L’intelligence artificielle sous toutes ses facettes

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Médecine, droit, astrophysique, éthique, arts… Plus d’une centaine d’intervenants ont réfléchi sur les défis de l’intelligence artificielle au congrès TimeWorld 2022.

L’intelligence artificielle pourra-t-elle améliorer la santé? Va-t-elle remplacer les médecins? Contribuera-t-elle à accroître notre qualité de vie? Comment la règlementer?

Ces questions et plus de 100 autres ont été débattues au congrès mondial TimeWorld sur l’intelligence artificielle (IA), qui a eu lieu les 5, 6 et 7 mai au campus MIL de l’Université de Montréal. Ce congrès s’est déroulé dans la métropole, qui «constitue un pôle d’expertise exceptionnel en intelligence artificielle grâce aux chercheuses et aux chercheurs de renommée mondiale qui font rayonner notre collectivité et à plus de 13 000 étudiantes et étudiants qui sont inscrits dans un programme universitaire spécialisé en intelligence artificielle et en traitement des données», a souligné Carole Jabet, directrice scientifique du Fonds de recherche du Québec – Santé et intervenante de la rencontre.

Une révolution en arts

Le Portrait d'Edmond de Belamy, vendu 435 000 $ chez Christie’s il y a quelques années, a été peint par… un algorithme d’intelligence artificielle! Des technologies d’apprentissage profond et de reconnaissance faciale ont également été capables de peindre un faux Rembrandt. D’autres tableaux, des compositions musicales et également des poèmes ont été réalisés grâce à des algorithmes. Qui est alors le créateur derrière toutes ces œuvres? Peut-on encore parler de création humaine? La création est-elle maintenant l’apanage d’algorithmes? Ou peut-on voir, comme le suggère l’artiste Hervé Fischer, que «l’intelligence artificielle est une extraordinaire démonstration de l’intelligence humaine»?

Quand l’intelligence artificielle repousse les limites de chacun de nos sens

L’intelligence artificielle repousse les limites de notre vision de l’extrêmement lointain. Albert Einstein lui-même ne croyait pas à l’existence des trous noirs. C’est grâce à un algorithme créé à partir de quatre millions de milliards d'octets de données qu’une photo de trou noir a pu être obtenue, a précisé Julie Hlavacek-Larrondo, professeure au Département de physique de l’Université de Montréal et qui prenait part au congrès.

L’intelligence artificielle repousse également les limites de notre audition. Grâce à des implants cochléaires, des personnes sourdes peuvent entendre et l’IA permet des réglages encore plus performants.

D’autres implants au cerveau ont permis de diminuer les tremblements chez des personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Et avec Neuralink, Elon Musk étudie la possibilité de recourir à des implants cérébraux pour, selon ses dires, favoriser la mobilité de personnes paralysées. Mais jusqu’où peut-on aller?

Un univers de surveillance orwellien

En Chine, une jeune pousse a placé des capteurs d’ondes cérébrales sur le front d’enfants pendant qu’ils étaient en classe pour observer leur concentration. Ces informations étaient ensuite partagées avec leurs professeurs et leurs parents. Un article du Wall Street Journal à ce propos ayant suscité un tollé, la recherche sur ce casque s’est arrêtée. Mais d’autres recherches sur le sujet sont en cours.

En France, l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique travaille à un logiciel destiné à mieux mesurer la dynamique des foules. En effet, lorsqu’on repère une bousculade dans une foule, il est déjà trop tard. L’intelligence artificielle peut aider à prédire le comportement d’individus pour éviter des piétinements qui pourraient s’avérer mortels. Mais que se passerait-il si un gouvernement totalitaire utilisait ce logiciel de gestion de foules?

Le temps de légiférer

«Jusqu’à présent, les juristes se sont tenus à l’écart des informaticiens. Il est maintenant temps qu’ils s’en rapprochent pour décider de l’avenir de la législation concernant l’intelligence artificielle», a dit Pierre Larouche, professeur de droit à l’Université de Montréal et autre intervenant à la rencontre. Des lois existent déjà dans d’autres domaines qui pourraient s’appliquer à l’intelligence artificielle. Se poser simplement la question de ce qui est éthique ou non profite cyniquement aux entreprises et leur permet de continuer leurs projets.

Pendant ce temps, les avancées combinant droit et intelligence artificielle sont majeures. Le Laboratoire de cyberjustice de l’UdeM, dirigé par Karim Benyekhlef, a par exemple conçu JusticeBot, un robot capable de répondre à vos questions sur le droit au logement.

Une nécessaire responsabilité sociale

Peut-on apprendre aux algorithmes à être moins sexistes? «Les machines restent des machines! Elles ne font que refléter un problème de sexisme sociétal», a mentionné Daphné Marnat, experte en sciences sociales qu'on a pu entendre au cours du congrès. Ce sont aux créateurs et créatrices d’algorithmes que nous devons nous intéresser. 

L’intelligence artificielle: un problème nouveau? Il y a 40 000 ans, l’humain découvrait le feu, une formidable invention pour cuire ses aliments, mais qui permettait également de s’attaquer à son voisin. «Le problème n’est pas dans l’invention, mais dans ce qu’on va en faire», a rappelé Hubert Reeves, qui faisait partie des invités du congrès.

Montréal a très tôt favorisé une approche basée sur la responsabilité sociale qu’elle a inscrite dans la Déclaration de Montréal pour un développement responsable de l’intelligence artificielle. «Et ce, pour une intelligence inclusive que nous voulons au service du bien commun», a dit Daniel Jutras, recteur de l’UdeM.

Conférences accessibles en ligne

Les conférences du congrès mondial TimeWorld sur l’IA seront diffusées au fil des prochains jours sur la chaîne YouTube Idea in Sciences: https://www.youtube.com/c/IdeasinScience.