Un expert de l’IA embauchera 20 chercheurs à Mila

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  • Le 12 juin 2019

  • Mathieu-Robert Sauvé
Simon Lacoste-Julien

Simon Lacoste-Julien

Crédit : Inria / Christian Morel

En 5 secondes

La société coréenne Samsung ouvre un laboratoire à Mila où travailleront une vingtaine de chercheurs en intelligence artificielle et en apprentissage profond.

Pas moins de 20 chercheurs se joindront à l’équipe de Simon Lacoste-Julien à Mila grâce à un partenariat avec la multinationale Samsung. «Nous accueillerons dans quelques jours notre premier chercheur dans le cadre de cette entente. Nous sommes en période de recrutement et nous souhaitons attirer des experts dans notre laboratoire de Montréal», a dit le professeur du Département d’informatique et de recherche opérationnelle de l’Université de Montréal peu avant son départ pour Los Angeles, où se tient une importante rencontre sur l’apprentissage automatique, la branche principale de l’intelligence artificielle.

C’est le 5 juin que le laboratoire de Samsung en intelligence artificielle s’est installé dans ses nouveaux locaux de 180 m2 (2000 pi2) à Mila. Sans avoir dévoilé le montant de l’investissement, l’entreprise coréenne a dit vouloir soutenir la recherche fondamentale sur des questions liées à la reconnaissance vocale, la traduction automatique et la compréhension du langage naturel (capacité de la machine à saisir le sens d’un texte).

«Nous sommes heureux d’accueillir une entreprise de l’envergure de Samsung à l’intérieur de nos murs, où cohabitent actuellement près de 350 chercheurs étrangers en intelligence artificielle, a souligné Valérie Pisano, présidente et chef de la direction de Mila. C’est à Montréal qu’on trouve la plus grande communauté universitaire en apprentissage profond du monde, et la volonté de Samsung d’accroître sa présence ici renforcera notre capacité d'attirer les meilleurs cerveaux.»

C’est une excellente nouvelle pour le jeune professeur, mais il tient à préciser que ce partenariat ne signifie pas que son équipe travaillera pour l’industrie. «Nous demeurons des chercheurs concentrés sur la recherche fondamentale et toute notre production scientifique demeure accessible à la communauté savante. Nous faisons d’abord de la science et, chez Samsung, on respecte ça», a-t-il mentionné.

Comprendre la machine

Les axes de recherche du professeur Lacoste-Julien tournent autour de l’apprentissage automatique. «Quand on donne une commande pour une opération de reconnaissance vocale, on montre en quelque sorte à la machine comment prendre des décisions. Plus elle s’exerce, plus elle apprend à être efficace. C’est ce qu’on appelle l’apprentissage profond. Mais aussi surprenant que cela puisse paraître, on comprend encore mal le processus qui s’opère à ce moment-là. Mes travaux portent en partie sur cette dynamique.»

Actuellement, le professeur donne deux cours aux cycles supérieurs sur les techniques avancées d’apprentissage automatique. Il est parallèlement très productif en recherche, comme l’indique son indice H de 24 (3282 citations). Il dirige actuellement huit étudiants au doctorat et au postdoctorat.

Cerveau rapatrié

Après ses études de premier cycle à l’Université McGill, le Montréalais a obtenu un doctorat en informatique à l’Université de Californie à Berkeley en 2009, puis un postdoctorat à l’Université de Cambridge. Il a lancé son groupe de recherche à l’Inria Paris et en a assuré la direction pendant quelques années avant de faire un retour au Québec en 2016. Personnellement invité par Yoshua Bengio, qui voulait faire de Montréal une silicon mountain de l’intelligence artificielle, il a participé activement à la version 2.0 de Mila.

«Non seulement je ne regrette rien, mais ce que j'ai vu croître à Montréal est bien au-delà de mes attentes», a lancé le chercheur, qui était sur le point de demander sa citoyenneté française au moment de l’appel de Yoshua Bengio.