Colloque sur l’énaction: un rassemblement virtuel et multidisciplinaire

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Le Groupe de recherche international et multidisciplinaire sur les théories énactives organise un colloque d’envergure sur l’énaction en août prochain.

Le Groupe de recherche international et multidisciplinaire sur les théories énactives (GRIMTE) organise une série d’ateliers et d’activités qui culmineront en un important colloque international qui aura lieu par Zoom du 23 au 27 août.

Se rassembler

Tout a commencé en décembre 2020 par l’organisation du séminaire L’énaction: réflexions et pistes méthodologiques avec quelques partenaires. «C’était censé être quelque chose de petit, entre nous, mais on a rapidement vu l’intérêt suscité. On s’est rendu compte qu’on avait beaucoup de choses à se dire et qu’il y avait de beaux projets qui pourraient émaner de cela», raconte Maria Grullon, doctorante en psychopédagogie à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal et coordonnatrice scientifique du colloque.

Après le succès de cette première rencontre, une demande de subvention au programme Connexion a été déposée auprès du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Le projet intègre autant des séances de formation que le colloque. Rassemblant étudiants, chercheurs et praticiens d’ici et d’ailleurs, la série d’activités vise à faire avancer la connaissance et à mettre en contact des spécialistes de partout dans le monde. «On a réalisé le potentiel de travail interdisciplinaire, transdisciplinaire et international. L’idée est donc de créer une occasion de dialogue liée à l’approche énactive et de nouer des liens», explique Letícia Renault, postdoctorante au Centre d’études sociales de l’Université de Coimbra, au Portugal, et membre du comité organisateur du colloque.

Au-delà du colloque

Il faut dire qu’un cours sur la perspective énactive est offert à la Faculté des sciences de l’éducation de l’UdeM depuis 2009, qui familiarise les enseignants et enseignantes avec cette perspective. «C’est à partir de là qu’on a commencé à établir un dialogue avec des collègues brésiliens», précise Francisco A. Loiola, professeur de psychopédagogie et organisateur du colloque.

Le cours crédité Enaction: du paradigme aux programmes de recherche est d’ailleurs donné virtuellement et en simultané au Brésil. De plus, des ateliers ont été prévus tout au long de l’été et au début de l’automne. Les activités se sont amorcées par la présentation du vulgarisateur scientifique Bruno Dubuc, qui a donné l’atelier Embodiment et énaction 101 le 16 juin. «Ces ateliers visent à préparer les gens qui s’y connaissent peut-être un peu moins à participer activement au colloque», dit Mme Grullon. Quatre balados seront également enregistrés.

Énaction: une définition

L’énaction est une façon de concevoir la cognition. «Ça met l’accent sur la manière dont les organismes vivants et l’esprit humain s’organisent eux-mêmes, en interaction avec l’environnement», résume M. Loiola. Le concept d’énactivisme a été élaboré par Francisco Varela, Humberto Maturana et plusieurs autres dans le milieu des années 80, mais restait relativement peu connu jusqu’à il y a quelques années. L’année 2021 marque ainsi les 20 ans de la mort de Francisco Varela et les 30 ans de la publication de son œuvre fondatrice.

Paradigme, perspective, approche, l’énaction s’oppose au cognitivisme classique, qui compare le fonctionnement de l’esprit à celui de l’ordinateur. «L’énactivisme considère que la cognition émerge du contact de l’être vivant avec son environnement. Il est incarné, situé, étendu, énactif», poursuit Mme Grullon. Cette perspective est ancrée dans la relation: «L’environnement influence la personne, mais c’est aussi la personne qui détermine ce qui dans l’environnement a un sens pour elle, à partir de son vécu propre», ajoute-t-elle.

Mathématiciens, psychologues, philosophes comme bouddhistes s’y intéressent, parfois de façon théorique, d’autres fois de façon plus pratique. L’énaction est par exemple beaucoup utilisée dans la recherche en intelligence artificielle.

Des perspectives internationales

Le GRIMTE s’est associé à cinq partenaires internationaux pour organiser ce colloque (Centres d’études sociales de l’Université de Coimbra au Portugal, Université de Aysén au Chili, Institut français de l’éducation, Université fédérale Fluminense au Brésil et Université de Genève).

Tenir le colloque en mode virtuel permettra d’entendre des conférenciers de renom, dont plusieurs proches collègues de Francisco Varela, comme Michel Bitbol, Natalie Depraz et Shaun Gallagher. «C’est une belle occasion de réunir des gens qui ne s’assoient pas souvent à la même table», constate Mme Grullon. Les conférenciers aborderont l’énaction sous divers angles et lunettes disciplinaires.

Le colloque multilingue offrira la traduction simultanée en quatre langues: français, anglais, espagnol et portugais. Il permettra surtout à des chercheurs, praticiens et étudiants de faire le point et de partager leurs idées dans une visée multidisciplinaire. «Où en sommes-nous et où allons-nous? C’est ce que nous voulons explorer en invitant des collègues de partout dans le monde», conclut M. Loiola.

Prochain atelier: Documenter l’expérience: un exemple dans le domaine du pilotage en éducation, par Clémence Jacq, du laboratoire ICAR de l’École normale supérieure de Lyon, le vendredi 9 juillet. Trois autres ateliers en portugais se dérouleront en août et septembre.

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