonine et des hormones du stress, qui participent au développement cérébral du fœtus durant la grossesse, ainsi que les régulateurs de vascularisation, liés au transport de l’oxygène et des nutriments.

Les chercheuses tentent de trouver, chez l’humain, le lien entre la mère, le placenta et le bébé, «une triade difficile à étudier». «C’est la première fois que ces régulateurs dans le placenta sont étudiés. Il est donc important d’observer systématiquement le placenta après la grossesse, qu’elle ait été normale ou pas, puisqu’ils peuvent contenir des éléments prédictifs des convulsions fébriles», souligne Cathy Vaillancourt.

Le stress maternel

Dans une étude précédente, la professeure Vaillancourt avait d’ailleurs remarqué que le stress chez la mère était lié à des modifications de l’expression de certains systèmes dans le placenta. La professeure Lippé, quant à elle, avait noté que le stress prénatal rapporté par la mère prédisait un âge de survenue plus précoce des convulsions.

Chez les animaux, le stress de la mère pendant la grossesse pourrait avoir un rôle à jouer dans le degré de gravité des convulsions après la naissance. «Le lien reste toutefois difficile à établir chez l’humain. Il est important de comprendre les mécanismes en jeu pendant la grossesse, puisqu’ils peuvent être associés aux convulsions après la naissance», explique Sarah Lippé.

La prochaine étape de la recherche consistera à valider sur une plus grande cohorte les résultats obtenus.

«Le neurodéveloppement commence le premier jour après la conception, il est donc essentiel de comprendre les étapes de la croissance du fœtus pouvant entraîner des conséquences postnatales», conclut la professeure Lippé.

À propos de l’étude

L’article «Febrile seizure incidence and age at first occurrence are associated with changes in placental normalized gene expression: The ‘3D’ pregnancy cohort study», par Fanny Thébault-Dagher, Morgane Robles, Catherine M. Herba, Joey St-Pierre, Celia Brochen, Gina Muckle, Sonia J. Lupien, Jean R. Séguin, William D. Fraser, Cathy Vaillancourt et Sarah Lippé, a été publié le 20 septembre 2021 dans le Journal of Neuroendocrinology. Cette étude a été rendue possible grâce à l’Étude 3D (réalisée auprès de 2366 dyades mère-enfant du Québec). Les travaux ont reçu un soutien financier des Instituts de recherche en santé du Canada, du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, du Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies, du Fonds de recherche du Québec – Santé et du Fonds Jean-Pierre Hogue.

 

 

 

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