Le pianiste Charles Richard-Hamelin élargit son répertoire en devenant professeur à l’UdeM

Le pianiste québécois Charles Richard-Hamelin à la salle Claude-Champagne de la Faculté de musique de l'Université de Montréal, où il vient d'être nommé professeur invité.

Le pianiste québécois Charles Richard-Hamelin à la salle Claude-Champagne de la Faculté de musique de l'Université de Montréal, où il vient d'être nommé professeur invité.

Crédit : Amélie Philibert

En 5 secondes

Le pianiste québécois de renommée internationale Charles Richard-Hamelin se joint à l’équipe de professeurs de la Faculté de musique de l’Université de Montréal.

La critique musicale au Québec le qualifie de «trésor national», tandis qu’au Japon on le décrit comme un «génie sans comparaison». Les Allemands reconnaissent la «finesse hors du commun de son jeu» et le prestigieux BBC Music Magazine lui accorde la plus haute note pour son dernier enregistrement de Chopin. Sans l’ombre d’un doute, le pianiste québécois Charles Richard-Hamelin a rejoint les rangs des plus grands pianistes de sa génération. Et cet automne, il rejoindra les rangs de la Faculté de musique de l’Université de Montréal en tant que professeur invité.

Charles Richard-Hamelin a très hâte de rencontrer ses premiers étudiants et étudiantes. Ne craint-il pas de leur faire peur avec sa stature de pianiste-vedette? Au contraire; il croit plutôt qu’ils pourront se reconnaître dans son parcours empreint de normalité. «Je ne viens pas d’une famille riche ou déjà établie dans le milieu musical. Je me suis rendu où je suis sans sauter d’étapes, en gravissant les échelons un à la fois. Mon parcours est donc tout à fait accessible pour celui ou celle qui aspire à devenir concertiste», explique le jeune trentenaire.

Une carrière propulsée par le plus prestigieux des concours

En 2015, Charles Richard-Hamelin remporte la médaille d’argent du Concours international de piano Frédéric-Chopin, l’un des plus prestigieux du genre et qui n’a lieu que tous les cinq ans. Sans exception ou presque, les lauréats de ce concours se trouvent propulsés sur la scène musicale internationale; Maurizio Pollini, Martha Argerich et Krystian Zimerman sont quelques-uns des gagnants.

Même au lendemain du concours Chopin, alors qu’abondaient les occasions pour lui de poursuivre sa carrière en Europe, M. Richard-Hamelin n’a jamais envisagé de vivre ailleurs qu’au Québec. «Plus je voyage, plus je suis heureux de vivre à Montréal. C’est difficile à mettre en mots, mais je dirais tout simplement que c’est ici que je me sens à la maison», confie-t-il.

L'enseignement: redonner ce qu'on a soi-même reçu

Dans sa «nouvelle maison» qu’est la Faculté de musique, le nouveau professeur retrouvera l’un de ses anciens professeurs, le pianiste Jean Saulnier, qu’il encense notamment pour sa manière de scruter les partitions à la loupe. «J’ai eu la chance d’avoir de formidables maîtres qui m’ont légué un immense bagage. C’est maintenant l’occasion pour moi de transmettre à la prochaine génération tout ce que j’ai reçu», mentionne celui qui définit son approche pédagogique comme étant pragmatique.

«Aucun professeur ne peut tout enseigner; on prend ici et là des éléments chez chacun.» Ce qui ne l’empêche pas d’avoir un certain idéalisme quant à ses nouvelles fonctions. «J’aimerais arriver à inspirer mes étudiants et étudiantes, à produire chez eux une étincelle. Je voudrais qu’ils ressortent de mes leçons avec le goût de travailler encore plus fort et avec un amour renouvelé pour la musique qu’ils interprètent», déclare-t-il.

Malgré une liste impressionnante de maîtres tels Jean Saulnier, Boris Berman et André Laplante, Charles Richard-Hamelin souligne l’importance qu’a eue dans sa formation son tout premier professeur de piano, Paul Surdulescu. «J’ai étudié avec lui de l’âge de 5 à 18 ans. On a commencé par des pièces pour enfants, puis on a terminé par des œuvres du grand répertoire comme le Concerto no 2 de Rachmaninov. Ils sont rares, ces professeurs qui peuvent couvrir le spectre qui va des tout-petits jusqu’aux élèves les plus avancés.» La tâche d’enseigner aux enfants en bas âge mériterait d’être valorisée davantage, selon lui. «On ne peut pas espérer enseigner à des étudiants de haut calibre sans ces premiers professeurs qui leur donnent une solide formation de base.»

«Au service de la musique»

Et l’interprétation dans tout ça, est-ce difficile à enseigner étant donné son aspect hautement individuel? «C’est une chose que d’avoir une personnalité, mais il y a quand même plein d’éléments qui sont objectifs dans l’interprétation, précise le musicien. Je suis de l’école de pensée qui prône que chaque décision doit être ancrée dans l’intention du compositeur. Selon moi, c’est l’étoffe des grands pianistes: ils mettent en avant la musique et non leur personnalité.»

Charles Richard-Hamelin finit par se dire que ce n’est peut-être pas si mal si ses étudiants et étudiantes ont quelque peu le trac avant de jouer pour lui. «Pour devenir un bon pianiste, il faut rechercher l’inconfort et toutes les occasions sont bonnes! Soyons honnêtes… il n’y a absolument rien de confortable à jouer des œuvres terriblement difficiles devant 2000 personnes!» lance-t-il. D’où l’importance pour le nouveau professeur de travailler avec sa classe sur le stress et la pression qui vont de pair avec un métier de la scène. «De toute façon, mes étudiants et étudiantes vont vite se rendre compte que je ne suis pas méchant», dit-il en riant.

Écouter Charles Richard-Hamelin lors de la grande finale du concours international Chopin
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Écouter Charles Richard-Hamelin lors de la grande finale du concours international Chopin

Charles Richard-Hamelin en concert