Hausse record de dons d’organes: l’UdeM est un «joueur majeur» dans l’écosystème

Les temps d'attente pour certaines greffes ont atteint des niveaux historiquement bas, avec une moyenne de 57 jours pour les transplantations pulmonaires.

Les temps d'attente pour certaines greffes ont atteint des niveaux historiquement bas, avec une moyenne de 57 jours pour les transplantations pulmonaires.

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En 2023, le Québec a enregistré un nombre record de dons d'organes. Et le programme de transplantation de l’Université de Montréal a largement contribué à cette réussite de Transplant Québec.

En 2023, 569 personnes ont bénéficié d'un don d’organe, soit une augmentation de 17 % par rapport à l'année précédente. À lui seul, le programme de transplantation de l’Université de Montréal a permis d’effectuer 175 greffes rénales, 83 transplantations pulmonaires et plus de 68 transplantations hépatiques.

«La Faculté de médecine de l’Université de Montréal est un joueur majeur en matière de transplantation d’organes au Québec. C’est du jamais vu!» se réjouit la néphrologue Marie-Chantal Fortin, professeure titulaire de clinique au Département de médecine et chercheuse au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM).

Les temps d'attente pour certaines greffes ont atteint des niveaux historiquement bas, avec une moyenne de 57 jours pour les transplantations pulmonaires, et le nombre de personnes en attente d'un cœur (32) est à son plus bas depuis 10 ans.

Un programme tentaculaire

Depuis l’été dernier, la Dre Fortin dirige le programme de transplantation de l’Université de Montréal. Il regroupe deux programmes de transplantation rénale (Hôpital Maisonneuve-Rosemont et CHUM), un programme provincial de transplantation pulmonaire (CHUM), un programme de transplantation cardiaque à l’Institut de cardiologie de Montréal, un programme de transplantation hépatique (CHUM) et les programmes pédiatriques de transplantation rénale, cardiaque et hépatique au CHU Sainte-Justine.

«Le but du programme de transplantation est de créer des collaborations entre les différents professionnels de la santé et des services sociaux afin d’avoir une vision globale, explique la Dre Fortin. Pour réussir une transplantation, nous avons besoin non seulement des médecins et des chirurgiens, mais aussi d’infirmiers, de pharmaciens, de psychologues et de travailleurs sociaux.» Elle souligne également l’apport important du patient partenaire, qui oriente les pratiques en clinique et en recherche grâce à ses savoirs expérientiels.

Formation de la relève

Avec un nombre record de donneurs, les ressources humaines et matérielles sont mises à l’épreuve. Chaque don d'organe nécessite un travail considérable pour respecter les volontés des donneurs potentiels, coordonner les aspects médicaux et logistiques et répondre aux besoins des patients à court et à long terme. Un aspect crucial de cette démarche demeure la formation de la relève.

Pour ce faire, la Faculté de médecine a élaboré un programme de postdoctorat en transplantation d’organes qui a été approuvé par le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada. «L’UdeM est un excellent milieu pour accueillir des postdoctorants d’un peu partout dans le monde désireux de faire une surspécialisation en transplantation», estime Marie-Chantal Fortin. Durant son mandat, la nouvelle directrice s’emploiera à accroître les activités de recherche scientifique en transplantation et, surtout, à mieux les publiciser. «Nous sommes un pôle d’excellence rassemblant la recherche fondamentale, la recherche clinique et la recherche sur la santé des populations. Je veux créer une vitrine pour mieux partager nos savoirs», dit-elle.

«Il importe que toute innovation scientifique s’accompagne d’une réflexion anthropologique, sociale et éthique», ajoute Marie-Chantal Fortin, dont les travaux portent justement sur les enjeux éthiques liés au don d’organes et à la transplantation. Elle donne l’exemple de l’acceptabilité sociale de la xénotransplantation, soit les transplantations de l’animal à l’humain: «À qui pouvons-nous offrir ces organes? Comment s’assurer d’obtenir un consentement éclairé des patients? En quoi cette transplantation d’organe animal remet-elle en cause l’identité de la personne? Toutes ces questions méritent d’être étudiées et nos chercheuses et chercheurs sont bien placés pour le faire.»

Prendre position sur le don d’organes

Bien que le bilan 2023 de Transplant Québec soit encourageant, le nombre de donneurs potentiels reste en deçà du chiffre souhaité. L’an dernier, 41 personnes sont décédées alors qu’elles étaient en attente d’un organe.

À l’occasion de la Semaine nationale du don d’organes et de tissus, du 21 au 27 avril, la Dre Fortin encourage les gens à discuter de leurs volontés avec leurs proches pour sauver des vies. «Même si une personne donne son consentement, c’est la famille qui a le dernier mot. La prise de décision est grandement facilitée lorsque les volontés du défunt sont connues», signale-t-elle.

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