Construire l’identité scientifique des jeunes filles

Johanne Côté, enseignante de mathématiques au collège Jean-de-Brébeuf et membre de l'équipe de Parité sciences

Johanne Côté, enseignante de mathématiques au collège Jean-de-Brébeuf et membre de l'équipe de Parité sciences

Crédit : Courtoisie

En 5 secondes

Parité sciences lance une nouvelle autoformation destinée au personnel du milieu de l’éducation désireux de stimuler l’intérêt des futures étudiantes pour les sciences.

Quand on demande à des enfants de dessiner des scientifiques, bien souvent ils représentent des hommes à la peau blanche en sarrau. L’image mentale qu’on se fait des scientifiques semble teintée par les stéréotypes, les filles ayant plus de difficulté à se projeter dans une carrière en science, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM).

Comment faire pour que les jeunes filles développent cette capacité à s’imaginer en tant que scientifiques? Pour qu’elles se forgent une «identité scientifique»?

En invitant le personnel enseignant à adopter des stratégies qui encouragent les jeunes filles intéressées par les STIM et douées pour ces disciplines à poursuivre des études dans cette branche, répond Parité sciences, une initiative du Département de physique de l’Université de Montréal qui vise l’atteinte d’une meilleure parité dans les domaines scientifiques.

L’équipe derrière ce projet vient de lancer une nouvelle autoformation pour outiller le personnel du milieu de l’éducation (corps enseignant, aide pédagogique, conseil en orientation, etc.) dans la construction de cette identité scientifique.

«Après les parents, ce sont les enseignantes et enseignants qui ont le plus d’influence sur la formation des jeunes. Notre nouveau programme partage les bonnes pratiques à intégrer en classe pour amener les jeunes filles à se voir comme des scientifiques», indique Julie Hlavacek-Larrondo, professeure au Département de physique et cofondatrice de Parité sciences.

Des outils simples et concrets

Julie Hlavacek-Larrondo et ses collègues de Parité sciences considèrent ainsi que ceux et celles qui enseignent dans un collège ou une école secondaire du Québec sont au cœur de la solution pour lever les barrières et déconstruire les stéréotypes.

«Nous souhaitons soutenir les membres de la communauté enseignante, mais aussi les directions d’école, dans leurs efforts pour aborder les enjeux liés à la représentation des femmes en STIM. La diversité dans les postes est importante, les femmes peuvent contribuer à l’avancement du savoir scientifique», souligne la directrice des opérations de Parité sciences, Maria Del Pilar Delgado Garcia.

À cet effet, la nouvelle autoformation – offerte gratuitement sur la plateforme de formation continue en ligne CADRE21 – table sur des mises en situation, des ressources et des stratégies pédagogiques inclusives en classe. On peut notamment y apprendre comment valoriser la manipulation du matériel de laboratoire chez les jeunes filles et limiter la marginalisation dans les salles de cours.

«Les études montrent que les personnes qui se conforment davantage aux stéréotypes interagissent plus en classe, laissant moins de place aux autres. On propose donc d’accorder plus de temps de réflexion avant d’entamer une période de discussion pour permettre à toutes et tous de réfléchir et de participer. Au final, c’est une question d’inclusion, il s’agit de créer des environnements plus justes et favorables à l’apprentissage et de bâtir un monde plus égalitaire», soutient Mirjam Fines-Neuschild, également cofondatrice de Parité sciences.

L’équipe de Parité sciences invite la communauté de l’UdeM à suivre cette formation, car les stratégies proposées s’appliquent aussi à l’enseignement et à la recherche universitaires.

Cette formation est rendue possible notamment grâce aux contributions financières du gouvernement du Québec: le programme NovaScience, le Secrétariat à la condition féminine ainsi que le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie.