Santé et mieux-être au travail: un nouveau programme verra le jour pour les employés de l’UdeM

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  • Le 3 septembre 2019

  • Marilou Garon
Isabelle Dufour

Isabelle Dufour

Crédit : Amélie Philibert

En 5 secondes

L’UdeM travaille sur un programme de prévention et de promotion de la santé globale de ses employés. Rencontre avec la directrice générale des ressources humaines, Isabelle Dufour.

Henri Salvador le chantait: «Le travail, c’est la santé.» S’il est vrai que le travail contribue au sentiment de valorisation et à la motivation des individus, il n’en demeure pas moins une source potentielle de stress et de maladie. D’où l’importance pour l’Université de Montréal, en tant qu’employeur, de prendre au sérieux la question de la santé globale de son personnel. La directrice générale des ressources humaines, Isabelle Dufour, pilote actuellement un important chantier dont la pièce maîtresse sera un tout nouveau programme destiné aux employés.

Au moment de son arrivée en poste en 2015, les initiatives institutionnelles en matière de santé au travail, comme le programme Ma santé au sommet, venaient d’être abolies en raison de compressions budgétaires. Quelques années plus tard, «autant la Direction des ressources humaines [DRH] que les membres de la haute direction sont résolus à mettre en place des mesures pour favoriser la santé physique et psychologique des employés de l’UdeM», mentionne Isabelle Dufour.

Avec une population de travailleurs dont la moyenne d’âge approche 47 ans, l’Université a tout intérêt à prendre la question au sérieux, si l’on se fie aux récentes études sur la santé des travailleurs au Canada. «Plusieurs questions nous préoccupent, explique Mme Dufour, comme celle de l’absentéisme et de ses répercussions.» Mais l’Université reconnaît également l’enjeu de plus en plus documenté du présentéisme, défini comme l’état d’un employé présent, mais peu productif et peu motivé. «Des employés qui ne sont pas bien au travail, ça nous interpelle, souligne-t-elle. Nous voulons comprendre ce qu’il est possible d’instaurer et de modifier afin que nos employés sentent que leur expérience est valorisée, qu’ils peuvent s’épanouir dans leur milieu professionnel.»

Un cadeau tombé du ciel

La création d’un programme de santé et de mieux-être au travail a d’ailleurs été inscrite dans la planification stratégique 2018-2021 de la Direction des ressources humaines. Mais pour atteindre les objectifs, il y a tout un terrain à défricher.

«Nous savions que notre premier défi serait de recueillir des données auprès de nos employés. C’est une étape cruciale qui nous permet de brosser un portrait fiable de notre population et de désigner les enjeux de santé et mieux-être qui lui sont propres. Mais très honnêtement, aussi cruciale que soit cette étape, au départ nous ne savions pas comment nous allions nous y prendre!» raconte Mme Dufour.

Mais les astres sont parfois bien alignés: en 2018, le professeur Alain Marchand, de l’École de relations industrielles, communique avec la DRH. L’Observatoire sur la santé et le mieux-être au travail (OSMET), qu’il dirige, vient de voir le jour. Le cœur de sa mission? Comprendre et prévenir les problèmes de santé et de mieux-être qui touchent la main-d’œuvre et obtenir des données probantes essentielles pour intervenir dans les milieux de travail.

L’OSMET souhaite recruter 5000 participants pour une étude d’une durée de cinq ans auprès d’une centaine d’organisations canadiennes. L’occasion était parfaite: l’Observatoire fera avancer son programme de recherche grâce à la participation de l’Université qui, en échange, collectera des informations relatives à ses travailleurs.

Accès à une équipe de recherche, à des questionnaires standardisés élaborés selon les meilleures pratiques, à des données longitudinales: l'étude de  l’OSMET est inestimable pour l’UdeM. «La conception de notre programme de santé et de mieux-être au travail va nous obliger à faire des choix. Toutefois, puisque les décisions seront prises à partir de données “réelles” recueillies chez nos propres employés, elles seront sans doute pertinentes et porteuses, précise Isabelle Dufour. C’est un joyeux coup d’accélérateur pour nous. Nous serons capables d’aller de l’avant plus rapidement, appuyés par une solide méthodologie de recherche.»

Plus de 3000 employés de l’UdeM sondés

Depuis le mois d’avril, le questionnaire de l’OSMET a été acheminé à un échantillonnage de plus de 3000 employés représentatif des différentes catégories d’emplois à l’Université. L’étude cherche à cibler les facteurs, autant dans le milieu de travail que dans les environnements familial et communautaire, ainsi que les caractéristiques individuelles qui influencent la santé et le mieux-être des salariés. On espère aussi faire la lumière sur les conditions de travail et les pratiques de gestion qui favorisent le maintien d’un état de santé physique et mentale favorable.

Un programme où tout reste à écrire

Les résultats de l’enquête seront connus au courant de l’automne, ce qui permettra de construire le futur programme et d’y allouer un budget. «Il m’apparaît prématuré de chiffrer des sommes qui pourraient être nécessaires avant d’avoir pris connaissance des résultats de l’étude. Nous devrons non seulement analyser les résultats avec l’OSMET, mais également discuter avec les différents syndicats qui représentent nos employés. Nous pourrons alors établir notre point de départ, définir les priorités et les échelonner dans le temps, puis déterminer ce qui peut être fait à l’interne avec les différentes ressources en place et ce que nous devons aller chercher comme expertise externe au besoin.»

La directrice générale des ressources humaines a confiance que, d’ici moins d’un an, une première proposition de programme pourra être soumise à la direction de l’Université. Accepte-t-elle alors de nous donner rendez-vous pour la suite de l’entrevue? «J’y compte bien!» s’exclame-t-elle en riant.

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