Sophie Cazanave, finaliste de l’UdeM de La Dictée P.G.L. de la Francophonie

La Dictée P.G.L. de la Francophonie à l'Université de Montréal

La Dictée P.G.L. de la Francophonie à l'Université de Montréal

Crédit : Amélie Philibert

En 5 secondes

Sophie Cazanave, correctrice à l’Université de Montréal, remporte la première manche de la dictée pour adultes de la Fondation Paul Gérin-Lajoie.

À l’occasion de la Francofête, l'Université de Montréal participe pour la toute première fois à La Dictée P.G.L. de la Francophonie. Le 1er mars, une dictée inaugurale sur le thème de l'intelligence artificielle (IA) s'est déroulée à l'UdeM et c’est Sophie Cazanave, correctrice au sein de l’établissement, qui a remporté l’épreuve. Elle représentera l'Université à la grande finale prévue le 22 mars.

Un défi stimulant

Sophie Cazanave, finaliste de la dictée PGL

Sophie Cazanave, finaliste de La Dictée P.G.L. de la Francophonie

Crédit : Amélie Philibert

La gagnante de la dictée à l’UdeM ne songeait pas du tout y participer, mais plusieurs de ses collègues l'y ont encouragée. «Comme j’avais envie de relever un défi et que j’adore l’orthographe et ses règles – ce qui est plutôt normal pour une correctrice! –, j’ai suivi la préparation proposée sur le site de HEC Montréal», explique Sophie Cazanave. Les phrases à compléter et les dictées d’entraînement ne lui ont pas semblé aussi intimidantes qu'elle le pensait, alors elle s’est inscrite à l’activité.

Si elle pensait se classer parmi les premiers, elle a été fort surprise de gagner cette étape. En vue de sa participation à la finale, Sophie Cazanave se prépare en notant dans un cahier les mots dont elle doute, puis vérifie leur orthographe ou leur genre et les récrit par la suite, ce qui lui permet de mieux les mémoriser.

Elle aborde cette finale avec joie et sérénité: «C’est l’occasion de me tester et d’évaluer mes connaissances. Je me considère surtout en compétition avec moi-même. Représenter mon employeur, l’UdeM, me rend fière, et je vois ma participation comme une expérience ludique. Bien sûr, je vais faire de mon mieux, revoir quelques règles de grammaire, mais ce n’est pas stressant. C’est plutôt un défi stimulant.»

Découverte du métier de réviseuse à l’Université de Montréal

Correctrice aujourd’hui s’amusant avec les mots, Sophie Cazanave n’aurait jamais imaginé, enfant, embrasser cette carrière. Elle se rêvait plutôt hôtesse de l’air ou agent secret! Cependant, dès son jeune âge, elle trouvait du plaisir à écrire des histoires et à apprendre des listes de vocabulaire à l'école. «J'avais toujours d'excellentes notes, contrairement aux autres élèves qui détestaient ça», se souvient-elle.

Sa découverte de la révision a été le fruit du hasard. Après une majeure en langue et littérature française à l’Université de Montréal, elle a réalisé que l'analyse des œuvres et la linguistique n'étaient pas son domaine de prédilection. Elle s’est alors inscrite au certificat en relations publiques pour ses cours de français. «Ce que j’aime, c’est travailler la langue comme un matériau, déjouer les anglicismes, éviter les répétitions, trouver le bon mot, le bon verbe, le bon adjectif», indique-t-elle.

À la fin d'un cours de révision de textes, le professeur, Guy Connolly, lui a offert de travailler dans son entreprise de services d’édition. «J’avais réussi le cours et il a proposé de m’engager à la faveur d’un programme gouvernemental à la fin de la session. C'est ainsi que, en 1989, j'ai commencé à corriger les articles du journal Forum, l’actuelle plateforme UdeMNouvelles. Quand j’ai quitté les Services d’édition Guy Connolly, l'Université m'a demandé si je voulais continuer ma collaboration avec le journal et j'y travaille depuis lors», raconte-t-elle.

Corriger, un travail d’équilibriste

Telle une équilibriste, Sophie Cazanave jongle avec la correction minutieuse et le respect du style de l'auteur. Si elle aime ciseler les phrases, elle doit voir à ne pas altérer le message original. Elle prend plaisir à faire différentes modifications qui enrichissent le texte. «Mais je me dis parfois “Non, tu es en train de faire du blanc bonnet, bonnet blanc, laisse la phrase comme ça, elle est correcte!”» remarque-t-elle.

Il y a aussi les principes de l’écriture inclusive, qui lui posent parfois certains défis d’intégration; ceux moins récents de l’orthographe rectifiée, qui passent aujourd’hui presque inaperçus. «Et la précision des propos, ajoute-t-elle. Un même discours peut être compréhensible à l’oral et moins à l’écrit. Il ne s'agit pas de tout complexifier, mais il faut raffiner un peu. Le lecteur ou la lectrice ne connaît pas forcément le sujet de l’article.»

Demain, pourra-t-on tout réviser grâce à l’IA ?

Avant le début de La Dictée P.G.L. de la Francophonie sur le thème de l’IA, André d'Orsonnens, directeur général de Druide informatique, a dévoilé un nouvel outil de reformulation intégré au logiciel d’aide à la rédaction Antidote. Cette fonctionnalité permet de modifier des phrases telles que «Dans mes erreurs les plus pires, si je pouvais changer quelque chose je le ferais» en «Si j’avais la possibilité de changer la pire de mes erreurs, je le ferais», offrant ainsi une structure plus fluide et grammaticalement correcte.

L’intelligence artificielle menace-t-elle le métier de réviseur? «J’aime croire que l’IA offrira davantage de possibilités aux réviseurs et réviseuses, qu’elle continuera d’enrichir leur travail, déclare Sophie Cazanave. Mais ces professionnels de la langue apporteront toujours une plus-value aux textes par leur regard unique et leur amour des mots.»

Rétrospectivement, elle se rappelle ses débuts dans le métier, une époque où de tels outils n'étaient pas disponibles, marquant ainsi une évolution significative dans le domaine. «Peut-être que la façon d'exercer le métier sera totalement différente dans quelques années. Peut-être que la nouvelle génération travaille déjà différemment. Quoi qu’il en soit, c'est un métier magnifique», conclut-elle avec une touche de nostalgie et d'optimisme pour l'avenir.

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