Une feuille de route pour protéger nos démocraties à l'ère de l'IA
- UdeMNouvelles
Le 3 février 2025
Pour se prémunir contre les effets de l'IA sur les processus démocratiques, des spécialistes de plusieurs pays proposent un cadre d'action pour aider les institutions.
L'année 2025 sera importante pour la démocratie à l’échelle mondiale: plus de 30 pays doivent tenir des élections nationales dans un contexte profondément transformé par l'intelligence artificielle (IA). Des cas récents, notamment en Roumanie, au Brésil, au Gabon et aux États-Unis, illustrent la nécessité d'agir pour protéger l'intégrité électorale. La multiplication des fausses nouvelles et le recours croissant aux hypertrucages, en particulier, altèrent la confiance de la population et la qualité du débat démocratique.
Pour répondre à ces préoccupations, des spécialistes universitaires du Nord et du Sud proposent un cadre d'action pour aider nos institutions à mieux se prémunir contre les risques que comporte l'IA et ses effets négatifs sur les élections et les processus démocratiques. Ce cadre comprend quatre actions prioritaires:
- Modernisation du cadre règlementaire avec l’adoption de règles claires encadrant l'utilisation de l’IA en période électorale;
- Élaboration de codes de conduite sur l'utilisation de l'IA par les partis politiques;
- Mise en place d’équipes indépendantes pour surveiller l'intégrité électorale et préparer des plans d’intervention publique en cas de menaces alimentées par l’IA sur les élections;
- Création d’un groupe international de sauvegarde des élections à l’ère de l’IA et de protocoles d'entraide juridique internationale pour réagir à des cas d’ingérence électorale reposant sur l’IA.
Une initiative internationale d’envergure
Ces propositions ont été formulées dans le contexte des Énoncés de politiques mondiales sur l’IA, un projet commun d’IVADO, le principal consortium de recherche et de mobilisation des connaissances en intelligence artificielle au Canada, et de l’Initiative IA + Société, de l’Université d’Ottawa. Ce projet vise à fournir aux responsables politiques des recommandations de politiques publiques fondées sur des données probantes pour relever les grands défis mondiaux actuels en matière d’IA.
Pour le premier énoncé de cette série, «Quand l’IA s’immisce dans les élections: quatre actions à mettre en œuvre pour protéger leur intégrité et défendre la démocratie», Catherine Régis, professeure à la Faculté de droit de l’Université de Montréal et directrice de l'innovation sociale et des politiques internationales à IVADO, et Florian Martin-Bariteau, professeur à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa et directeur de l’Initiative IA + Société, ont réuni des chercheuses et chercheurs représentant les régions de l’Amérique du Nord, de l’Amérique du Sud, de l’Afrique et de l’Europe.
L’énoncé est disponible à ivado.ca et iasociete.ca. Il est accessible en français et en anglais, et sera traduit en espagnol, en portugais et en italien.
«Cette mobilisation reflète l'importance d'agir, mais représente aussi une occasion unique de contribuer à façonner l'avenir de nos démocraties. En unissant les expertises universitaires à l'échelle internationale, nous pouvons élaborer des solutions qui permettront de préserver l’intégrité des processus démocratiques», souligne Catherine Régis.
«Nos démocraties sont menacées par des ingérences liées à IA qui nécessitent des actions rapides et concrètes de la part de nos responsables politiques tant à l’échelon national que sur la scène internationale. Sans un effort mondial concerté pour aligner les lois, renforcer les capacités et mettre en place des processus pour atténuer les risques liés à l'IA, le Canada et les démocraties du monde entier restent vulnérables», avance Florian Martin-Bariteau.
Prochaines étapes
IVADO, l'Initiative IA + Société de l’Université d’Ottawa et leurs partenaires présenteront les recommandations contenues dans ce premier énoncé à une activité organisée le 10 février à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, en marge du Sommet pour l’action sur l’IA.
Ce projet a bénéficié du soutien du Fonds de recherche du Québec, du Centre d'expertise international de Montréal en intelligence artificielle, de la Chaire Canada-CIFAR en IA et droits de la personne à Mila (l’Institut québécois d’intelligence artificielle), de la Chaire de recherche de l’Université d’Ottawa en technologie et société de même que de l’aide de la délégation du Québec à Rome et de la Società Italiana per l’Organizzazione Internazionale.
Relations avec les médias
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Stéphanie Dufaud
IVADO – consortium en IA