Lise Gauvin honorée par l’Académie française

Lise Gauvin

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Lise Gauvin reçoit la Médaille de vermeil du Grand Prix de la Francophonie de l’Académie française pour son apport exceptionnel à la langue française.

Lise Gauvin, professeure émérite du Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal, a reçu la Médaille de vermeil du Grand Prix de la Francophonie de l’Académie française, destinée à couronner «l’œuvre d’une personne physique francophone qui, dans son pays ou à l’échelle internationale, aura contribué de façon éminente au maintien et à l’illustration de la langue française».

Essayiste, nouvelliste, critique littéraire, membre de l’Académie des lettres du Québec ‒ dont elle fut la présidente en 2008 et 2009 ‒, de la Société royale du Canada, de l’Ordre des francophones d’Amérique et officière de l’Ordre national du Québec, Lise Gauvin a mené une brillante carrière dans l’enseignement. «Je remercie l’Université de Montréal, qui m’a soutenue tout au long de mon parcours», dit celle qui n’a jamais fini d’apprendre et qui est retournée au cours des dernières années sur les bancs d’école obtenir un baccalauréat en musique.

Diverses récompenses internationales lui ont été décernées, dont le Prix des Arcades de Bologne pour son recueil de nouvelles Fugitives en 1992 et, en 1999, le prix France-Québec pour L'écrivain francophone à la croisée des langues. En 2004, le PEN Club français lui accordait une mention spéciale du Grand Prix de la critique pour La fabrique de la langue. Cet ouvrage a d'ailleurs été choisi parmi les 100 meilleurs livres sur la langue.

Lise Gauvin a fait œuvre de pionnière dans le domaine des études littéraires francophones, qu’elle a contribué à fonder en définissant des concepts spécifiques. Parmi eux, celui de «surconscience linguistique» est devenu un concept clé pour comprendre la relation particulière que les écrivains francophones entretiennent avec la langue. Condamnés à penser leur propre langue dans un contexte de relations concurrentielles et parfois conflictuelles avec d’autres langues de proximité, ces auteurs francophones sont dotés d’une «conscience aigüe de la langue comme objet de réflexion, d’interrogation, d’enquête, mais aussi de transformation et de création».

Durant plus d’une vingtaine d’années, Lise Gauvin a été responsable de chroniques littéraires au Devoir qui ont fait connaître et rayonner des écrivains francophones du monde entier tels Patrick Chamoiseau, Édouard Glissant, Tahar Ben Jelloun, Ahmadou Kourouma, Alain Mabanckou ou encore Henri Lopes. Ces chroniques ont été réunies dans D’un monde l’autre: tracées des littératures francophones chez Mémoire d’encrier en 2013. Lise Gauvin a également dévoilé l’imaginaire d’auteurs francophones dans L'écrivain francophone à la croisée des langues (réédité en 2009) à travers une série d’entretiens avec entre autres Antonine Maillet, Assia Djebar et Rachid Mimouni.  

Nombreux sont ses autres ouvrages réflexifs sur la langue française et les écrivains francophones. Dans La fabrique de la langue: de François Rabelais à Réjean Ducharme (Seuil, 2004), elle fait exploser le clivage traditionnel entre les écrivains hexagonaux et les autres écrivains francophones en révélant leur continuité. Elle poursuit ses réflexions sur les conditions de l’écriture francophone dans Écrire, pour qui? L’écrivain francophone et ses publics (2007) et Le roman comme atelier: la scène de l'écriture dans les romans francophones contemporains (2019). Son sens remarquable de l’observation se trouve également dans ses recueils de nouvelles Fugitives (1992) ou Arrêts sur image (2003).

Le travail de Lise Gauvin a été salué par de nombreuses distinctions, dont le prix Georges-Émile-Lapalme, l’un des Prix du Québec, en 2018 en reconnaissance de sa contribution exceptionnelle à la qualité et au rayonnement de la langue française.

Lise Gauvin a été nommée cette année membre d’honneur de l’association Défense de la langue française. Elle tient à rappeler qu’«il y a seulement deux pour cent de locuteurs francophones en Amérique du Nord et que, même s’il y a eu de nombreux efforts au Québec depuis les années 60, rien n’est définitivement acquis pour la langue française et un devoir de vigilance s’impose». Particulièrement touchée d’avoir reçu la Médaille de vermeil de l’Académie française, elle espère que cette marque de reconnaissance permettra à ses travaux de voyager dans l’ensemble de la Francophonie.