Comment écrire une demande de subvention?

En 5 secondes

Virginie Portes présente le nouveau guide «L'art d'écrire une bonne demande de subvention».

Par où commencer quand on veut faire une demande de subvention et comment maximiser ses chances de succès ensuite? Pour aider les chercheurs et chercheuses à se repérer dans le dédale des demandes de financement et de la rédaction de ces documents, Virginie Portes, directrice du soutien à la recherche chez IVADO – l’institut de recherche et de transfert en intelligence artificielle – et qui a été directrice des subventions et de la communication au Bureau Recherche-Développement-Valorisation de l’Université de Montréal pendant 10 ans, publie le livre L'art d'écrire une bonne demande de subvention aux Presses de l’Université de Montréal. 

En démystifiant les attentes des organismes de financement et en proposant une méthodologie à appliquer, ce manuel est une ressource précieuse. Divisé en trois volets, il explore la compréhension du système de subvention, le contenu de la demande et la planification du travail.  

Nous avons donné la parole à Virginie Portes. 

Pourquoi ce livre?

Tout d’abord parce qu’il n’existait pas! Ensuite, il répond à un besoin de la communauté de recherche. 

L’art d’écrire une bonne demande de subvention vient combler une lacune: il n’existe pas de guide pour aider à rédiger des demandes de subvention en français, notamment pour les publics québécois et canadien. On en trouve plusieurs en anglais, presque exclusivement aux États-Unis. Il y a donc un vide sur le marché canadien, aussi bien en français qu’en anglais.  

La recherche est au cœur des activités universitaires, qu’elle soit menée par les étudiants des cycles supérieurs, les stagiaires postdoctoraux ou les professeurs. Ces derniers sont parfois à la tête de véritables PME de recherche et emploient de nombreuses personnes. Le financement de la recherche est devenu un incontournable de la carrière en recherche. Or, obtenir des fonds, comme des bourses et des subventions des organismes subventionnaires, relève de la compétition. Cela requiert une excellente préparation. Comme le disait Louis Pasteur, «la chance ne sourit qu’aux esprits préparés». Cet ouvrage vise à bien préparer la communauté de recherche à l’art d’écrire une bonne demande de subvention. C’est un condensé de mes 20 ans de carrière, notamment au Bureau Recherche-Développement-Valorisation de l’UdeM, avec en prime de nombreux conseils d’éminents professeurs et professeures de l’UdeM.  

Quels sont les éléments essentiels à inclure dans une demande de subvention?

Pour commencer, il faut avoir une idée assez précise du projet qu’on souhaite soumettre et bien cibler la source de financement.  

Ensuite, il faut être dans un état d’esprit particulier qui doit intégrer trois éléments fondamentaux: la cohérence, la clarté et la connivence. Vous devez être convaincu et convaincre vos lecteurs du bien-fondé de votre projet en lui donnant une clarté et une cohérence parfaites, et en établissant une connivence scientifique avec vos évaluateurs, voire en créant un effet de séduction. Ces éléments doivent être le fil conducteur tout au long de votre demande: vous devez tout le temps les avoir en tête. Ils vont vous guider aussi bien pour le fond – le projet de recherche lui-même – que pour structurer la forme de votre demande de subvention, par exemple la présentation, le style.  

Écrire une bonne demande de subvention, c’est respecter toutes les règles des organismes subventionnaires, même si elles vous semblent absconses. Elle doit aussi reposer sur une bonne idée très bien argumentée et défendue scientifiquement. Cette idée doit être transformée en un projet de recherche avec des objectifs tout à la fois ambitieux et réalistes qui est porté par une équipe compétente. C’est aussi un exercice de communication scientifique où le lectorat ne doit pas être perdu de vue. C’est pour toutes ces raisons qu’il s’agit d’un art.  

Quelles sont les principales erreurs à éviter dans une demande de subvention?

Les erreurs possibles sont multiples, mais les deux premières sont les suivantes: ne pas choisir le programme approprié pour financer son projet et ne pas en respecter les règles. Ce sont deux écueils qu’il est facile d’éviter si l’on se prépare bien. Ensuite, il faut se rappeler qu’il ne s’agit pas d’écrire un article scientifique qui montre les résultats d’une recherche, mais plutôt de vendre une idée à fort potentiel.  

Dans le cœur de la demande, on trouve fréquemment les erreurs ci-dessous:  

  • Oublier de dire pourquoi le projet est intéressant et doit être mené, c’est-à-dire omettre de présenter la problématique générale;  
  • Dire que le projet est novateur sans le démontrer à l’aide de données probantes ou d’une revue de la littérature bien faite; 
  • Noyer les lecteurs dans les détails inutiles en sacrifiant d’autres aspects importants de la demande; 
  • Négliger l’un des critères d’évaluation; 
  • Être trop ambitieux sans en avoir les moyens: le budget est irréaliste, l’expertise pour mener le projet n’est pas avérée, le calendrier de travail est mal pensé ou le temps requis pour réaliser les travaux est sous-estimé ou une combinaison de ces éléments; 
  • Avoir une mauvaise adéquation entre les objectifs du projet et la méthodologie proposée, ce qui remet en question sa faisabilité; 
  • Être prétentieux dans son style et le contenu de la demande. 

À qui ce guide est-il destiné?

À toutes les personnes qui gravitent dans le monde de la recherche quels que soient leurs disciplines ou leurs domaines de recherche. Il peut s’agir d’étudiants des 2e et 3e cycles, de stagiaires postdoctoraux, de professionnels de recherche, de chercheurs de collège, de professeurs d’université, du personnel des bureaux de recherche, du personnel en soutien à la recherche ou des organismes subventionnaires.  

La première partie s’attache à comprendre le système subventionnaire tel qu’il fonctionne au Canada. Elle offre de réfléchir à sa place en tant qu’acteur de l’écosystème, aux logiques d’évaluation et à la manière de les intégrer. Cette partie concerne tous les publics. 

La seconde partie est consacrée au processus de production de la demande, de l’idéation à sa finalisation, section par section. Elle vise au premier chef les professeurs et leurs équipes immédiates, mais plusieurs sections peuvent être utiles aux autres publics.  

La dernière partie touche à l’organisation du travail. Sont proposés un calendrier de travail, une façon de s’organiser, des ressources utiles: cela s’adresse à tout le monde.  

En somme, c’est un genre de «couteau suisse» pour différents publics et le format choisi par Les Presses de l’Université de Montréal permet d’en faire un outil pratique et facilement utilisable.  

À propos de ce livre

Virginie Portes, L'art d'écrire une bonne demande de subvention, Les Presses de l’Université de Montréal, 2024, 120 p. 

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