Laëtitia Renée: l’économiste qui veut favoriser la mobilité sociale

Laëtitia Renée

Laëtitia Renée

Crédit : Amélie Philibert

En 5 secondes

Réduire les inégalités d’accès aux études est la mission de la nouvelle professeure adjointe du Département de sciences économiques Laëtitia Renée.

Laëtitia Renée, nouvellement professeure à la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal, a grandi en France dans un quartier populaire. Bonne élève dans un milieu où peu de personnes de son entourage avaient entrepris des études supérieures, elle a fait des choix d’orientation qui n’ont pas toujours été faciles.

Se sont alors dessinées les prémices d’une florissante carrière en recherche.

«Je réussissais bien à l’école alors, quand j’ai fini le lycée, je suis allée étudier les mathématiques à l’université du coin, sans trop me poser de questions sur l’importance de mon choix, se rappelle la professeure. Puis, en arrivant un peu par hasard à l’École d’économie de Paris pour ma maîtrise, j’ai été confrontée à des personnes venant de milieux sociaux beaucoup plus favorisés et dont les parcours étaient très différents du mien. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que le milieu social influe énormément sur les choix en éducation.»

Laëtitia Renée se demande alors pourquoi l’écart entre les inscriptions des étudiants issus de classes favorisées et ceux de classes défavorisées est si grand. Il y a l’argent, certes, mais comme il existe aujourd’hui toutes sortes d’aide financière, est-ce vraiment la seule raison?

«À mon sens, c’est surtout une question d’information et de modèle de rôle, répond-elle. Quand on ne sait pas comment fonctionne le système ou qu’on doute de ses capacités, ce n’est pas nécessairement par manque d’argent qu’on n’accède pas à de grandes études.»

C’est donc cet intérêt pour l’éducation et les inégalités socioéconomiques qui la mène à réaliser un doctorat en économie à l’Université McGill avant de devenir professeure de sciences économiques à l’Université de Montréal.

L’UdeM, un bassin propice aux recherches en économie

Laëtitia Renée est emballée de pouvoir mener ses recherches au Canada, où les données administratives – sur les études et les salaires – sont publiques et accessibles. «C’est une mine d’informations, un service qui n’est pas offert en France», mentionne-t-elle.

Avec ces données, elle souhaite se pencher sur l’aide financière canadienne et évaluer s’il existe des façons plus judicieuses d’offrir du soutien financier afin de réduire les inégalités en éducation, qui se traduisent bien souvent par des inégalités de revenus.

Mme Renée entend aussi aider les jeunes à mieux s’orienter dans leur parcours de formation: «En aidant les étudiants à découvrir différents choix d’orientation et à comprendre leur importance, je montre dans ma recherche qu’on peut réduire considérablement les écarts socioéconomiques dans les inscriptions aux études supérieures. Mieux s’orienter est aussi important pour les jeunes des milieux défavorisés qui n’ont aucun modèle de rôle que pour les jeunes des milieux favorisés qui s’inscrivent parfois par défaut à l’université, mais pour qui une autre option aurait pu être plus intéressante.»

Et l’UdeM lui semble l’environnement parfait pour mener à bien ses recherches et lancer sa carrière. «C’est une prestigieuse université de recherche et le Département de sciences économiques est très intéressant, croit la chercheuse. Je n’aurais pu rêver mieux, surtout que j’adore la ville de Montréal!»