Documenter la violence conjugale pour mieux sensibiliser, prévenir et protéger

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Un nouvel ouvrage féministe et collaboratif fait la lumière sur la violence conjugale, ses causes, ses incarnations, ses conséquences et ses solutions.

Contrôle, manipulation, sévices, maltraitance, intimidation, représailles: autant de termes qui correspondent au cycle dévastateur de la violence conjugale.

À des lieues d’une simple «chicane de couple», la violence conjugale n’est pas un problème relationnel. Il s’agit d’un phénomène social, politique et pénal qui prend racine dans des rapports sociaux de pouvoir.

Tel est le plaidoyer d’un nouvel ouvrage collectif visant à mieux documenter les trajectoires de victimisation, de recherche d’aide et de recours aux services destinés aux femmes victimes de violence, auquel neuf membres de la communauté de l’Université de Montréal ont participé.

Intitulé Pratiques et recherches féministes en matière de violence conjugale: coconstruction des connaissances et expertises, ce livre décortique le phénomène de la violence conjugale à la lumière des plus récents travaux de recherche, dans un partenariat étroit avec les milieux de pratique et les victimes.

«Notre objectif était d’unir les savoirs des chercheuses et chercheurs, des intervenantes en milieu communautaire et des victimes pour expliquer que la violence conjugale résulte de rapports sociaux inégalitaires», précise Carole Boulebsol, coordonnatrice du comité de rédaction de l’ouvrage et doctorante en sciences humaines appliquées à l’UdeM.

Une approche résolument féministe

Pratiques et recherches féministes en matière de violence conjugale

L'ouvrage «Pratiques et recherches féministes en matière de violence conjugale»

La valorisation d’une pluralité de connaissances s’inscrit justement dans un désir féministe d’abolir les rapports de force dans la construction des savoirs. Puisque la collaboration et l’interdisciplinarité sont les pierres d’assise de cet ouvrage, qui repose sur la contribution de 54 auteures et auteurs issus de 13 universités et 10 milieux de pratique.

Édité aux Presses de l’Université du Québec, le livre explore cinq grands thèmes: les principes théoriques et pratiques relatifs à la violence conjugale, la sensibilisation et la prévention, les contextes de vulnérabilité, la recherche d’aide et le recours aux services, ainsi que la justice et le droit en matière de violence faite aux femmes.

«Nous voulions aborder le phénomène complexe qu’est la violence conjugale en ayant le plus d’outils complémentaires possibles tout en valorisant les savoirs des femmes, longtemps marginalisées et pourtant premières concernées», indique Carole Boulebsol.

«Ouvrir la boîte noire de la violence conjugale»

Conçu comme un ouvrage de référence à la fois pédagogique, professionnel et grand public, ce livre cherche donc à lever le voile sur les différents mécanismes qui contribuent à la violence conjugale.

Il aborde notamment la violence qui se manifeste après une séparation, les divers contextes de vulnérabilité – communautés autochtones, familles immigrantes, itinérance, etc. –, les obstacles judiciaires, le mariage forcé, les crimes basés sur l’honneur et les relations amoureuses à l’adolescence.

L’accent est mis sur l’importance d’une approche d’intervention globale, holistique, féministe et profondément humaine pour accompagner les femmes victimes de violence dans différents contextes de vulnérabilité en vue d’assurer leur sécurité et celle de leurs enfants, de préserver leur santé et de favoriser leur autonomie.

«On déconstruit et reconstruit la définition de la violence conjugale pour la poser comme un problème social et historique contre lequel nous devons lutter collectivement», conclut Carole Boulebsol.

L’origine de l’ouvrage

Le livre Pratiques et recherches féministes en matière de violence conjugale: coconstruction des connaissances et expertises est l’aboutissement de Trajetvi, un projet de partenariat de recherche entre universités et communautés financé par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.

Il porte sur un enjeu majeur en violence conjugale: l’adéquation entre les services disponibles et les besoins particuliers des femmes victimes de violence conjugale en contexte de vulnérabilité.

La directrice universitaire de cette initiative est Marie-Marthe Cousineau, professeure à l’École de criminologie de l’Université de Montréal.

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