Quelle est la place des sexualités en contexte universitaire?

Une conférence s'intitulera «Zines et universités: cultiver la créativité et l'inclusion».

Une conférence s'intitulera «Zines et universités: cultiver la créativité et l'inclusion».

Crédit : Guillaume Bégin

En 5 secondes

Les Bibliothèques de l’Université de Montréal, en collaboration avec la Galerie de l’UdeM, organisent une série de conférences sur la mise en valeur des sexualités en contexte universitaire.

Danny Létourneau et Jean-Sébastien Sauvé

Danny Létourneau et Jean-Sébastien Sauvé

Crédit : Courtoisie

Le G3 de la Francophonie, qui réunit l’Université de Montréal, l’Université libre de Bruxelles et l’Université de Genève, organise une demi-journée de conférences le 31 octobre sur la mise en valeur des sexualités en contexte universitaire.  

Le programme est composé de trois conférences: la présentation «Zines et universités» sera suivie d'un entretien avec Barbada de Barbades sur l’heure du conte et d'une discussion sur la diffusion de la recherche-création à caractère sensible autour de l’exposition Les engendrements. À l’occasion de cet évènement, nous nous sommes entretenus avec les conférenciers Jean-Sébastien Sauvé, professeur à l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information de l’Université de Montréal, et Danny Létourneau, chef de service à la Bibliothèque des livres rares et collections spéciales de l’UdeM. 

Pourriez-vous définir ce qu’est un zine?

Jean-Sébastien Sauvé: C'est une publication, généralement autoéditée, qui est réalisée de manière artisanale avec très peu de moyens. C’est du do it yourself. Habituellement, on a simplement besoin de papier, de ciseaux, de crayons et d’une photocopieuse. Il n’y a pas que les artistes qui peuvent produire des zines. Chacun peut réaliser une publication personnelle qui traitera de n’importe quel sujet. Il n’y a aucun canon à suivre, aucune ligne directrice. 

Danny Létourneau: Les tirages d’un zine sont souvent limités. Mais il n’y a pas de règles. Quelqu’un pourrait décider d’imprimer quatre pages en 1000 exemplaires! Certaines personnes vont faire appel à de petites maisons d’édition pour sa diffusion. La ligne peut être mince entre une publication traditionnelle et un zine, car certains auteurs peuvent s’associer à des éditeurs de la création jusqu’à la diffusion. Mais généralement, les maisons d'édition vont accompagner les auteurs plutôt qu’imposer une forme.  

Jean-Sébastien Sauvé: Les grands éditeurs comme Gallimard ne vont pas participer à la création de zines. Les zines sont créés dans des milieux de contre-culture, parmi les minorités. Les zines portent les voix des communautés qui sont moins représentées. On peut ainsi trouver des zines dans des regroupements contestataires ou de musique expérimentale. 

Vous avez un processus de sélection très rigoureux avec des maisons d'édition qui sont fiables, reconnues. Pourquoi acquérir des zines en contexte universitaire?

Danny Létourneau: Le propre du zine est d’être autoédité et il apporte de cette façon des points de vue plus marginaux sur différents sujets. La communauté 2SLGBTQIA+ pourra ainsi présenter des paroles sur le féminisme, la poésie, la littérature qui vont à l'encontre de certains courants. Peu importe la discipline, tous ces éléments deviennent des données primaires qui peuvent nourrir un débat à l’université. 

Les zines sont donc à la source de visions avant-gardistes qui peuvent mener à des recherches plus formelles. Les zines peuvent être des incubateurs d’idées. 

Jean-Sébastien Sauvé: Les zines permettent de préserver la mémoire sur différents discours. Ils ont en outre un fort potentiel pédagogique. En tant que professeur, je vais m’en servir et demander à mes étudiants et étudiantes qui participeront à un voyage de découverte des bibliothèques à l’étranger de créer un zine en lien avec les sciences de l’information comme travail de session. Il devra comporter des notes de bas de page soutenant des propos plus théoriques. Ce travail sur les zines pourrait également être réalisé dans d’autres matières: en mathématiques, biologie, physiologie, etc. Pourquoi ne pas réaliser par exemple des zines de vulgarisation à propos de cellules? 

Nous ne sommes pas les premiers à proposer des collections de zines dans des bibliothèques universitaires. Le Barnard College, qui est affilié à l'Université Columbia, illustre bien la tendance: il a même engagé une bibliothécaire qui ne s'occupe pratiquement que des zines! 

Quelles collections de zines prévoyez-vous constituer?

Danny Létourneau: L'exhaustivité sera impossible. Certains zines ont une durée de vie éphémère et ne se rendront pas jusqu'à la bibliothèque et d’autres ont une diffusion très souterraine. 

On est en période de réflexion et d’acquisition. On se demande si l’on sélectionne des zines montréalais, québécois, canadiens, américains, européens, etc. On sonde également la communauté universitaire pour mieux connaître les besoins de ses membres. 

Comment présenterez-vous la collection de zines à l’UdeM?

Danny Létourneau: On travaille présentement avec le service de traitement documentaire. Ce ne serait pas un classement par ordre alphabétique d’auteurs, car la plupart des auteurs sont assez peu connus. On songe plutôt à un classement par thèmes. 

On pense à proposer des boîtes où se trouveraient plusieurs zines portant sur un même thème comme les études féministes.  

Jean-Sébastien Sauvé: Ainsi, avec ce classement, on favorise la sérendipité et chacun peut trouver par hasard des lectures pertinentes. 

Prévoyez-vous former une collection numérique?

Danny Létourneau: Pour l’instant, on se concentre sur l’acquisition de zines en version papier. Certaines personnes rendent disponibles leurs zines en format PDF, mais le zine au départ est une expérience papier manuelle qui est tactile.  

Aurez-vous d’autres activités autour des zines en bibliothèque à proposer?

Danny Létourneau: Nous pensons à des activités de création de zines dans les bibliothèques. C’est à suivre! 

Mise en valeur des sexualités en contexte universitaire

Une demi-journée de conférences sur la mise en valeur des sexualités en contexte universitaire est organisée par le G3 de la Francophonie.  Elle aura lieu le 31 octobre de 9 h à 13 h. 

Les conférences se dérouleront simultanément sur le campus de l’UdeM à Brossard et en ligne. Au programme: 

  • «Zines et universités: cultiver la créativité et l’inclusion»; 

  • «Ouverture et représentation: Barbada raconte l’heure du conte»; 

  • «Diffuser la recherche-création à caractère sensible: autour de l’exposition Les engendrements». 

Inscription: bib.umontreal.ca/index.php