Marcel Dugas fait revivre Jackie Robinson

«Jackie Robinson: un été à Montréal», par Marcel Dugas (histoire 2000).

«Jackie Robinson: un été à Montréal», par Marcel Dugas (histoire 2000).

Crédit : Éditions Hurtubise, 2019, 256 pages.

En 5 secondes

Premier joueur noir dans une ligue de Blancs, Jackie Robinson a permis à son équipe de remporter un championnat de baseball, à Montréal, durant l’été 1946.

Depuis ses études en histoire à l’Université de Montréal, où il a obtenu son baccalauréat en 2000, Marcel Dugas a conservé un intérêt pour l’histoire des sports au Québec. Il nous explique pourquoi les exploits de Jackie Robinson à l’été 1946 méritaient d’être racontés.

Pourquoi consacrer un livre à Jackie Robinson?

Je suis un passionné d’histoire du sport et je déplore depuis longtemps les lacunes dans l’historiographie du baseball à Montréal avant 1969, année de naissance des Expos. On a beaucoup écrit sur cette équipe, mais très peu sur celle qui l’a précédée dans le cœur des Montréalais, les Royaux de Montréal, et son joueur étoile, Jackie Robinson. Je me suis lancé sur les traces de la saison de 1946, qui a été riche en rebondissements de toutes sortes. Robinson a joué à Montréal cette année-là, devenant le premier Afro-Américain dans le baseball blanc. Heureusement, la presse écrite du Québec était florissante à l’époque: il y avait des journaux, des hebdos, des périodiques. J’ai pu retrouver des centaines d’articles sur le sujet en consultant des microfilms.

Qui était Jackie Robinson?

Un athlète américain né en Géorgie en 1919 et mort en 1972. Il est passé à l’histoire pour avoir été le premier Noir à jouer dans les ligues majeures de baseball au 20siècle, à partir de 1947. Il est difficile aujourd’hui de comprendre à quel point cet évènement était important aux États-Unis, non seulement à l’échelle sportive, mais aussi sur les plans social et politique. La ségrégation raciale était généralisée, au point où seuls les Blancs pouvaient aspirer à des carrières sportives professionnelles peu importe le sport. Même les gradins étaient réservés à la population blanche, sauf des sections restreintes assignées aux colored people; et encore, pas dans tous les États! Et Montréal a soutenu inconditionnellement Jackie Robinson; il est pratiquement devenu un héros national en quelques mois. Au dernier jour du championnat, une foule s’est mise à le suivre au moment où il courait pour ne pas rater son avion. C’était la première fois, peut-être, qu’un Noir était poursuivi dans les rues d’une grande ville par des centaines de personnes désireuses non pas de le rouer de coups, mais de lui donner de l’amour. Les gens voulaient le toucher, le féliciter, lui serrer la main…

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans ce projet?

J’ai été renversé par l’importance historique de Jackie Robinson en matière de relations raciales et de droits civiques aux États-Unis. On n’imagine pas, de nos jours, un système aussi inéquitable et injuste envers une population comptant déjà 14 millions de personnes. Jackie Robinson a en quelque sorte fait tomber ce système raciste en forçant la porte du sport professionnel. Il serait inconcevable à présent de voir une équipe sans Noirs dans la Ligue américaine ou la Ligue nationale de baseball. Et j’ai aussi été impressionné par la prodigieuse résilience de Robinson. Ça a été tellement difficile pour lui! Dès le camp d’entraînement de la saison 1946, en Floride, alors qu’il tentait de se faire une place parmi les Royaux, il a failli être lynché. Et durant sa première saison, lorsqu’il se présentait au bâton, il était insulté, injurié. Avant le début de la saison, on l’avait averti que même les arbitres allaient être contre lui. Cela l’a conduit au bord de l’épuisement. Malgré l’avis de ses médecins, qui lui ont conseillé de prendre du repos, il a continué d’exceller dans les stades.

 

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