Centenaire de l’Acfas à l’UdeM

Congrès de l'Association canadienne-française pour l'avancement des sciences tenu à Montréal le 22 octobre 1935.

Congrès de l'Association canadienne-française pour l'avancement des sciences tenu à Montréal le 22 octobre 1935.

Crédit : Niemi Studio Reg d

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L'Acfas a choisi l’Université de Montréal pour y tenir son 90e congrès et souligner les 100 ans de sa fondation. Les deux organisations sont très liées. Retour sur les origines de cette association.

Ce n’est pas un hasard si l’Acfas a choisi l’Université de Montréal pour y tenir son 90e congrès et souligner les 100 ans de sa fondation. «Pour parler le langage des plantes de Marie-Victorin, la racine de l’Acfas, c’est l’UdeM. Et ses premiers fruits aussi!» résume Yves Gingras, professeur à l’Université du Québec à Montréal, titulaire d’un doctorat en histoire et en sociologie des sciences de l’UdeM et auteur de Pour l’avancement des sciences: histoire de l’Acfas (1923-1993). Retour sur les origines de cette association dont l’héritage est bien en vie dans toute la francophonie.

«Dans les années 1920, Montréal devient un centre économique. Voilà pourquoi la ville obtient sa propre université», explique Yves Gingras.

Ainsi, l'UdeM s’affranchit de l’Université Laval en mai 1919. Dans la première moitié des années 1920, sept facultés sont créées, s’ajoutant aux trois facultés d’origine. Plusieurs professeurs sont embauchés, dont le frère Marie-Victorin qui, sur la base de sa vaste expérience et sans diplôme universitaire, devient le premier professeur de botanique de la toute nouvelle faculté des sciences.

«Il y avait énormément de dynamisme autour du frère Marie-Victorin, dit Yves Gingras. À cette époque, il était le seul porte-parole tonitruant de la défense de la science au Québec.» Par ses efforts de vulgarisation, le botaniste lutte contre l'ignorance des Canadiens français et s’exprime dans la sphère publique sur la valeur de la science comme moteur d’avancement économique et social.

Entre 1921 et 1923, ces nouveaux professeurs créent aussi des sociétés savantes, par exemple la Société canadienne d’histoire naturelle, lancée par Marie-Victorin, et la Société de biologie, mise sur pied par le professeur Louis-Janvier Dalbis. Rapidement, l’idée germe de les fédérer pour fonder une association dont le rôle serait de faire la promotion de la culture scientifique en français. Qui de mieux que Marie-Victorin pour piloter ce projet?

Création de l’Acfas

Au printemps 1923, «le frère Marie-Victorin écrit une lettre au recteur de l’UdeM, Mgr Piette, pour l’inviter à présider un déjeuner-causerie le 15 juin afin de jeter les bases de la société canadienne pour l’avancement des sciences», nous apprend Yves Gingras. C’est ainsi que le petit milieu scientifique de Montréal se réunit pour constituer l’Acfas, qui fédère 11 sociétés savantes à peine formées: biologie, médecine, physique, génie, chimie, histoire naturelle, mathématiques, astronomie, histoire, économie politique et philosophie. «L’Acfas est une création montréalaise, une œuvre collective de l’UdeM», fait remarquer M. Gingras.

Le radiologiste et professeur de médecine Léo Pariseau est nommé premier président de l’Acfas, «car semblerait-il que c’était son idée», selon Yves Gingras. Le frère Marie-Victorin en est le premier secrétaire et occupera ce poste pendant 10 ans. Dès la première réunion du nouveau conseil, en janvier 1924, on évoque l’idée de tisser des liens avec la région de Québec. Le secrétaire général de l’Université de Montréal, Édouard Montpetit, est chargé de faire le pont avec l’Université Laval.

De 1924 à 1933, l’Acfas met sur pied environ 250 conférences publiques. «Dans ses 10 premières années, l’Acfas est essentiellement une machine à donner des conférences dans les collèges classiques pour attirer des étudiants vers l’université», note Yves Gingras.

Premier congrès de l’Acfas

Du 2 au 4 novembre 1933, un premier congrès de l’Acfas est tenu à l’UdeM, à l’initiative de Jacques Rousseau, botaniste, ethnologue et élève de Marie-Victorin. Il lui succédera d’ailleurs au poste de secrétaire de l’Acfas et il y resta pendant 16 ans. «Jacques Rousseau était le bras droit de Marie-Victorin. Il a tenu l’Acfas à bout de bras», relate Yves Gingras.

À l’aube de ce premier grand rassemblement, le frère Marie-Victorin signe un texte dans Le Devoir: «C’est la première tentative de réunir, de grouper en un faisceau, non pas seulement, comme nous en avons l’habitude invétérée, de beaux projets et des espérances sur le papier, mais des réalisations, les réalisations opérées dans le domaine scientifique à la suite d’un mouvement concerté qui date d’une dizaine d’années.» Cette rencontre propose 133 communications sur les sujets de l’heure: la méthode scientifique dans les études sociales, la chimiothérapie arsenicale de la syphilis ou encore la télévision et la flore d’Abitibi. 

Tout comme les congrès contemporains de l’Acfas, le premier est associé à une activité grand public pour les jeunes. Une exposciences de botanique est donc organisée par le Cercle des jeunes naturalistes au Collège Mont-Saint-Louis en parallèle des colloques et autres activités scientifiques à l’UdeM. «L’expo a connu un succès monstre, affirme Yves Gingras. Les journaux rapportaient 100 000 visiteurs et ça avait fait la première page du Devoir. C’était vraiment la pensée de Marie-Victorin: inclure les jeunes dans les activités de l’Acfas.»

  • Jacques Rousseau, occupé au séchage des plantes aux monts Otish en 1930.

  • Premier laboratoire de l'Institut botanique dans l'ancien immeuble de l'Université de Montréal, rue Saint-Denis, en 1923. On y aperçoit, de gauche à droite, Jules Brunel, le frère Marie-Victorin et Gérard Gardner.

  • Le premier congrès de l’Acfas s’est tenu à l’UdeM à l’initiative de Jacques Rousseau, élève du frère Marie-Victorin.

Le 90e Congrès de l’Acfas à l’Université de Montréal

Cent ans après sa fondation, l’Acfas tiendra son 90congrès du 8 au 12 mai à l’Université de Montréal, à HEC Montréal et à Polytechnique Montréal. La rencontre se déroulera sur le thème «100 ans de savoirs pour un monde durable».

L’Acfas propose les plus importantes conférences multidisciplinaires du savoir et de la recherche de la francophonie auxquelles participent, chaque année, des milliers de personnes de toutes les disciplines qui y partagent leur travail et y tissent des liens.

«Le 90e sera le plus grand des congrès qu’on aura tenus», affirme Jean-Pierre Perreault, président de l’Acfas, vice-recteur à l’Université de Sherbrooke et diplômé en biochimie de l’UdeM. Avec le développement, depuis quelques années, de l’offre virtuelle du congrès, «on verra une explosion du nombre de colloques, du nombre d’activités et du rayonnement international», ajoute-t-il.

En 2022, le congrès de l’Acfas organisé à l’Université Laval a attiré des participants et participantes de plus de 50 pays.

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