Des voyages virtuels pour apaiser la fin de vie

Des casques de réalité virtuelle seront testés auprès de personnes admises dans une unité de soins palliatifs.

Des casques de réalité virtuelle seront testés auprès de personnes admises dans une unité de soins palliatifs.

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

En 5 secondes

Un professeur de l’UdeM lance un projet de recherche pour tester les bienfaits de la réalité virtuelle sur l’anxiété et la douleur dans un contexte de soins palliatifs.

Une plage mexicaine aux reflets azurés, une place publique animée à Reykjavík, un étincelant lac québécois, un quatuor de musiciens classiques. Des scènes paisibles, familières ou exaltantes qui permettent de voyager, découvrir, explorer, lâcher prise, se détendre… tout en étant confortablement assis dans son unité de soins palliatifs.

Voilà le défi que se lance Jhon Alexander Moreno, professeur au Département de psychologie de l’Université de Montréal. Le neuropsychologue souhaite explorer le potentiel de la réalité virtuelle pour atténuer l’anxiété et à la douleur associées à la fin de vie.

Concrètement, le chercheur du Centre de recherche de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal s’apprête à tester l’utilisation de casques de réalité virtuelle auprès de personnes hébergées à l’unité de soins palliatifs de l’Hôpital Notre-Dame. Les sujets de l’étude seront alors immergés dans des vidéos tournées avec une caméra 360° et vivront une expérience virtuelle de voyage visuel et auditif. Leurs niveaux de douleur et d’anxiété seront mesurés avant et après l’intervention.

Pour mettre sur pied ce projet, Jhon Alexander Moreno s’est associé à Guillermo Lopez Pérez, fondateur de Nipper Media, une entreprise montréalaise spécialisée en réalité virtuelle. Les images des voyages virtuels ont été captées par le cinéaste, qui s’est aussi assuré d’y ajouter de la musique, des voix et des précisions sur les lieux présentés.

Repenser les soins de fin de vie

Le chercheur Jhon Alexander Moreno en compagnie de son partenaire Guillermo Lopez Pérez, à l’Hôpital Notre-Dame.

Le chercheur Jhon Alexander Moreno en compagnie de son partenaire, Guillermo Lopez Pérez, à l’Hôpital Notre-Dame

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

C’est dans un désir de soulager les personnes en fin de vie que Jhon Alexander Moreno a imaginé ce projet qui table sur une stratégie non pharmacologique. «La fin de vie est probablement l’expérience la plus exigeante d’un point de vue émotionnel. Les individus peuvent éprouver d’importantes souffrances liées, entre autres, à des douleurs aigües, mais aussi à une angoisse existentielle ou une anticipation anxieuse de la mort», indique-t-il.

Le chercheur rappelle que les soins palliatifs comportent une combinaison de moyens pour soulager les inconforts physiques, psychologiques, spirituels, existentiels et sociaux. Pour lui, ceux qui sont non pharmacologiques ont de nombreux avantages.

«Les médicaments peuvent rendre confus, plaide-t-il. Quand on peut utiliser les stratégies à la fois pharmacologiques et non pharmacologiques, on constate que les patients sont plus en interaction avec leur entourage et cela peut changer leur fin de vie. Ils communiquent plus et peuvent partager des souhaits et des réflexions de fin de vie qui sont plus difficiles à avoir quand les médicaments ont pris toute la place.»

Jhon Alexander Moreno ajoute que les personnes qui sont admises dans les unités de soins palliatifs ont souvent été hospitalisées au préalable et sont donc confinées à leur lit depuis longtemps. À ses yeux, une intervention axée sur le voyage virtuel permet donc de s’évader et de cesser de penser à sa condition le temps d’un moment, de retrouver le sourire, «de voir autre chose que le plafond de sa chambre».

Une expérience pour les proches aussi

En phase de test, Jhon Alexander Moreno présente son projet à des bénévoles.

Jhon Alexander Moreno présente son projet, en phase de test, à des bénévoles.

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

Le projet ne concerne pas exclusivement les personnes en fin de vie, il s’étend aussi aux proches qui les accompagnent. Ceux-ci peuvent en effet porter des casques en même temps afin de partager la même expérience virtuelle. L’anxiété des proches avant et après l’intervention sera également mesurée.

«L’anticipation de la mort est une expérience tout aussi difficile pour les proches. C’est un moment de fragilité, d’émotion extrême. Nous pensons donc qu’une intervention positive comme le voyage virtuel peut rendre l’expérience moins ardue ou moins traumatique», estime Jhon Alexander Moreno.

À ce chapitre, le chercheur a confiance que le projet peut apaiser les proches qui s’apprêtent à perdre un être cher et éventuellement aider à la préparation au deuil et à l’acceptation de la mort.

Au sujet du projet

Cette étude intitulée «Utilisation de la réalité virtuelle pour la gestion de l’anxiété et la douleur en soins palliatifs» découle d’un appel de projets en innovation sociale visant à réduire les vulnérabilités et les inégalités sociales de santé. Le projet est financé par le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, en partenariat avec le ministère de la Santé et des Services sociaux.

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