Faire confiance au gouvernement

Une étude révèle que, dans sept pays, dont l’Espagne dirigée par le premier ministre Pedro Sánchez, l'intention de vote pour le parti au pouvoir a augmenté depuis le début de la pandémie.

Une étude révèle que, dans sept pays, dont l’Espagne dirigée par le premier ministre Pedro Sánchez, l'intention de vote pour le parti au pouvoir a augmenté depuis le début de la pandémie.

Crédit : Pool Moncloa / Borja Puig de la Bellacasa

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Une étude révèle qu'en Europe occidentale la crise de la COVID-19 a eu un effet positif sur le statu quo démocratique: le soutien des électeurs à leur gouvernement a augmenté.

André Blais

Crédit : Amélie Philibert

En Europe occidentale, les mesures restrictives imposées pour lutter contre la pandémie de COVID-19 ont donné un coup de pouce au statu quo démocratique: davantage d'électeurs se disent satisfaits de leurs dirigeants et soutiendraient le gouvernement lors d'une prochaine élection.

C’est ce que révèle une étude menée par André Blais, politologue à l'Université de Montréal, et des chercheurs de l'UdeM, de l'Université de Toronto et du King's College de Londres, qui ont examiné en mars et avril derniers les principales attitudes politiques dans 15 pays d'Europe occidentale.

Quelque 15 000 électeurs ont été interrogés en ligne avant et après l'introduction des mesures de confinement afin de mesurer leur soutien à leurs dirigeants et leur confiance générale dans une institution ou un gouvernement.

Pour déterminer la date à laquelle chaque mesure de verrouillage national a commencé, les chercheurs se sont appuyés sur les données recueillies par l’Oxford COVID-19 Government Response Tracker.

Certains répondants ont été interrogés avant le début du confinement dans leur pays et d'autres après, ce qui a permis aux chercheurs de suivre l'évolution de la pandémie et des efforts déployés pour la stopper.

Sept pays ‒ dont le Royaume-Uni, la France, l'Italie et l'Espagne ‒ ont commencé leur confinement pendant la période de l'enquête. (Pour éviter toute erreur de données, des pays comme l'Allemagne, où le confinement a été décidé à l’échelle infranationale, ont été exclus.)

Dans ces sept pays, selon plus de 6000 réponses obtenues, l'intention de vote pour le parti du premier ministre ou du président en exercice a augmenté globalement de quatre points de pourcentage, contre 24 % avant le confinement. Cela représente une hausse relative de 17 %.

Les résultats ont trait à des confinements complets, ont noté les chercheurs. Les restrictions politiques moins draconiennes, y compris les fermetures d'écoles et de lieux de travail, n'ont eu aucun effet sur les attitudes politiques.

La satisfaction à l'égard de la démocratie et la confiance dans le gouvernement ont grimpé de deux à trois points de pourcentage, soit une augmentation relative d'environ 5 % ‒ ce qui est aussi statistiquement significatif.

Les fermetures n'ont pas influé sur le niveau d'intérêt politique des électeurs ni sur le fait que ceux-ci se considèrent comme de droite ou de gauche. Il est donc probable qu'ils ne pensent pas que les mesures de confinement soient motivées par l'idéologie des partis.

«Nos conclusions sont positives pour la démocratie ou du moins pour les institutions démocratiques, a déclaré M. Blais, l'un des principaux experts mondiaux du comportement électoral et des systèmes électoraux. On pourrait argumenter que les dictatures sont mieux équipées pour prendre les décisions difficiles requises en cas de crise pandémique, alors que les gouvernements démocratiquement élus seraient trop timides pour le faire. Au contraire, la plupart des gouvernements démocratiques ont adopté des mesures de confinement rigoureuses et ont été récompensés par un soutien accru. Plus important encore, les mesures ont entraîné une plus grande satisfaction quant au fonctionnement de la démocratie.»

Apparemment, la plupart des répondants comprennent qu'un confinement social strict est nécessaire, a-t-il ajouté.

«Ils sont satisfaits de voir que leurs craintes sont prises en compte par leur gouvernement et même privilégiées par rapport aux intérêts économiques. Même en cette époque populiste, les institutions politiques traditionnelles bénéficient d'un certain soutien», a conclu André Blais.

À propos de l'étude

L’étude «COVID-19 lockdowns have increased support for incumbents, trust in government and satisfaction with democracy», par André Blais, Damien Bol, Marco Giani et Peter John Loewen, a été publiée le 7 mai 2020 sur VoxEU, le portail politique du Centre for Economic Policy Research, au Royaume-Uni.

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