Une étudiante découvre ses racines inuites

  • Forum
  • Le 2 juin 2021

  • Mathieu-Robert Sauvé
Daphné-Anne Olepika Takpanie Kiguktak

Daphné-Anne Olepika Takpanie Kiguktak

Crédit : Radio-Canada / Matisse Harvey

En 5 secondes

Daphné-Anne Olepika Takpanie Kiguktak a retrouvé ses racines inuites après avoir grandi à Montréal. Ça l’a menée à étudier la gestion philanthropique à l’UdeM.

Étudiante au certificat en gestion philanthropique de l’Université de Montréal, Daphné-Anne Olepika Takpanie Kiguktak est revenue sur les lieux de son enfance, dans le Grand Nord canadien, après avoir grandi dans le quartier Rosemont, à Montréal. «Ma mère m’a donné en adoption à ma naissance à une Québécoise qui travaillait dans le village», explique la jeune femme, qui vient de lancer l’organisme à but non lucratif Femmes autochtones en action.

C’est un voyage initiatique qui l’a menée dans un minuscule hameau du Nunavut, Grise Fiord, au terme d’un voyage de plus de 3500 km le 18 octobre 2020. Elle est née à des milliers de kilomètres de là, à Iqaluit, mais elle a tenu à entrer en contact avec sa famille élargie. Cette quête identitaire a été immortalisée par la documentariste Matisse Harvey, qui l’a accompagnée là-haut et en a rapporté un documentaire d’une grande beauté qu’on peut voir sur le site de Radio-Canada: Le voyage au bout de soi. Un balado a également été réalisé à cette occasion.

Daphné-Anne Olepika Takpanie Kiguktak ne cache pas qu’elle a eu un parcours jalonné de difficultés de tous ordres. Elle a notamment quitté l’école secondaire avant d’obtenir son diplôme, puis elle est revenue aux études. Durant son séjour dans le Grand Nord, elle a fréquenté le Collège de l’Arctique du Nunavut à Piqqusilirivvik, où elle a appris l’inuktitut. «Disons que je suis parvenue à prononcer quelques mots, ce qui est mieux qu’à mon arrivée. Je n’y comprenais absolument rien», relate-t-elle.

  • La communauté de Grise Fiorde est située sur la pointe sud de l´Île d'Ellesmere, au Nunavut.

    Crédit : Radio-Canada / Matisse Harvey

La philanthropie comme outil

C’est après avoir créé son organisme d’aide aux femmes autochtones qu’elle a réalisé qu’il lui manquait des outils de gestion, par exemple pour solliciter des fonds afin de financer ses activités. Elle a consulté Internet et découvert un programme sur mesure pour des gens comme elle: le certificat en gestion philanthropique de la Faculté de l’éducation permanente (FEP) de l’UdeM.

Elle a pu y être admise par l’intermédiaire du programme Accès FEP, qui permet à des personnes qui n’ont pas le parcours scolaire habituel de faire leur entrée à l’université. «C’était très difficile au début. Et ça l’est encore aujourd’hui. Les exigences d’un cours, consistant à lire des livres, des articles, à faire de la recherche et à écrire de longs travaux, ce n’est pas facile pour moi», admet-elle. L’apprentissage de logiciels de traitement de texte représente une lourde charge de travail.

Elle aura bientôt réussi son programme d’études et elle envisage déjà de s’inscrire au certificat en gouvernance autochtone de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Elle souhaite obtenir un baccalauréat par cumul.

Comment s’imagine-t-elle dans 10 ans? Comme la directrice générale de son organisme. Mais ce n’est pas un objectif absolu. «Si je suis simplement membre du conseil d’administration, ce sera déjà une immense fierté. L’important, pour moi, c’est de voir ce projet-là se concrétiser», dit-elle.

Sur le même sujet

autochtones éducation étudiants