Un nouveau traitement prometteur pour les bébés atteints du syndrome de Noonan

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En utilisant le tramétinib chez deux petits patients atteints du syndrome de Noonan, le professeur Gregor Andelfinger a réussi à stabiliser la maladie cardiaque, mais aussi à la faire régresser.

Une amélioration spectaculaire

Les bébés de moins de six mois atteints de SN, de cardiopathie hypertrophique et d’insuffisance cardiaque congestive ont généralement un mauvais pronostic, notamment 34 % de taux de survie après un an. Dans la nouvelle étude, les équipes cliniques de Sainte-Justine ont utilisé le tramétinib, un inhibiteur ciblant spécifiquement la nature activante des mutations, pour tenter de traiter deux patients atteints du SN.

Elles ont observé une amélioration spectaculaire de l’état clinique et cardiaque chez les patients seulement trois mois après le traitement. L’hypertrophie a régressé chez les deux patients, avec une amélioration continue sur un total de 17 mois de traitement et une normalisation des valeurs de laboratoire. L’un des patients, qui avait besoin de ventilation, a pu être extubé après six semaines de traitement. Et après le démarrage du traitement, une amélioration de la croissance des deux patients a été constatée.

«Les résultats décrits dans cette étude semblent indiquer qu’il serait possible de soigner des nourrissons atteints d’une forme de maladie cardiaque extrêmement grave, ce qui, si cela s’avérait, serait sans précédent et aurait vraiment un effet salutaire sur les familles dont les vies sont bouleversées par ce terrible problème de santé», a soutenu le DBruce Gelb, directeur du Mindich Child Health and Development Institute de l’Icahn School of Medicine à Mount Sinai, à New York.

«Maintenant, il nous faut effectuer les essais cliniques adéquats pour prouver que ce médicament est vraiment efficace pour ce problème particulier», a-t-il précisé.

Le syndrome de Noonan (SN) est un syndrome génétique rare dont les signes sont généralement apparents dès la naissance et qui est souvent associé à une cardiopathie grave à apparition précoce. Le SN fait partie d’un groupe de maladies appelées RASopathies qui sont causées par l’activation de mutations de protéines appartenant aux familles des protéines kinases Ras et des protéines kinases activées par les mitogènes.

Dans une nouvelle étude, des chercheurs de l’Université de Montréal et du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine démontrent qu’un inhibiteur de MEK appelé tramétinib peut faire régresser la cardiomyopathie hypertrophique et l’obstruction valvulaire chez les patients atteints d’un SN associé au gène RIT1. Cette recherche novatrice est publiée dans le Journal of the American College of Cardiology.

«Jusqu’à cette découverte, nos options thérapeutiques se limitaient aux interventions chirurgicales, notamment la transplantation cardiaque, et au soulagement des symptômes par des médicaments», a observé l’auteur de l’étude, le DGregor Andelfinger, cardiologue pédiatrique au CHU Sainte-Justine, chercheur au Centre de recherche de l’Hôpital universitaire Sainte-Justine dans l’axe des pathologies fœto-maternelles et néonatales et professeur agrégé au Département de pédiatrie de l’Université de Montréal.

«Le traitement par le tramétinib est la première méthode qui cible spécifiquement la cause moléculaire des RASopathies, a précisé le DAndelfinger. Bien que nos résultats soient encore très limités, nous présentons les résultats des premiers patients chez qui nous avons réussi non seulement à stabiliser la maladie cardiaque, mais aussi à la faire régresser. Ces résultats ouvrent la voie à des essais cliniques de plus grande envergure, qui s’imposent maintenant.»

Un premier pas prometteur

Bien que cette étude n’ait été effectuée que sur deux patients, compte tenu des résultats prometteurs obtenus, tout porte à croire que l’inhibition de MEK mériterait de faire l’objet d’études plus poussées en tant qu’option thérapeutique mécaniste pour les patients atteints de RASopathies, estiment les chercheurs. Cette étude soulève d’importantes questions quant au traitement de tels cas, en particulier en ce qui concerne son efficacité à long terme et son impact sur les autres manifestations des RASopathies.

En raison du rôle que joue le gène MEK dans la signalisation de l’hypertrophie cardiaque, Gregor Andelfinger croit qu’il est nécessaire de mener des études sur un plus grand nombre de participants pour évaluer les effets secondaires à long terme du traitement, le dosage optimal et les fenêtres thérapeutiques optimales, mais aussi pour étudier l’effet de ce traitement sur d’autres types de maladies cardiaques. Il est donc possible d’envisager que l’inhibition de MEK puisse s’avérer plus efficace dans les limites d’une période déterminée, avant le remodelage cardiaque irréversible lié aux RASopathies, y compris celles qui sont causées par d’autres gènes que RIT1.

À propos du CHU Sainte-Justine

Le Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine est le plus grand centre mère-enfant du Canada et le 2e plus important centre pédiatrique d'Amérique. Il est membre du grand réseau d'excellence en santé de l'Université de Montréal (RUIS). Il compte 5 457 employés dont 1 532 infirmiers et infirmières auxiliaires et 1 000 professionnels en soins, 520 médecins, dentistes et pharmaciens, 822 résidents et plus de 204 chercheurs, 411 bénévoles, 4 416 stagiaires et étudiants de toutes disciplines. Le CHUSJ comprend 484 lits dont 67 au Centre de réadaptation Marie Enfant (CRME), seul centre dédié exclusivement à la réadaptation pédiatrique au Québec. L'Organisation mondiale de la santé a reconnu le CHU Sainte-Justine « hôpital promoteur de la santé ».

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