Naomie Fournier Dubé: quand l’évaluation devient un jeu d’enfant

Naomie Fournier Dubé

Naomie Fournier Dubé

Crédit : Amélie Philibert

En 5 secondes

L’évaluation des apprentissages et des compétences n’a plus de secret pour cette nouvelle chargée d’enseignement de la Faculté des sciences de l’éducation de l'UdeM.

Naomie Fournier Dubé a le jeu dans l’âme. Chargée d’enseignement à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal, elle partage les théories de son domaine de prédilection, l’évaluation des apprentissages et des compétences, grâce à des activités parfois ludiques, voire inhabituelles dans le milieu de l’enseignement supérieur, mais toujours enrichissantes pour les étudiants et étudiantes qui assistent à ses cours.

C’est sous forme de jeux, d’études de cas ou de résolutions de problèmes que la titulaire d’un doctorat en éducation aborde la majorité des notions qu’elle enseigne. Elle avoue être guidée par la citation de Benjamin Franklin «Dis-le-moi et je l'oublierai; enseigne-le-moi et je m'en souviendrai; fais-moi participer et j'apprendrai», dont elle a fait son leitmotiv. «Je me suis rendu compte, en tant qu’étudiante, qu’un enseignement magistral de trois heures ne me convenait pas, note-t-elle. Comme il est dans ma nature d’avoir une approche plus démocratique et teintée d’une touche d’humour, je voulais donner des cours qui me correspondraient en tant qu’apprenante. Avec le temps, j’ai réalisé que les groupes apprenaient et retenaient davantage d’informations dans le jeu et par le jeu, mais surtout appliquaient concrètement ce que je venais de leur enseigner quand un contexte plus ludique leur était proposé.» Elle se désole toutefois que le jeu soit bien souvent mal perçu dans les milieux scolaires, malgré le fait qu’il instaure selon elle un contexte d’apprentissage idéal. «Il y a une connotation d’amusement rattaché au jeu et non d’apprentissage, explique-t-elle. Toutefois, s’il y a une intention derrière le contexte, c’est aussi louable que de faire faire aux étudiants et étudiantes un exercice papier-crayon. Par exemple, lorsque je leur demande de faire une activité en équipe, ils s’aperçoivent qu’ils ne peuvent pas exécuter toutes les tâches par eux-mêmes, de la même façon qu’ils ne peuvent pas tout voir et tout documenter lorsqu’ils enseignent. Ils apprennent ainsi les notions théoriques et connaissances pratiques de façon contournée, puisque l’activité a toujours une visée pédagogique.» 

Être au premier plan du changement

Naomie Fournier Dubé a opté pour la recherche à la suite d'un stage effectué dans son baccalauréat en enseignement de l'éducation physique et à la santé et d'une incursion professionnelle dans une école. «J’ai réalisé que ce n’était pas les enseignants en EPS [éducation physique et santé] qui avaient le mandat de développer, de documenter et d’évaluer la motricité chez les enfants de l’éducation préscolaire. Cette tâche revient aux titulaires de classe, qui sont souvent peu formés pour le faire. Je me suis alors dit qu’il y avait là une belle piste d’exploration pratique et scientifique», indique-t-elle. Au cours de ses études aux cycles supérieurs, son intérêt pour l’élaboration d’outils et de pratiques d’évaluation s’est concrétisé. Les diverses lectures et rencontres qu’elle y a faites l’ont aussi amenée à réaliser à quel point ce domaine présente, encore aujourd’hui, plusieurs enjeux et que nombre de ses collègues ne se sentent pas assez bien outillés en la matière.

Elle aimerait que plus de cours en évaluation soient offerts aux futurs enseignants et enseignantes pour remédier à la situation, mais elle est consciente que cela n’est pas si simple. «J’aspire à influencer positivement la culture évaluative, confie-t-elle. Lorsqu’on a peu de connaissances en évaluation, on a tendance à reproduire ce qu’on a vécu sans nécessairement se questionner. Il ne s’agit pas de dire que ce qui est fait n’est pas bon, mais plutôt de remettre en question les pratiques pour voir si elles correspondent vraiment aux besoins des élèves. Et je me dis que je suis un peu à l’Université pour ça, être un agent de changement. C’est au moment de la formation initiale qu’on peut vraiment influencer les gens. J’aimerais donc être un modèle positif.»